Avant la commission mixte paritaire sur le budget, les oppositions formulent leurs réserves sur le texte issu du Sénat. Sur le plateau de Parlement Hebdo, l'écologiste Guillaume Gontard dénonce un budget « totalement austéritaire », le député RN, Gaëtan Dussausaye, évoque un « budget de punition sociale ». Néanmoins, le fond des critiques et la position à adopter en cas de recours au 49-3 divergent.
Affaire Benalla : des zones d’ombre sur son rôle dans la réorganisation de la sécurité de l’Élysée
Par Public Sénat
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Pour ceux qui ont suivi les auditions de la commission d’enquête sénatoriale sur l’affaire Benalla, le titre de l’article du journal Le Monde a de quoi interpeller : « Quand Alexandre Benalla réorganisait la sécurité de l’Élysée ». En préambule, la journaliste Ariane Chemin rappelle les propos tenus par Alexandre Benalla lors de sa première garde à vue en juillet 2018, où ce dernier expliquait aux enquêteurs avoir été « chargé de la coordination des services de sécurité au sein du palais », mais aussi de « la mise en place de la réforme du GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République) décidée par M. Macron sur (s)a proposition ». Documents à l’appui, l’article démontre qu’Alexandre Benalla semble avoir été plus que partie prenante à la mise en place de ce projet de réorganisation des services en charge de la sécurité du chef de l’État. Par ailleurs, lors de la perquisition de son bureau à l’Élysée, les enquêteurs ont trouvé un dossier de candidature à la médaille d’argent de la jeunesse, des sports et de l’engagement associatif, au titre de son rôle dans la « relance de l’ASC (Association sportive et culturelle) du GSPR », dont il expliquait être à la fois « accompagnateur », « membre » et « animateur ».
« M. Benalla ne dirigeait pas le GSPR, ne dirigeait pas le commandement militaire, ne dirigeait pas la sécurité »
Une version en totale contradiction avec les déclarations tenues sous serment par plusieurs collaborateurs de l’Élysée devant la commission d’enquête sénatoriale l’été dernier. Le premier concerné, le patron du GSPR, le général Lavergne, tient d’abord à préciser « qu’il ne s’agit pas simplement un projet de transformation des services de sécurité de l’Élysée mais d’un projet plus global de transformation des services de la présidence ». « Cette réflexion est pilotée par le général Bio-Farina (commandant militaire de l'Élysée NDLR). Et j’en suis le copilote. Autant M. Benalla ne dirigeait pas le GSPR, ne dirigeait pas le commandement militaire, ne dirigeait pas la sécurité… Autant, contrairement à ce qu’on n’a pu dire, il y a une dizaine de jours, il ne pilotait pas cette réforme-là » assurait-il soulignant qu’Alexandre Benalla avait simplement participé à des groupes de travail. « Il fallait préparer les personnels et les faire adhérer à ce changement » justifiait-il, lors de son audition le 30 juillet dernier. (voir la vidéo à partir de 56 minutes)
Le 12 septembre, devant les sénateurs, François-Xavier Lauch, chef de cabinet d’Emmanuel Macron, confirme la version du général Lavergne. « Je ne peux pas imaginer qu’on puisse penser que deux généraux (Éric Bio-Farina et Lionel Lavergne) laissent un chargé de mission comme M. Benalla rentrer dans leur organisation interne et commander à leur place. Ce n’est absolument pas le cas ». (voir la vidéo à partir de 18 minutes)
« Il avait l’approche humaine de ce que souhaitait le Président pour sa sécurité »
« Sa position ne lui conférait absolument pas la possibilité de donner des ordres » complète, le même jour, le général Bio-Farina devant la commission d’enquête. Toutefois, dans la suite de ses propos, le général Bio-Farina laisse entendre que les fonctions passées d’Alexandre Benalla présentaient un intérêt non dénué d’importance dans ces réunions de réorganisation des services de sécurité. « Par ailleurs, Alexandre Benalla s’était occupé de la sécurité d’Emmanuel Macron lorsqu’il était candidat. Et donc, il avait l’approche humaine de ce que souhaitait le Président pour sa sécurité (…) En France, on ne peut pas imposer totalement un carcan de sécurité au président de la République ».
Un projet classé secret-défense
« J’ai participé à un certain nombre de groupes de travail qui portaient sur le budget, etc… Et je ne rentrerais pas dans les détails pour une raison évidente : c’est que ce projet est classifié secret-défense » avait expliqué Alexandre Benalla lors de sa première audition devant la commission d’enquête en septembre. Mais lui aussi prend soin de s’exclure de tout pouvoir hiérarchique dans les travaux de réorganisation des services de sécurité. « La sécurité à l’Élysée est placée sous l’autorité du directeur de cabinet et de seulement lui. C’est-à-dire que le général Bio-Farina et le général Lavergne ne répondent à l’autorité administrative que du directeur de cabinet du Président. C’est le seul qui est habilité à leur donner des ordres ». (voir la vidéo à partir d'1H12)
« Ma première responsabilité est la sécurité du Président de la République. C’est vraiment un sujet que je surveille comme le lait sur le feu » confirmait aux sénateurs le 25 juillet le directeur de cabinet du président de la République, Patrick Strzoda. Et concernant la mise en place de la réforme des services de sécurité, Patrick Strzoda précise que ce projet avait pour but d’opérer davantage de convergences opérationnelles » pour faire des économies. « C’est d’ailleurs ce que nous demande la Cour de Comptes ». La nouvelle direction de la sécurité aura à sa tête « un officier de gendarmerie » ou « un haut fonctionnaire de la police nationale » assurait-il. (voir la vidéo à partir d'1H55)
« Il n’était pas pressenti pour occuper un poste de responsabilités concernant ce service »
Enfin, le 26 juillet, le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler ne laissait pas de place aux doutes quant au rôle d’Alexandre Benalla dans cette mutualisation des services de sécurité. « Alexandre Benalla n’appartenait ni au commandement militaire, ni au GSPR. Il n’avait pas de responsabilités les concernant. Il n’était pas pressenti pour occuper un poste de responsabilités concernant ce service comme j’ai pu le lire ici ou là ». (voir la vidéo à partir de 32 minutes)
Jeudi, le bureau du Sénat a décidé de transmettre au parquet les déclarations sous serment d’Alexis Kohler et du général Lionel Lavergne. Les déclarations de Patrick Strzoda ont été transmises à la justice « pour suspicion de faux témoignage ».