"Un mythomane de la pire espèce": à son procès pour blanchiment et corruption, Patrick Balkany s'est employé mercredi à torpiller le témoignage de son ancien allié Didier Schuller, à l'origine de l'enquête qui l'a conduit sur le banc des prévenus.
"M. Schuller est un mythomane de la pire espèce. Il n'a jamais participé à ma campagne (qui verra son élection en 1983 à la mairie de Levallois-Perret, commune huppée de l'ouest parisien, ndlr). Je ne lui ai jamais rien demandé. Je ne me suis jamais occupé des finances du RPR (ancêtre du parti de droite LR)", a déclaré Patrick Balkany à la barre.
Le président de la 32e chambre correctionnelle, Benjamin Blanchet, venait de lire les déclarations aux juges d'instruction de Didier Schuller, directeur de l'office HLM des Hauts-de-Seine (1986-1994), office dont Patrick Balkany était le président (1983-1998).
"J'ai payé ma dette, je constate aujourd'hui que le président de l'office des HLM de l'époque, M. Balkany, a été relaxé", déclarait aux magistrats M. Schuller, condamné pour trafic d'influence dans l'affaire dite des HLM des Hauts-de-Seine qui visait le financement occulte du RPR.
Après des années d'un loyal silence, l'ancien allié lâchait une bombe: "M. Balkany aurait à sa disposition un palais à Marrakech, une résidence de luxe à Saint-Martin et l'usufruit du Moulin de Giverny (Eure)".
Il ajoutait: "Je suis heureux de voir que ce que je pensais être du financement politique a pu profiter à d'autres fins et sans doute personnelles".
Patrick Balkany bouillonne de pouvoir répondre. "M. Schuller m'en veut parce qu'on ne lui a pas donné l'investiture pour les municipales de 2014 (BIEN: 2014) à Clichy. Il est venu me voir, je lui ai dit que ce n'était pas raisonnable. Il a été battu".
- "Tissu de mensonges éhontés" -
Didier Schuller n'a pas caché son amertume aux juges: oui, il en veut à Patrick Balkany qui ne lui "renvoie pas l'ascenseur" alors qu'il affirme avoir déposé pour lui, de 1987 à 1994, entre 7 et 10 millions de francs sur un compte en Suisse, des fonds "destinés au RPR des Hauts-de-Seine".
Patrick Balkany, qui fut un des fondateurs du RPR, nie avoir trempé de près ou de loin dans un quelconque financement politique occulte ou trafic d'influence et rappelle à plusieurs reprises avoir été relaxé dans le dossier des HLM.
"Depuis 36 ans que je suis maire, j'ai toujours refusé de recevoir des chefs d'entreprise, des promoteurs, de présider la commission des appels d'offres. Jamais! Jamais! Jamais!", répète l'ancien député.
Il regrette que "la justice ait accordé autant d'importance aux déclarations" de Didier Schuller qui a fui à Saint-Domingue quand éclate le scandale et qui fut un temps "l'homme le plus recherché de France".
Ce témoignage a effectivement conduit Patrick et Isabelle Balkany, maire et première adjointe de Levallois-Perret, au tribunal pour y répondre de "blanchiment à grande échelle" entre 2007 et 2014.
Accusés d'avoir dissimulé au fisc des revenus et un patrimoine "occultes" à hauteur "au minimum" de 13 millions d'euros, en particulier deux propriétés cachées derrière d'exotiques montages financiers, ils encourent jusqu'à dix ans de prison.
Patrick Balkany, 70 ans, est seul à la barre, à batailler contre le "tissu de mensonges éhontés" de son ancien bras droit. Son épouse Isabelle, 71 ans, "va mieux" selon son avocat mais est encore hospitalisée après une tentative de suicide début mai.