ADP: Boris Vallaud, un des initiateurs du RIP, aux avant-postes d’un groupe PS exsangue
C'est l'un des initiateurs du projet de référendum sur la privatisation d'Aéroports de Paris qui pourrait passer mercredi le cap du million de...
Par Pierre ROCHICCIOLI
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C'est l'un des initiateurs du projet de référendum sur la privatisation d'Aéroports de Paris qui pourrait passer mercredi le cap du million de soutiens: Boris Vallaud, figure du petit groupe restant de députés PS, défend une "vraie politique de gauche", sans ménager ses anciens amis passés à la majorité.
L'idée du référendum est née dans des toilettes "non-genrées" du Palais Bourbon début 2019, se souvient amusé le porte-parole du groupe PS de l'Assemblée et du Parti socialiste: "Valérie Rabault (présidente du groupe), Marie-Christine Dalloz (LR) et moi évoquions" le débat en cours sur la privatisation d'ADP.
"Il faudrait un référendum", a lancé Mme Dalloz. "Un référendum d'initiative partagé (RIP)", ont suggéré les élus PS qui avaient déjà tenté d'initier cette procédure inédite pour rétablir fin 2018 l'impôt sur la fortune (ISF), sans y parvenir.
Cette fois sera la bonne. Quelque 250 parlementaires (bien plus du cinquième exigé par la Constitution) soutiennent l'opération. Pour être effectivement organisé, le RIP doit encore obtenir l'approbation de 10% du corps électoral soit 4,7 millions de personnes.
"Emmanuel Macron a fixé lui-même à un million la jauge du sérieux de l'affaire", rappelle Boris Vallaud, en référence à l'engagement pris après le grand débat national d'abaisser le nombre de soutiens exigés. "Quand ce cap sera franchi, il lui sera difficile de considérer qu'il ne s'agit que d'un coup politique".
"ADP est une entreprise d'intérêt national, un monopole, un aménageur au coeur du projet Ile-de-France", argue l'élu des Landes de 44 ans à l'allure de jeune homme sage, qui a oeuvré à l'Elysée sous François Hollande, voyant dans ce sujet l'un des marqueurs idéologiques qu'il affectionne.
- Placide mais acide -
Le Conseil constitutionnel a enregistré à la date de mercredi 822.000 soutiens au référendum d'initiative partagée (RIP) sur la privatisation d'Aéroports de Paris
AFP/Archives
Depuis son arrivée au Palais Bourbon dans un groupe sinistré, passé de 290 à une trentaine de membres en juin 2017, Boris Vallaud a voté contre la confiance à Edouard Philippe à deux reprises. Il a bataillé contre les réformes de la fonction publique, de l'assurance chômage, la ratification du traité de libre échange Ceta ou les mesures sur l'immigration, dénonçant "le strabisme dangereux" d'un président qui regarde "vers l'extrême droite".
Emmanuel Macron, de la même promotion que lui à l'ENA, est un "président populiste" à ses yeux. "Je me sens socialiste, de gauche, dans un moment grave où la République se consume par les deux bouts: RN et LREM", dit-il à l'AFP.
D'un naturel réservé, le mari de l'ancienne ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem, défaite elle aux législatives de 2017, a su fendre l'armure tout en préservant sa vie privée de père de deux enfants.
Né à Beyrouth, fils de l'historien Pierre Vallaud, il rêvait d'être cuisinier dans sa jeunesse. Une maîtrise de droit public, Sciences po où il rencontre son épouse et l'ENA: le voilà sur des rails d'une vie de haut fonctionnaire.
Mais sa rencontre avec deux éléphants du PS va tout changer: Arnaud Montebourg, qu'il suit au conseil général de Saône-et-Loire puis à Bercy, et Henri Emmanuelli, qui le pousse à se présenter dans son fief des Landes.
Appelé à l'Elysée en 2014 comme secrétaire général adjoint puis comme conseiller de François Hollande fin 2016, il dit avoir joué un rôle "de poil à gratter", mais retenant parfois ses "réserves et doutes".
Après le fiasco du PS à la présidentielle, il se lance aux législatives parce qu'il n'était pas question de "déserter", confiera son épouse.
"A mon arrivée dans l'hémicycle, j'ai vu plein de socialistes me tomber dans les bras et me suis dit: c'est moins pire que je croyais. Puis ils se sont assis dans les rangs d'En Marche avec Darmanin et Le Maire", se souvient encore, entre amertume et combativité, celui qui depuis est devenu l'un des artisans du projet socialiste en construction.
"Boris est aussi précis que précieux. C'est un pilier de la nouvelle direction", salue le premier secrétaire du PS Olivier Faure.
"Il est certes intelligent mais parfois un peu limite dans ses rapports avec la majorité. On sent un peu d'aigreur. Même quand il acquiesce en coulisses, il tape quand même comme un sourd", regrette un ex-socialiste passé à En Marche.
Le vote de la motion de censure n’a pas seulement fait tomber le gouvernement Barnier. Il empêche l’adoption de nombreux dispositifs, notamment toutes les mesures d’aides. Les agriculteurs et la Nouvelle Calédonie en font les frais, comme l’indexation de l’impôt sur le revenu. Il faudra attendre un nouveau budget, en début d’année, pour y remédier.
Dans le contexte du procès des assistants parlementaires du FN, Jordan Bardella se voit refuser la reconduction de François Paradol, son directeur de cabinet, comme assistant parlementaire local. « Le Parlement européen est devenu plus regardant sur les activités du RN », indique Olivier Costa, spécialiste de l’Union européenne.
Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.
Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.