Dans quelques heures, le président américain dira si les États-Unis restent engagés dans l’accord de Paris sur le climat, adopté en décembre 2015 par 195 États. « C’est fort probable mais avec la personnalité de Trump on ne peut jamais dire que c’est acté », prévient André Gattolin, sénateur écologiste des Hauts-de-Seine.
Ronan Dantec, sénateur écologiste de la Loire-Atlantique, considère que, pour l’instant, « trois hypothèses différentes » sont envisageables : une sortie de l’accord, une renégociation, ou encore « rester mais ne pas tenir les engagements pris par Obama ». « Le retrait des EU serait fondamentalement une mauvaise nouvelle », poursuit-il. Plus encore, Donald Trump « prendrait la responsabilité de la mort de centaines de milliers de personnes ».
Au-delà des conséquences que cela pourrait avoir sur le plan environnemental - les États-Unis étant le deuxième pollueur mondial -, le désengagement des États-Unis pourrait impacter les relations internationales. Mais André Gattolin estime que cela pourrait avoir un « aspect positif ». « L’Union européenne, qui a la politique historiquement la plus volontariste dans le domaine environnemental, est, depuis 4/5ans, dans une position plus attentiste », analyse le sénateur. « Un recul américain pourrait donc inciter l’Europe à reprendre un rôle dynamique dans les accords et dans la mise en place de la transition énergétique. »
« Un axe Chine-Europe, facilité par le renforcement d’un axe entre la France et l’Allemagne »
Avec le retrait des Américains, l'Europe et la Chine reprendraient le flambeau », estime Anne Desyne, spécialiste des questions politiques et juridiques aux États-Unis et professeur à l’université de Paris Ouest Nanterre. Les États-Unis d’Obama et la Chine ont en effet joué un rôle moteur dans l’adoption de l’accord de Paris. Ce matin, le Premier ministre chinois Li Keqiang a assuré que « la Chine va continuer à mettre en œuvre les promesses faites lors de l’accord de Paris ». Une décision dont « s’est réjouie » » Angela Merkel. « Ce qui peut se dessiner c’est un axe Chine-Europe, facilité par le renforcement d’un axe entre la France et l’Allemagne », selon Ronan Dantec.
« Ce qui m’inquiète ça va être l’ampleur de la capacité de l’UE à se reposer en position très dynamique sur la question et de trouver d’autres alliés que la Chine », confie André Gattolin. Selon lui, ce serait plutôt Pékin qui, seul, prendrait le leadership dans l’hypothèse d’un désengagement américain. Il estime que l’Europe aurait tout intérêt à renforcer ses relations avec l’Inde pour « éviter de faire des concessions avec la Chine au prétexte qu’elle serait le seul grand partenaire qui s’engagerait dans la COP21 ». Un aspect qui est prévu dans le programme d’Emmanuel Macron, qui souhaite renforcer les relations et le partenariat avec New Delhi.
« Pour l’Europe et la France ça ne changera rien, au contraire »
Concernant la France à proprement parler, Anne Desyne, considère qu’un retrait des États-Unis aurait « peu de conséquences pour la France ». « Sur le plan climatique c’est grave, sur le plan mondial c’est grave, mais pour l’Europe et la France ça ne changera rien, au contraire. » Comme André Gattolin, elle estime que cela pourrait permettre une politique plus volontariste tant de la part de Paris que de celle de Bruxelles. » Anne Desyne considère toutefois que le désengagement américain n’est pas certain : « Trump est tellement imprévisible qu’il se pourrait qu’il ne retire pas les États-Unis de l’accord, sous la pression de certaines entreprises, ou encore des personnalités comme sa fille Ivanka Trump, le ministre des affaires étrangères Rex Tillerson et la quasi-totalité des entreprises américaines compris celles du secteur pétrolier ont compris que la lutte contre le climatique était une nécessité. »