Jean-Luc Mélenchon a repris la défense ce week-end du député LFI Adrien Quatennens, en retrait de la vie politique depuis qu’il a admis mi-septembre avoir « donné une gifle » à son épouse. Sur le plateau de France 3, le tribun a évoqué « le lynchage qui a été fait de lui », dénonçant notamment la « répétition de gifles politiques qui lui sont données du matin au soir dans tous les médias ». Un plaidoyer qui a suscité de vives réactions. « J’ai été profondément choquée par les propos de Jean-Luc Mélenchon, ce dimanche, qui dit que Monsieur Quatennens est victime de ‘gifles politiques’ », a bondi Marlène Schiappa, la secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative, ce lundi matin, sur le plateau de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat.
« Aujourd’hui, une femme victime de violences conjugales et membre de LFI, qu’est-ce qu’elle doit penser quand elle entend ça ? Quand elle entend la personne pour qui elle a voté à la présidentielle lui dire qu’en fait, c’est très difficile pour l’homme auteur de violences. Qu’est-ce qu’elle entend ? Elle entend : taisez-vous ! Elle entend qu’on n’a pas envie d’écouter les femmes », déplore celle qui était en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron.
« Je ne suis pas sûre qu’il rende service à Adrien Quatennens »
Toujours selon Jean-Luc Mélenchon, Adrien Quatennens « n’est pas un violent parce qu’il a été violent une fois, il y a de cela plus d’un an » et d’insister : « il n’a jamais recommencé cette violence ». « C’est honteux de dire ça ! J’ai de la peine pour les femmes victimes de violences quand j’entends ça. Il fait reculer la cause et je ne suis pas sûre qu’il rende service à Adrien Quatennens en s’exprimant sans cesse de cette manière. C’est triste aussi pour les féministes qui sont sincèrement engagées dans la Nupes », s’agace Marlène Schiappa. « LFI s’enfonce dans l’antiféminisme », ajoute notre invitée. « Oui, frapper sa femme c’est grave, non ce n’est pas une affaire personnelle. Là, on fait un recul de cinq ans, à une époque [avant le mouvement #MeToo, ndlr] où il n’y avait pas de consensus pour dire que frapper sa femme c’était grave. » Pour mémoire, Adrien Quatennens fait l’objet d’une plainte, déposée par sa femme le 26 septembre.
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Des cellules d’écoute « qui étouffent la parole des victimes ou instruisent des procès staliniens »
Fin septembre, la secrétaire d’Etat a pris en charge la cellule interne de « protection contre les violences sexistes et sexuelles » de Renaissance, le parti présidentiel. Une structure qu’elle présente d’abord comme une cellule de prévention, centrée sur la formation, l’accompagnement et l’accès aux droits « Nous voulons orienter vers des psychologues, vers des associations et surtout orienter vers la plainte », explique Marlène Schiappa. « La sanction [en interne] n’est pas exclusive d’une décision de justice. Je ne peux pas entendre aujourd’hui qu’on nous dise ; nous ne transmettons pas tel dossier parce que le parti s’est réuni et a décidé que telle personne était, soit coupable et devait partir, soit innocente et avait donc le droit de rester. Et la justice : circulez, il n’y a rien à voir… »
« L’image que chacun se fait d’une cellule d’écoute, c’est celle d’une cellule qui étouffe la parole des victimes ou instruit des procès staliniens, puisque ce sont les exemples que nous avons eus dans les partis de la Nupes », regrette encore Marlène Schiappa. « La justice se rend devant les tribunaux, je ne me prends pas pour un procureur. »