A Rungis, le “candidat du travail” Macron entre bienveillance et scepticisme

A Rungis, le “candidat du travail” Macron entre bienveillance et scepticisme

Venu à l'aube en "candidat du travail" dans l'immense marché francilien de Rungis, Emmanuel Macron a été reçu mardi avec...
Public Sénat

Par Marc PRÉEL

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Venu à l'aube en "candidat du travail" dans l'immense marché francilien de Rungis, Emmanuel Macron a été reçu mardi avec bienveillance, même s'il a dû affronter le scepticisme de ceux qui estiment "travailler pour les autres".

"Que le Seigneur fasse tout pour qu'il soit président de la République française!", s'exclame à son passage Ibrahima Diaby, un Ivoirien de 47 ans, dont 13 à découper de la viande dans ce "ventre de Paris".

"Je sais combien je paie ma taxe d'habitation, c'est très bien si on a un candidat qui la supprime pour nous, les pauvres", dit à l'AFP ce représentant du personnel, qui espère que la baisse des charges proposée par le candidat d'En Marche! fera que "les patrons pourront nous augmenter".

Et la hausse massive du Smic, comme le propose Jean-Luc Mélenchon? "C'est les vendeurs de rêve, ceux-là, il faut réaliser dans quel monde on vit!" juge Ibrahima. Et comme ce dernier ne peut pas voter en France, il vient de promettre à M. Macron qu'il lui trouverait... dix voix parmi ses collègues.

Pour sa fin de campagne, Emmanuel Macron, raillé par ses rivaux comme l'ex-banquier représentant des élites, a choisi de venir à Rungis trouver du soutien populaire auprès de cette France que Nicolas Sarkozy avait baptisée en 2007 celle "qui se lève tôt".

Le candidat de 39 ans n'a d'ailleurs pas manqué de lancer un très sarkozyen "travailler plus pour gagner davantage", face à une gauche "qui empêche de créer des emplois" et une droite du "travailler plus pour gagner moins".

"Dites-le à M. Fillon, faire ce boulot-là jusqu'à 65 ans, on va mourir!" lui dit un des employés de boucherie. Des poignées de mains avec le sourire... quelques "Macron président" retentissent dans les allées.

- 'On travaille pour les autres' -

Comme plusieurs petits patrons ce mardi, Jamel, 38 ans, interpelle le candidat sur le manque de vocation pour ces métiers durs, malgré des salaires qui, selon sa consoeur Nathalie, peuvent monter à "2.500 ou 3.000 euros net" par mois avec les primes de nuit.

"On n'a plus de main d'oeuvre, les jeunes ne veulent plus travailler, ils arrivent une fois, deux fois à 4 heures du matin et, après, ils ne reviennent plus", déplore Jamel, qui après avoir voté Fillon à la primaire, hésite désormais entre Hamon et Macron. Plusieurs sont encore indécis, comme Jean-Christophe qui aime bien le jeune candidat mais attend "les derniers tours de piste".

Aux fruits et légumes, Djilali, 62 ans, et Yahya, 46 ans, voient passer le candidat sans grand enthousiasme. Eux iront voter dimanche, mais pas pour Macron: "Avec lui, on ne sait pas trop".

"L'assistanat, c'est ça qui nous tue en France", pense Yahia, soupirant lui aussi sur ces jeunes qui ne veulent plus travailler "pour 1.200 euros net" en début de carrière.

"On travaille pour les autres" et "quinze heures par jour", poursuit Djilali, qui se dit "écrasé de charges". Les immigrés, "on leur donne un logement avant nous, le transport, le dentiste, le médecin, tout ça payé", juge ce sexagénaire lui-même originaire d'Afrique du Nord.

Dans la même thématique

A Rungis, le “candidat du travail” Macron entre bienveillance et scepticisme
3min

Politique

Revalorisation du barème de l’impôt : « On peut imaginer plusieurs scenarii », selon Claude Raynal

Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.

Le

Paris: Emmanuel Macron Receives President Of Guinea-Bissau Umaro Sissoco Embalo
4min

Politique

« Réguler les égos » : comment Emmanuel Macron conçoit son rôle dans son camp

Au moment où le chef de l’Etat s’apprête à nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a reçu ce mercredi à déjeuner les sénateurs Renaissance, à l’Elysée. Une rencontre prévue de longue date. L’occasion d’évoquer les collectivités, mais aussi les « 30 mois à venir » et les appétits pour 2027…

Le

A Rungis, le “candidat du travail” Macron entre bienveillance et scepticisme
4min

Politique

Gouvernement : « On ne peut pas simplement trépigner et attendre que le Président veuille démissionner », tacle Olivier Faure

Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.

Le