Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.
Affaire Benalla : dans les coulisses de la commission d’enquête du Sénat
Par Quentin Calmet
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C’est un feuilleton qui a passionné de nombreux Français devant leur écran cet été. Et même plusieurs mois plus tard, les images d’Alexandre Benalla filmé le 1er mai continuent de choquer les sénateurs membres de la commission d’enquête. «Quand je vois ces images, je suis choquée par la violence qui s’en dégage.» explique Marie-Pierre de la Gontrie, sénatrice de Paris. «Qu’est-ce qu’un conseiller de la présidence de la République vient foutre en première ligne dans une manifestation au milieu des CRS ?» lâche François Grosdidier, également membre de la commission d’enquête sénatoriale sur l’affaire Benalla.
C’est donc quelques jours après la diffusion de ces images et l’identification par «Le Monde» d’Alexandre Benalla que les sénateurs s’emparent de l’affaire. Depuis le 24 juillet, date de création de cette commission d’enquête, les équipes de Public Sénat ont pu suivre les sénateurs dans les coulisses de leurs travaux. Auditionnant les syndicats de policiers puis tous les plus hauts responsables de la sécurité intérieure, du ministère de l’Intérieur ou encore de l’Elysée, les sénateurs veulent comprendre qui est véritablement Alexandre Benalla et quel est son rôle à l’Elysée.
Au total, 29 auditions ont eu lieu au Sénat entre juillet et septembre donnant lieu à plus de cinquante heures d’échanges. Parmi les premiers auditionnés, Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur.
En récoltant à la fois les réactions des sénateurs au fil des auditions et plusieurs semaines plus tard, le reportage dresse un premier constat sur les incohérences pointées par les témoignages autour de l’affaire Benalla. Premier enseignement, beaucoup de hauts fonctionnaires au sein de la police et de la gendarmerie refusent d’endosser les responsabilités de la présence d’Alexandre Benalla place de la Contrescarpe le 1er mai. Beaucoup renvoient à l’Elysée la gestion de toute l’affaire. «On a très vite senti que cette affaire était une patate chaude» explique Marie-Pierre de la Gontrie. «Au bout de quelques auditions, je me souviens d’être repassée en séance et d’avoir dit à certains de mes collègues : ‘OK, personne n’a l’intention de payer pour le voisin’» se remémore la sénatrice.
Le soir de l’audition de Gérard Collomb, un événement fait monter la pression autour des travaux de la commission d’enquête. Après plusieurs jours de silence, Emmanuel Macron s’explique lors d’un huis clos avec sa majorité sur l’affaire Benalla.
Toutes ces déclarations du président de la République participent à attiser la curiosité autour des travaux de la commission. Une tension palpable à nouveau à la rentrée lorsque les sénateurs décident d’auditionner Alexandre Benalla lui-même. Avec cette convocation de l’ancien chargé de mission à l’Elysée, l’exécutif s’active pour dénoncer l’atteinte à la séparation des pouvoirs entre l’enquête parlementaire et l’enquête judiciaire.
Le rapport final de la commission ne sera connu que dans plusieurs semaines. Mais déjà plusieurs enseignements ressortent des auditions des sénateurs. Sur le rôle d’Alexandre Benalla, sur son permis de port d’armes ou encore sur la sanction infligée après les événements du 1er mai, sur tous ces sujets, des zones d’ombre demeurent.
Autre enseignement pour les sénateurs, le Sénat a pu jouer son rôle de contre-pouvoir. Selon Marie-Pierre de la Gontrie, l’affaire a révélé «un sentiment d’impunité de l’Elysée. (...) S’il faut espérer quelque chose de positif de tout cela, c’est une prise de conscience que l’Elysée fait partie du monde institutionnel et que les règles doivent y exister et être respectées.»
« Sénat en Action / Affaire Benalla : l’enquête du Sénat », un reportage de la rédaction de Public Sénat de 28 minutes diffusé mardi 30 octobre à 23h00, jeudi 1er novembre à 8h30, vendredi 2 novembre à 17h30, samedi 3 novembre à 19h, dimanche 4 novembre à 15h00.