Politique
Les vidéos issues des caméras-piétons des gendarmes lors de la manifestation de Sainte Soline, diffusées mercredi par Médiapart et Libération relancent le débat sur les violences policières. Une enquête administrative a été ouverte.
Le
Par Public Sénat
Temps de lecture :
6 min
Publié le
Mis à jour le
La première journée de la tournée africaine d’Emmanuel Macron avait commencé dans une certaine tension. La veille, des militaires français avaient été visés par un tir de grenade à Ouagadougou, la capitale du Burkina-Faso. Ce matin, alors qu’Emmanuel Macron s’entretenait avec son homologue burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, c’est un bus de la délégation française qui a été caillassé.
Quelques minutes après, Emmanuel Macron commençait son discours devant les étudiants. Très vite, l’atmosphère s’est détendue avec les premiers applaudissements. En citant l’ancien président assassiné en 1987, le président français a réussi à s’attirer la sympathie de son auditoire. « Cet avenir que vous osez inventer est une formule de Thomas Sankara à qui je souhaite rendre hommage. »
Dans son discours, le président français a cherché à se distinguer de ses prédécesseurs, en s’affirmant comme un dirigeant issu d’une nouvelle génération. « Je suis aussi d'une génération de Français pour qui l'Afrique n'est ni un encombrant passé, ni un voisin parmi d'autres », a-t-il expliqué, en déclinant cette phrase en anaphore.
Choisissant de s’adresser à un public jeune pour sa première tournée africaine, Emmanuel Macron a appelé à ouvrir une nouvelle page des relations avec le continent africain et la France, en dépassant les traces douloureuses du passé. « Les crimes de la colonisation européenne sont incontestables », a-t-il reconnu (vidéo de tête). « Notre responsabilité n'est pas de rester dans ce passé »
Dans cette nouvelle façon d’aborder ces relations entre deux continents, Emmanuel Macron sélectionne ses mots. Il parle de « nouveau partenariat » et propose « d’inventer une amitié pour agir ». « Je ne suis pas venu pour vous dire quelle est la politique africaine de la France, car il n’y a plus de politique africaine de la France », annonce-t-il en préambule. Un vœu qui n’a pas empêché le Président de décliner annonces et ambitions pour les États africains.
Sur le terrain de la lutte contre le djihadisme, Emmanuel Macron a rappelé que la France continuerait à être présente sur les terrains dans la région du Sahel, à travers la force Barkane. « Nous avons ce destin tragique en commun, nos deux pays ont été frappés, meurtris par le terrorisme », a considéré Emmanuel Macron, qui en a profité pour saluer la décision de François Hollande sur une intervention militaire au Mali. Interrogé par une étudiante sur l’envoi de troupes, Emmanuel Macron a demandé à la salle d’applaudir les militaires français engagés dans la région.
À la veille d’un sommet entre l’Union africaine et l’Union européenne à Abidjan (Côte d’Ivoire), Emmanuel Macron a annoncé qu’il proposerait une « une initiative euro-africaine » pour « frapper les organisations criminelles et les réseaux de passeurs ». Qualifiant les récents épisodes d’esclavage en Libye, Emmanuel Macron a également promis un « soutien massif à l'évacuation des personnes en danger ».
Emmanuel Macron a proposé de faire de l’éducation l’un des pivots des relations entre la France et l’Afrique. La France investira notamment dans la formation d’enseignants. Face à l’extrémisme religieux, le président français a appelé à « éradiquer le financement » des écoles nourrissant le terrorisme et au contraire, et au contraire, à développer les écoles qui « libèrent les esprits et non les enferment ». Une « priorité absolue », selon lui.
Emmanuel Macron est revenu sur ses propos tenus en marge du G20 en juillet dernier, sur la démographie africaine et qui avaient créé la polémique. Il avait alors parlé d’un défi « civilisationnel». Aujourd’hui, il a parlé « d’erreur » sur l’emploi de cet adjectif. « Avec 7, 8 ou 9 enfants par femme, êtes-vous sûrs que c'est le choix de cette jeune femme ? Je veux être sûr que partout en Afrique ce soit bien le choix pour cette jeune fille ou femme », a-t-il déclaré devant les étudiants de Ouagadougou. « La démographie peut être une chance, mais à condition que chaque jeune fille, chaque femme ait la possibilité de choisir son destin ».
« Je serai aux côtés des dirigeants africains qui feront le choix de la scolarisation obligatoire des jeunes filles », a insisté le chef de l’État français. La salle s’agite lorsque le président propose d’attribuer des bourses scolaires aux jeunes filles.
Le président français a également renouvelé sa promesse de porter d’ici la fin du quinquennat la part de l’aide au développement à 0,55% du PIB français. « C’est un engagement ferme, il est exigeant, il supposera des efforts », a-t-il assuré. Toutefois, le président a souligné la nécessité d’apporter des aides « au plus proche » des besoins « du terrain » et d’évaluer leur impact.
Emmanuel Macron a notamment encouragé les investisseurs français à devenir actionnaires de cliniques sur le continent africain et a aussi assuré que la France mettrait sur la table des « financements concrets » dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Des engagements économiques ont également été pris. « Je veux que l’Afrique soit une priorité de la diplomatie économique française, je veux que les entreprises investissent plus en Afrique », a réclamé Emmanuel Macron, tout se disant attaché à des comportements « exemplaires ». « La France n’investira plus pour que des grands groupes participent à des opérations de corruption organisée, et que la jeunesse n’en reçoive aucune retombée », a-t-il prévenu.
Le chef de l’État s’est aussi prononcé pour une plus grande mobilité professionnelle entre la France et l’Afrique, en parallèle d’un soutien aux entreprises innovantes locales et aux transformations agricoles.
Après un discours d’une heure 45, Emmanuel Macron s’est plié à une séance, musclée, de questions-réponses avec les étudiants. Une discussion à bâtons rompus qui a duré près d’une heure, dans une ambiance animée. Interrogé sur l’engagement militaire de la France, la place du franc CFA ou encore la démographie africaine, le président français a parfois eu des échanges francs et directs avec la salle. « Vous me parlez comme si j’étais toujours une puissance coloniale », répondra-t-il notamment à une étudiante.
Budget 2026, suspension de Shein : audition de Roland Lescure