« Ce n’était plus le même » raconte François Hollande. Le 4 mars 2012, Vladimir Poutine revient à la tête du gouvernement russe après une élection au scrutin contesté. Déjà Président de 2000 à 2008, il fait son retour sur la scène internationale. « A ce moment-là, quand Medvedev doit céder la place à Poutine, une partie des élites pro occidentales, à Moscou et St Pétersbourg, se rebelle. C’est une forme de bourgeoisie, en partie créée par les années Poutine de boom économique et de relative stabilité, qui a envie que Medvedev reste et que Poutine ne revienne pas », explique Giuliano da Empoli. « Quand il revient, son discours a changé. Là, il estime qu’il a été un peu trahi par ses élites pro-occidentales » ajoute-t-il.
Poutine « est un animal politique de pouvoir pur et brutal » - Giuliano da Empoli
Reconstituer l’Union soviétique
François Hollande, au pouvoir au moment du retour de Poutine, dit avoir immédiatement compris les intentions du maître du Kremlin : « Il veut prendre sa revanche, c’est exactement ce que j’ai perçu dès la première rencontre. Un homme qui avait déjà eu la verticalité du pouvoir et qui cette fois allait l’utiliser non pas pour ouvrir son pays, pour le moderniser, pour partager la rente pétrolière au profit de ses proches, pas seulement. Là, il s’agissait de faire revenir la Russie, sans idéologie, reconstituer l’Union soviétique sans le communisme, mais avec les méthodes du stalinisme », analyse l’ancien président de la République.
« Je pense que Poutine en vérité n’est pas un idéologue, n’est pas un homme d’idée » - Giuliano da Empoli
Des méthodes qui s’illustrent à peine quelques jours après son élection en 2012, lors de la répression des manifestations anti-Poutine. « Je pense que Poutine en vérité n’est pas un idéologue, n’est pas un homme d’idée, c’est un animal politique de pouvoir pur et brutal. Son discours peut changer et évoluer » analyse l’auteur de l’ouvrage « Le Mage du Kremlin ».
Devenir la plus grande puissance mondiale
En juin 2012, François Hollande et Vladimir Poutine s’affrontent déjà sur la question syrienne. Le président français souhaite le départ de Bachar al-Assad, contrairement au chef du Kremlin qui se défend d’avoir des intérêts militaires en Syrie. « Beaucoup de ceux qui étaient à l’intérieur, je ne me mets pas dans cette catégorie, continuaient à regarder Poutine comme si c’était toujours le même. Non, ce n’était plus le même. Il avait une intention qui n’était plus simplement de se faire accepter par les grandes puissances du monde, c’était maintenant de devenir, avec la Chine avec laquelle il noue une alliance, la première puissance mondiale », déclare l’ancien président de la République.
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