La ministre de la Justice Nicole Belloubet a estimé jeudi qu'il fallait "protéger les libertés de tous" et être "extrêmement vigilant" concernant un éventuel accès des élus aux fichiers des personnes signalées pour radicalisation islamiste.
"Il n'est pas impensable de travailler sur une procédure qui permettrait un accès peut-être indirect des maires à ces éléments-là. Mais cela doit être réfléchi, travaillé", a-t-elle déclaré à la presse en marge d'un colloque à Lille, organisé par la Région Hauts-de-France sur la prévention de la récidive et des radicalisations.
"Nous sommes dans un État de droit. Il faut évidemment protéger les libertés de tous et trouver des équilibres qui soient judicieux", a ajouté la garde des Sceaux. "Il faut donc être extrêmement vigilants dans les dispositifs que nous mettons en place (...) J'insiste sur le fait que nous devons protéger les libertés également".
La semaine dernière, le chef de l'Etat avait esquissé la possibilité pour les maires de savoir si un individu recensé dans le Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) habitait leur ville. Il faut que les préfets "échangent" avec les maires sur les personnes fichées, avait dit Emmanuel Macron.
Mme Belloubet s'était dite mercredi "pas favorable" à un "accès direct" des élus à ce fichier et avait confirmé qu'une réflexion, à laquelle elle était associée, allait "être lancée" et pourrait "aller vite".
Quelque 20.000 personnes figurent dans ce FSPRT qui regroupe à la fois des suspects judiciarisés ou incarcérés, que des personnes qui présentent des signes de radicalisation, sans avoir été mis en cause. On y trouve aussi bien un homme signalé par son employeur parce qu'il ne veut plus serrer la main des femmes, une mineure récemment convertie à l'islam radical ou un homme en lien avec le groupe Etat islamique se disant prêt à passer à l'acte.
Concernant la réinsertion, la ministre a qualifié "d'intéressant" le projet de maison de réinsertion judiciaire porté par Xavier Bertrand dans son agglomération de Saint-Quentin (Aisne), importée du Canada.
"Il s'agit d'une habitation où vivent une dizaine de personnes, qui ont donc un logement et qui peuvent dans ces conditions-là trouver une première réinsertion, pour pouvoir derrière se voir proposer formation et retour à l'emploi", a expliqué le président de la Région.