Affaire Benalla : différentes justifications sur le port d’arme
Les nouvelles auditions devant la commission d’enquête du Sénat le mercredi 19 septembre n’ont pas levé les contradictions autour du permis de port d’arme dont avait bénéficié à l’Élysée l’ancien chargé de mission.

Affaire Benalla : différentes justifications sur le port d’arme

Les nouvelles auditions devant la commission d’enquête du Sénat le mercredi 19 septembre n’ont pas levé les contradictions autour du permis de port d’arme dont avait bénéficié à l’Élysée l’ancien chargé de mission.
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Dans l’enquête des sénateurs de la commission des Lois, la délivrance d’un permis de port d’arme à Alexandre Benalla représente un nœud gordien. Pourquoi cet ancien chargé de mission à la chefferie de cabinet de la présidence de la République, dont les missions se résumaient principalement, selon lui, à la coordination de services et l’organisation des déplacements publics et privés du chef de l’État, a-t-il obtenu une telle autorisation préfectorale ?

« Ce n’était pas courant qu’il y est un collaborateur de la présidence qui fasse ce type de demande », a déclaré Yann Drouet, lors de son audition le 19 septembre. C’est sous la direction de ce haut fonctionnaire, chef de cabinet du préfet de police de Paris à l’époque des faits, qu’a été signé l’arrêté délivrant ce permis de port en octobre 2017

« C’est dans le cadre de ses missions »

 Pour le haut fonctionnaire, la délivrance de ce permis était motivée sur la base de l’article R312-24 du Code de la sécurité intérieure :

«Pour être très clair, ce n’est pas pour sa sécurité personnelle que le port d’arme lui a été octroyé. C’est dans le cadre de ses missions, de sa fonction, donc de la mission qu’on a considérée comme étant une mission de police, de coordination, et du fait qu’il est dans le cadre de ses fonctions – donc ce n’est pas à titre personnel – manifestement exposé à des risques d’agression. »

Auditionné ce même 19 septembre 2018, Alexandre Benalla fait état des mêmes risques qui pesaient sur sa fonction, mais il a également invoqué d’autres raisons. Il a d'abord souligné son « exposition » durant la campagne présidentielle, et surtout, a fait état « d’autres menaces », sans donner de détails.

L’ancien chargé de mission a aussi souligné qu’il n’a pas bénéficié à son arrivée à l’Élysée d’un appartement au palais de l’Alma, le « 11 quai Branly » qui héberge les collaborateurs de la présidence. En conséquence de quoi, l’ancien chargé de mission n’a pas bénéficié d’un accompagnement – et donc de la protection – des gendarmes lors de ses déplacements entre son domicile et son lieu de travail.

Un permis jugé « utile »

Interrogé par les sénateurs, le cabinet de la présidence a aussi mis en avant une autre utilité. Dans le cadre des déplacements privés du président de la République, le directeur de cabinet, Patrick Strzoda, avait estimé qu’il pouvait être « utile » qu’un collaborateur de la présidence dispose d’un permis de port d’arme :

« J’ai considéré, là aussi, dans ma responsabilité, de directeur de cabinet en charge de la sécurité du chef de l’État qu’il pouvait être utile dans ces circonstances de déplacements privés qu’il y ait dans l’entourage du président de la République une personne qui ait un port d’arme mais qui est habilitée à l’avoir qui a la formation pour l’avoir. »

Un discours similaire a été donné par le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler. Il avait déclaré, qu’en plus des agents du GSPR (groupe de sécurité de la présidence de la République) qui assurent la sécurité du Président à l’extérieur, « il a été jugé qu’il pouvait être utile que d’autres puissent apporter leur concours. »

Une prise de position en totale contradiction avec les propos sous serment d’Alexandre Benalla, qui a assuré n’avoir « jamais été ni policier, ni garde du corps du président de la République ».

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