À Reims, le RN tente de se retrouver, alors que Zemmour est sur toutes les lèvres

À Reims, le RN tente de se retrouver, alors que Zemmour est sur toutes les lèvres

Marine Le Pen tient ce samedi sa « convention présidentielle » à Reims, où sont attendus 3000 militants. L’occasion pour ceux-ci de se « retrouver » et de prendre des forces pour lancer la campagne, même si la candidature d’Éric Zemmour est sur toutes les lèvres, qu’elle énerve, qu’elle inquiète, ou qu’elle laisse indifférent des militants voulant simplement voir gagner le « camp national. »
Louis Mollier-Sabet

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Les cars défilent ce matin, devant le Parc des expositions de Reims. Après quelques heures de route, les militants descendent de leur car, et une timide marseillaise s’élève des rangs. Il fait beau en Champagne ce matin, mais les militants ne sont pas encore chauffés à blanc. « On verra après le meeting », « pas le matin » lâchent les militants à qui l’on demande de répondre à quelques questions, déclinant poliment l’invitation. Les rares qui acceptent de s’exprimer face caméra insistent souvent sur leur envie d’aller écouter directement Marine Le Pen, sans passer par les chaînes d’informations qui « découpent » et « déforment. » C’est le cas de Françoise, qui vient de Metz pour « se faire une idée objective » sur le projet de Marine Le Pen, sans être tributaire des « chaînes d’infos. » De même pour ce jeune militant venu d’Occitanie, qui vient « peaufiner ses idées », parce que « derrière les chaînes d’infos, tout n’est pas retransmis et retranscrit. »

« Ça fait toujours plaisir de se retrouver entre Français »

Ce lien direct, les militants ne le recherchent pas qu’avec leur « Marine », mais aussi entre eux. « C’est une forme de récompense d’être ici, tous ensemble, confie un jeune militant savoyard. Ça n’arrive pas souvent. » Effectivement, la crise sanitaire a mis la vie politique et partisane sous cloche depuis bientôt deux ans et pour certains, cette « convention présidentielle » de Reims est leur 1er meeting. C’est le cas de Sonia, qui se dit « contente d’être là avec mes militants du Nord. » Avant même les considérations politiques liées à la campagne présidentielle, ce meeting est d’abord un moment de « convivialité » pour de nombreux militants présents. Pour Pascal, membre du Front puis du Rassemblement national depuis 1986, c’est « l’occasion de retrouver des anciens », et puis « ça fait toujours plaisir de se retrouver entre Français. » Et oui, l’entre-soi militant est fait de moments de convivialité, de sociabilité – d’amitiés parfois – mais la politique n’est jamais loin. En particulier les frictions au sein du « camp national » liées à la candidature d’Éric Zemmour et aux ralliements que celui-ci a enregistrés récemment.

>> Lire aussi : Défections au RN : tectonique des plaques à l’extrême droite

« Du moment que la France a une petite chance de changer… »

« Éric comment ? Zemmour, c’est qui ça ? » Pascal peut bien feindre l’ignorance, mais la question est sur toutes les lèvres. Que les militants soient sensibles au discours du candidat de Reconquête ou pas, tous se positionnent spontanément par rapport à la concurrence qui fait désormais rage au sein de l’extrême droite française. Certains, comme Pascal, font d’Éric Zemmour une diversion et de Marine Le Pen le seul espoir de « vrai changement » : « Zemmour, c’est Bolloré qui le soutient, il est brutal. Seule Marine Le Pen peut rassembler les Français, c’est pour ça qu’elle a fondé le Rassemblement national que Zemmour copie. » D’autres assument clairement une hésitation, comme ce jeune militant d’Occitanie, adhérent à la fois du RN et de Reconquête : « Je viens récolter des infos et discuter du programme avec des élus pour pouvoir faire mon choix. »

Finalement, la majorité des militants subit et regrette cette « division du camp national » et notamment le cas Marion Maréchal. « Ah c’est triste ce qui leur arrive, Marion c’est la famille, ça a touché Marine, lâche ainsi Sonia. Après, c’est leurs histoires, on ne peut rien y faire. » Sonia « reste fidèle » à Marine Le Pen, mais au fond, « du moment que la France a une petite chance de changer… que ce soit Marine ou Zemmour. » Un refrain que l’on n’entend pas seulement dans l’enceinte du Parc des expositions de Reims, puisque déjà dans le taxi en arrivant de la gare, le chauffeur confiait : « J’espère juste que ce sera M. Zemmour ou Mme Le Pen qui gagnera, il faut que ça change. »

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