Le sort de la réforme des retraites est désormais entre les mains de François Bayrou. Après une semaine de négociations, les socialistes continuent de réclamer le gel du décalage de l’âge légal de départ avant de s’engager sur un accord de non-censure du gouvernement, mais la droite refuse d’en entendre parler. Les discussions avec le PS et l’exécutif pourraient se poursuivre mardi.
Accusé d’agression sexuelle, Joxe dénonce de “fausses allégations”
Par Paul AUBRIAT et Guillaume DAUDIN
Publié le
Accusé par l'écrivaine Ariane Fornia d'agression sexuelle lors d'une soirée à l'opéra au printemps 2010, Pierre Joxe, 82 ans, a fermement récusé vendredi les allégations de la jeune femme, par ailleurs fille de l'ex-ministre sarkozyste Éric Besson.
"Ce battage invraisemblable me choque beaucoup et je confirme que les allégations me concernant sont fausses", assure l'ancien membre du Conseil constitutionnel, figure de la mitterrandie dans les années 80, dans un communiqué transmis à l'AFP.
Dans un post intitulé "#moiaussi: pour que la honte change de camp" publié jeudi sur son blog, Mme Fornia raconte plusieurs agressions sexuelles dont elle dit avoir été la victime, à treize ans puis à dix-neuf ans.
"La troisième agression, ou comment j'ai été agressée par un ancien ministre, n'est pas la +pire+, mais celle qui m'a intellectuellement le plus ébranlée", poursuit-elle.
Ariane Fornia affirme que cette agression a eu lieu l'un des soirs où elle avait coutume d'accompagner à l'opéra son père Éric Besson, alors ministre de l'Immigration, arrivé plus tard.
"Un vieux monsieur à l'air éminemment respectable s'assoit donc à ma droite. Son épouse est à sa droite à lui. J'insiste. Son épouse est là. La représentation commence. Et au bout de dix minutes, le vieux monsieur a sa main sur ma cuisse. Je me dis qu'il doit être très âgé, perturbé. Je le repousse gentiment. Il recommence. Rebelote. Une troisième fois", affirme-t-elle.
Elle poursuit: "Il commence à remonter ma jupe. Il glisse sa main à l'intérieur de ma cuisse, remonte vers mon entrejambe. J'enlève sa main plus fermement et je pousse un cri d'indignation étouffé, bouche fermée. Tout le monde me regarde. Il arrête. Dix minutes plus tard, il recommence. Je lui plante mes ongles dans la main. C’est un combat silencieux, grotesque, en plein Opéra Bastille" poursuit-elle.
Après avoir désigné sur son blog "un ancien ministre de Mitterrand, membre de plusieurs gouvernements, qui a occupé des fonctions régaliennes, qui est une grande figure de gauche, décoré de l’Ordre national du mérite et de plusieurs autres Ordres européens. Une statue vivante", Mme Fornia a affirmé à L'Express que son agresseur était Pierre Joxe.
"Je ne voulais pas qu'on commence à soupçonner tous les anciens ministres de François Mitterrand" justifie-t-elle.
- "Éviter l'amalgame" -
Vendredi, sur Twitter, Éric Besson a assuré que "(sa) fille disait vrai". "Et je la soutiens. Mais je ne m'exprimerai plus, sauf devant un juge", a ajouté l'ancien ministre.
La veille, il avait expliqué à L'Express qu'il avait été "fou de rage, absolument fou de rage". "J'ai envisagé d'aller attendre Joxe en bas de chez lui pour lui casser la gueule, et puis j'ai entendu les inquiétudes de ma fille, dans une situation qui était compliquée politiquement pour moi et dont elle souffrait. On s'est tu", racontait-il à l'hebdomadaire.
M. Joxe indique dans son communiqué "avoir d'abord pensé à une mauvaise plaisanterie" lorsqu'il a été contacté par des journalistes.
"Je m'exprimerai plus longuement à ce sujet et par écrit la semaine prochaine après avoir pris le temps d'analyser les tenants et aboutissants de cette affaire", ajoute-t-il dans sa déclaration à l'AFP.
A L'Express, il avait déclaré qu'il s'agissait sans doute d'un "mauvais canular": "J'aurais eu des gestes déplacés, moi ? Vous plaisantez, sans doute ?"
"Je suis abasourdi. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Moi j'ai découvert ça comme vous (…) c’est des trucs à dormir debout. Tout ça n’a aucun fondement", avait-il ajouté vendredi matin sur Europe 1.
Interrogé par France 2 sur cette accusation, le socialiste Michel Sapin a souligné qu'il ne savait pas "quelle est la vérité".
"L'omerta est insupportable. Que la parole des femmes qui se sont trouvées dans une situation parfois désagréable, parfois violente, se libère, c'est une très bonne chose. Que l'omerta soit levée, tout ça c'est une très bonne chose, il faut l'encourager, et en même temps (...) il faut éviter l'amalgame", a conclu l'ancien ministre des Finances, qui avait lui-même reconnu en mai 2016 des "paroles et un geste inapproprié" envers une journaliste.