A Mulhouse, foyer de coronavirus, on ne se bouscule pas aux urnes

A Mulhouse, foyer de coronavirus, on ne se bouscule pas aux urnes

A Mulhouse, métropole du Haut-Rhin au coeur de l'un des principaux foyers de coronavirus en France, le premier tour des élections municipales a...
Public Sénat

Par Julien SENGEL

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

A Mulhouse, métropole du Haut-Rhin au coeur de l'un des principaux foyers de coronavirus en France, le premier tour des élections municipales a bien lieu ce dimanche... mais les électeurs ne se pressent pas et sont paradoxalement plutôt âgés.

"Oui, bien sûr, je viens toujours voter, c'est tout à fait normal", lance Suzie Demarcq, 95 ans, comme si la question lui paraissait incongrue.

Appuyée sur sa canne, mains gantées et carte électorale de sortie, elle a été la première à se présenter dans l'un des deux bureaux de vote qui se côtoient à la mairie de Mulhouse.

Pour Christiane Bolin, 84 ans, "c'était normal de le faire, et puis je pense qu'en prenant des précautions, ce n'est pas un problème".

Juste après avoir voté, elle se frotte les mains avec le gel hydroalcoolique qui trône sur la table des assesseurs, à côté d'affiches invitant à donner la priorité aux plus de 70 ans.

Au sol, du ruban adhésif matérialise le fameux espace d'un mètre à respecter entre chaque personne.

"Là, il n'y a pas de souci parce qu’on prend des distances, il y a plus de problèmes ailleurs parce que les gens sont indisciplinés et n'obéissent pas aux consignes", observe Hélène Ritter, une aide-soignante à la retraite de 68 ans.

Dans ce bureau de vote, les cheveux sont plutôt grisonnants. "C'est paradoxal non ? Normalement c'est les personnes âgées qui devraient avoir peur", s'étonne Mélissa Lamboley, une Mulhousienne de 27 ans, parmi les rares jeunes venus accomplir leur devoir civique.

Malgré l'annonce samedi soir du passage de la France au stade 3 de l'épidémie de coronavirus, elle n'a "pas hésité". "On va pas s'arrêter de vivre non plus. S'ils ont maintenu les élections, c'est qu'on peut le faire", considère-t-elle.

- Vote électronique -

Mais tous les électeurs n'ont pas eu la même vision des choses en cette journée douce et ensoleillée. "Je n'ai jamais vu aussi peu de gens le matin qu'aujourd'hui", affirme un employé communal, présent à chaque scrutin depuis 25 ans.

Un bureau de vote à Mulhouse, au 1er tour des municipales le 15 mars 2020.
Un bureau de vote à Mulhouse, au 1er tour des municipales le 15 mars 2020.
AFP

Au premier tour des municipales de 2014, la ville de Mulhouse avait enregistré un taux de participation d'à peine 47%, déjà bien en deçà des 63% enregistrés au niveau national.

Cette fois, dans les deux bureaux de la mairie, il plafonnait à 14,3 % à midi contre 16,9% dans le Haut-Rhin et 18,38% au niveau national.

Mulhouse et son quartier de Bourtzwiller, à trois kilomètres de là, sont en effet un des principaux "clusters" de contamination par le coronavirus en France, depuis un rassemblement évangélique qui s'y est tenu fin février.

Ici, le vote est électronique. Au fond du bureau, les électeurs ne se glissent pas dans l'isoloir avec des bulletins en papier, mais derrière un écran avec le choix entre huit boutons : sept pour les listes en lice à Mulhouse et un pour le vote blanc.

Les 64 bureaux de la ville sont équipés de machines de vote électronique depuis le milieu des années 2000 comme dans quelques dizaines de communes en France.

"C'est plus rapide, plus simple, plus pratique, cela évite les erreurs", fait valoir une porte-parole de la mairie. Un avantage aussi en ces temps d'épidémie : inutile de recruter des volontaires pour le dépouillement. Le président du bureau a juste à glisser la carte mémoire de la machine dans l'ordinateur de la mairie.

- "Un peu des pestiférés" -

Mais qui dit vote électronique, dit boutons, et donc nettoyage obligatoire.

Nettoyage d'une machine de vote électronique dans un bureau de vote de Mulhouse, lors du 1er tour des municipales, le 15 mars 2020.
Nettoyage d'une machine de vote électronique dans un bureau de vote de Mulhouse, lors du 1er tour des municipales, le 15 mars 2020.
AFP

Entre deux votants, Marie Ghiringhelli, gantée de latex comme une partie des responsables du bureau de vote, arrive avec son chiffon imbibé d'un produit désinfectant qu'elle passe avec précaution sur toutes les touches et le petit écran.

"C'est fait pour rassurer les électeurs et contribuer à éviter la propagation de l'épidémie", explique cette volontaire, qui travaille au service de l'état civil à la mairie.

