ADSL : Devant les sénateurs, Xavier Niel plaide pour « éteindre le plus rapidement possible le réseau cuivre »

ADSL : Devant les sénateurs, Xavier Niel plaide pour « éteindre le plus rapidement possible le réseau cuivre »

Auditionné, ce matin, au Sénat, par la commission des affaires économiques, Xavier Niel, fondateur et actionnaire majoritaire du groupe Iliad, est revenu sur l’actualité du secteur des télécoms.
Henri Clavier

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Les débats, parfois tendus, ont balayé une actualité très large, de la couverture réseau de l’ensemble du territoire à la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Parmi les sujets brûlants, le destin du réseau « cuivre ». Le réseau traditionnel, appelé cuivre, est le réseau historiquement utilisé par les opérateurs, notamment pour le réseau ADSL. Avec le passage à la fibre optique, le réseau ADSL doit progressivement être démantelé et disparaître à l’horizon 2030. Actuellement 57 % des accès se font par la fibre optique. Détenu, à l’origine par France Télécom dans le cadre de son monopole, le réseau cuivre est aujourd’hui la propriété d’Orange. Cette situation implique le paiement d’un tarif par les autres opérateurs pour pouvoir utiliser le réseau cuivre. Le prix de l’accès au réseau cuivre, pour les opérateurs alternatifs (Free, SFR, Bouygues), nommé tarif du dégroupage, est encadré par l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep).

« Rien ne justifie d’augmenter le tarif du dégroupage alors que le cuivre n’est pas arrêté »

En février 2023, Orange, après une décision de l’Arcep, a relevé le tarif du dégroupage, notamment pour compenser l’augmentation de l’ifer (une taxe spécifique aux entreprises de réseaux). Forcément, cette augmentation ne plaît pas aux concurrents, Xavier Niel en tête. D’autant plus que les hausses du tarif de dégroupage pourraient se répéter. Pour le fondateur d’Iliad, nous sommes « dans un contexte difficile pour les opérateurs avec l’inflation et l’augmentation des prix de l’énergie, on a besoin d’une stabilité du cadre concurrentiel ». « On pense que c’est critiquable, rien ne justifie d’augmenter le tarif du dégroupage alors que le cuivre n’est pas arrêté. Si Orange reçoit plus de recettes pour le cuivre, on ne motive pas Orange à s’en passer », s’agace Xavier Niel pour qui le réseau cuivre est obsolète.

En plus de ralentir le passage vers la fibre optique et le très haut débit, Orange tirerait un avantage concurrentiel du maintien du réseau cuivre et de l’ADSL. « Quand on augmente le prix du dégroupage, on donne une rente de situation à Orange et des parts de marché, on pense que c’est une erreur », juge Xavier Niel. La priorité, pour les concurrents d’Orange serait donc plutôt de précipiter la fin du réseau cuivre. « Collectivement, on doit avoir un but, qui est d’éteindre le plus rapidement possible ce réseau cuivre », affirme Xavier Niel. « Qu’est-ce qui nous empêche rapidement d’éteindre des grandes villes ? On a pratiqué des expérimentations dans des villes moyennes, dans des petites villes, ça marche très bien », continue le fondateur du groupe Iliad.

Pourtant 10 à 15 % des individus en zone fibre seraient absolument opposés à un abandon de l’ADSL, selon les propos de Xavier Niel. L’objectif est clair pour Free, il faut « déréguler le prix du cuivre pour rendre le cuivre non attractif et pousser les gens à basculer sur la fibre ». Pourtant, selon l’AFP, les pertes causées à Orange par son réseau cuivre étaient de 80 millions en 2021 et de 130 millions en 2022.

New deal mobile, assurer une couverture sur tout le territoire

Autre sujet majeur pour les sénateurs, fournir une couverture 4G et un réseau de qualité à l’ensemble du territoire national, le new deal mobile. Un chantier initié en 2019 et pris en charge par les opérateurs pour lutter contre la fracture numérique et faire disparaître les zones blanches et grises où la couverture internet est faible voire inexistante. Le sénateur de l’Union Centriste, Patrick Chaize a interpellé le fondateur d’Iliad pour demander si Free « allait pouvoir tenir son engagement » dans l’amélioration de la couverture réseau. Suffisant pour déclencher l’exaspération de Xavier Niel qui considère que « l’argent que l’on va mettre dans ces fréquences [et le réseau cuivre], on ne le remettra pas dans des endroits qui ont besoin de couverture de zone où il pourrait y avoir des couvertures mais encore une fois c’est un choix ». Une occasion rêvée pour rappeler les investissements effectués par Iliad : « Nous sommes une des sociétés, en France, qui investit le plus, nous investissons 25 % de notre chiffre d’affaires dans les infrastructures ».

« La dimension environnementale est devenue centrale pour les télécoms »

Ensuite interrogé sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, Xavier Niel a fait de la fin du réseau cuivre un enjeu environnemental. « On doit avoir pour but d’éteindre le plus rapidement possible ce réseau en cuivre, ne serait-ce que pour l’impact environnemental », affirme Xavier Niel. De manière générale, la stratégie d’investissement dans le réseau fixe et mobile permet de contribuer à « réduire notre empreinte environnementale » selon Xavier Niel. Le secteur du numérique, responsable de 2 % des émissions de gaz à effet de serre, doit d’ores et déjà contenir une empreinte carbone qui a vocation à croître.

Xavier Niel a voulu rassurer les sénateurs en martelant que la modération environnementale était essentielle pour Iliad. « Le fait d’avoir globalement des salariés jeunes pousse à intégrer la dimension environnementale. C’est quelque chose qui est devenu central pour les télécoms dans leur travail », précise Xavier Niel en détaillant comment les enjeux environnementaux sont pris en compte dans la fabrication des nouveaux produits.

 

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