Absentéisme scolaire : la droite sénatoriale vote pour la suspension des allocations familiales

Absentéisme scolaire : la droite sénatoriale vote pour la suspension des allocations familiales

La majorité sénatoriale a adopté, contre l’avis du gouvernement, la suspension des allocations en cas d’absence répétée et non justifiée d’un élève. La sénatrice PS Samia Ghali dénonce un « amendement dangereux ». Le gouvernement devrait revenir sur cette mesure à l’Assemblée.
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C’est une vieille marotte de la droite. Dans le cadre de l’examen au Sénat du projet de loi sur « l’école de la confiance », la majorité sénatoriale a adopté un amendement visant à suspendre les allocations familiales pour lutter contre l’absentéisme des élèves. L’amendement, déposé au nom du président du groupe LR, Bruno Retailleau, s’inspire directement de la loi Ciotti sur le sujet, supprimée par la gauche en 2013.

« L’amendement fait de la responsabilité des parents un élément clef » avec « un contrat de responsabilité parental » a souligné le sénateur LR Jacques Grosperrin, qui a défendu l’amendement. « La sanction se veut plus dissuasive que punitive » selon le sénateur LR du Doubs. Il souligne que « l’absentéisme est plus élevé dans les établissements socialement défavorisés ». Le rapporteur LR du texte, Max Brisson, en fait en ce sens « une mesure de justice sociale ». Un sous-amendement du sénateur UC du Val-de-Marne, Laurent Lafon, a été adopté et prévoit que la retenue sur les allocations « doit rester une possibilité et non une pratique systématique ».

Jean-Michel Blanquer estime « tout à fait recevable » l’idée de « responsabilité au travers d’un contrat »

L’amendement Retailleau a été adopté contre l’avis du ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, et ne devrait pas prospérer dans le cadre de la navette parlementaire. Il pourrait être supprimé lors du retour du texte devant l’Assemblée. A moins que les sénateurs acceptent de le retirer en commission mixte paritaire, mais rien n’est moins sûr.

Sur le fond, le ministre a cependant estimé « tout à fait recevable » l’idée de « responsabilité au travers d’un contrat ». Mais il souhaite aborder cette question « dans un contexte plus large, pas au travers de cette loi ». Il renvoie à « la réflexion sur les violences scolaires, qui aboutira à des mesures de responsabilisations entre les parents et l’école, pour avoir une application pour la rentrée prochaine. C’est dans ce cadre-là que nous aurons à réfléchir à ces enjeux de l’absentéisme ».

« Vous allez accentuer encore plus la fracture »

La gauche a fermement dénoncé la mesure. « C’est le serpent de mer qui revient. On a eu combien de fois ce débat dans l’hémicycle ? » demande le sénateur PS David Assouline. « Vous allez accentuer encore plus la fracture » lance sa collègue socialiste Samia Ghali, sénatrice des quartiers nord de Marseille. Elle ajoute :

« D’où je viens, beaucoup ont été élevés grâce aux allocations familiales. Et heureusement qu’elles étaient là. Elles ont permis à beaucoup d‘enfants de réussir et de devenir ce qu’ils sont aujourd’hui, d’avoir de vrais diplômes et sortir de la galère ».

Samia Ghali craint même que l’enfant concerné « ira chercher ailleurs, chez les dealers, à l’école de la rue, ce qu’on lui aura retiré ». Elle conclut : « Cet amendement est dangereux ». Regardez :

Samia Ghali : « D’où je viens, beaucoup ont été élevés grâce aux allocations familiales »
02:28

Le sénateur PCF Pierre Ouzoulias a rappelé « le dogme » des communistes : « Celui de l’universalité des allocations familiales ». Pour le socialiste Rachid Temal, « parler de justice sociale (comme l’a fait la droite, ndlr), franchement, les bras m’en tombent ». Quant à Françoise Cartron, sénatrice LREM (ex-PS), elle s’est aussi opposée à une mesure dont « les résultats sont loin d’être significatifs et dissuasifs ».

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