"Il faut qu'on reste tous solidaires, on est tous dans le même bateau. Les élections devaient se tenir coûte que coûte, donc c'était un peu normal, en étant de la maison (employée municipale, ndlr), de participer en renfort", estime-t-elle.

La femme de Franck Richard s'est également portée volontaire. Du coup, l'homme de 42 ans est venu voter avec Léonie, sa fille de 21 mois, dans les bras et son stylo derrière l'oreille.

"Quand on prend les mesures adéquates, il faut que la vie continue", considère celui qui regrette que, par les temps qui courent, les Mulhousiens deviennent "un peu des pestiférés".

Dans la même thématique

A Mulhouse, foyer de coronavirus, on ne se bouscule pas aux urnes
3min

Politique

« Il faut sortir du macronisme, parce qu’il a fait beaucoup de mal à la démocratie », affirme Julien Aubert

Michel Barnier comme Premier ministre doit être « un choix d’opposition, de cohabitation » pour Julien Aubert. Sur la situation politique actuelle, Julien Aubert s’affiche en opposition à la politique menée par le camp présidentiel : « Le message des urnes en juin dernier, au premier comme au deuxième tour, c’est ‘on ne veut plus du en même temps, on ne veut plus d’Emmanuel Macron, et on ne veut plus du bloc central’ Qu’est-ce que l’on entend depuis quelques semaines ? Une reconstitution du bloc central ». Pour le vice-président des Républicains, « il faut sortir du macronisme, parce qu’il a fait beaucoup de mal à la démocratie, le ‘en même temps’ a fait beaucoup de mal à la démocratie ». Pour cela, Michel Barnier est « un excellent choix », à condition qu’il soit considéré comme « un choix d’opposition, de cohabitation » précise le vice-président des Républicains. En ce qui concerne les ministres pouvant composer le futur gouvernement, Julien Aubert estime qu’ « il ne sera pas compréhensible pour les électeurs d’avoir un gouvernement de gauche et de macronistes, alors que pendant 7 ans les Républicains ont déclaré qu’ils étaient un parti d’opposition […] et qu’ils avaient un problème de nature avec le macronisme ». Hier matin, Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur a annoncé sa démission en diffusant sur X/Twitter sa lettre de démission adressée à Ursula von der Leyen. Dans ce courrier, l’ancien commissaire européen dénonce la gouvernance de la présidente de la Commission européenne : « Il y a quelques jours, dans la toute dernière ligne droite des négociations sur la composition du futur Collège, vous avez demandé à la France de retirer mon nom – pour des raisons personnelles qu’en aucun cas vous n’avez discutées directement avec moi – et proposé, en guise de compromis politique, un portefeuille prétendument plus influent pour la France au sein du futur Collège ». Pour Julien Aubert, le fait que « la présidente de la Commission européenne parvienne à forcer le choix d’un Etat fondateur de l’Union en lui faisant un chantage au portefeuille, cela montre bien que l’influence de la France s’est affaiblie ». Dans la foulée de cette démission, Emmanuel Macron a ainsi proposé Stéphane Séjourné pour remplacer Thierry Breton. Un choix que le vice-président des Républicains qualifie de « recasage ».

Le

Paris: Concertation Emmanuel Macron et Nouveau Front Populaire Elysee
10min

Politique

Gouvernement Barnier, destitution, retraites… Les hésitations de la gauche sur la stratégie à adopter

Le Nouveau Front Populaire (NFP) peine à porter une voix commune sur les prochaines échéances parlementaires, malgré la volonté partagée par l’ensemble des groupes de gauche de censurer le futur gouvernement de Michel Barnier. En outre, l’affrontement des derniers jours entre Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin interroge sur la place de LFI au sein de l’alliance.

Le

Paris: Designation Bureau Assemblee Nationale
5min

Politique

Destitution : la procédure lancée par LFI va-t-elle pour la première fois passer le filtre du Bureau de l’Assemblée nationale ?

Mardi, la recevabilité de la proposition de résolution, déposée par le groupe LFI visant à « engager la procédure de destitution » à l’encontre du chef l’Etat sera examinée par le Bureau de l’Assemblée nationale. Si jamais, le Bureau décidait pour la première fois de transmettre la procédure de résolution à la commission des lois, de nombreuses autres étapes resteraient à franchir afin que la destitution prévue à l’article 68 de la Constitution soit effective.

Le

Current affairs question session with the government – Politics
8min

Politique

Gouvernement Barnier : vers « une confrontation beaucoup plus frontale qu’avant » au Sénat

Avec le soutien de la droite à Michel Barnier, le groupe LR va se retrouver dans la majorité gouvernementale. De quoi tendre les débats face au « front des groupes de gauche » ? Patrick Kanner, à la tête des sénateurs PS, promet déjà une opposition musclée contre le « couple Barnier /Macron ». Il a demandé à ses troupes de « se préparer à une ambiance différente ». Mais pour le sénateur LR Max Brisson, « le Sénat restera le Sénat. Les clivages politiques ne sont pas du tout comparables à ce qu’ils sont à l’Assemblée ».

Le