Au lendemain de l'intervention controversée d'Alexandre Benalla au journal de 20H00 de TF1, les composantes de la majorité ont dénoncé samedi à l'unisson une "instrumentalisation politique" de l'affaire par l'opposition, invitant à "passer à autre chose".
"Il y a eu une instrumentalisation politique. Ceux qui exerçaient le monopole du pouvoir depuis des décennies essayent de déstabiliser le nouveau président", avance ainsi le président du MoDem, François Bayrou, dans une interview au Monde où il récuse toute "affaire d'Etat" et fustige "l'ère du soupçon universel".
Dans sa défense d'Emmanuel Macron, l'ancien ministre de la Justice glisse cependant quelques coups de griffe, trouvant "inutilement western" la formule présidentielle "qu'ils viennent me chercher" ou "l'organisation de la majorité présidentielle pas encore aboutie" entre LREM et MoDem. Et il appelle à reprendre sur "des bases nouvelles" la réforme institutionnelle.
Dans les acteurs de la riposte, le président du groupe LREM à l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, a tweeté que "celles et ceux qui ont cru surfer sur +une tempête dans un verre d’eau+ ont échoué. Sur le terrain, tout le monde a compris la lamentable tentative de récupération politique de la faute professionnelle d’un homme".
Le président Emmanuel Macron rencontre des touristes français à Lisbonne au Portugal, le 27 juillet 2018
AFP
Et de relayer, comme d'autres, un sondage favorable à l'exécutif. Selon ce sondage Harris Interactive réalisé de mardi à jeudi et publié samedi, la cote de confiance d'Emmanuel Macron et d'Edouard Philippe progresse légèrement (+2) en juillet, après deux mois de forte baisse.
Même son de cloche chez Gabriel Attal, porte-parole de LREM, pour qui les oppositions se sont "abîmées dans cette séquence".
"L'instrumentalisation politique et le blocage du processus législatif leur coûtera en termes d'image. Pendant toute cette séquence, le monde ne s'est pas arrêté de tourner, seuls les députés de l'opposition ont décidé de faire grève", a déclaré au Point ce député des Hauts-de-Seine.
- "Passer à autre chose" -
"Il n'y a pas ce scandale d'Etat que les oppositions appelaient de leurs vœux, alors ils essayent autrement de continuer cette mascarade politique", a abondé sur BFMTV une autre porte-parole de LREM, Laetitia Avia.
Capture d'écran réalisée le 27 juillet 2018 de l'interview d'Alexandre Benalla enregistrée et diffusée au 20H00 de TF1
TF1/AFP
Membre de la commission d'enquête de l'Assemblée et avocate, elle a jugé "pertinente et importante" l'interview, enregistrée, de M. Benalla sur TF1. "C'était important pour Alexandre Benalla (...) qu'il puisse s'exprimer auprès des Français (…) exposer sa version des faits. Il reconnaît les faits, qui sont graves, des violences qu'il qualifie d'actes vigoureux, vis-à-vis de ces manifestants" mais "il y a eu beaucoup de contre-vérités".
L'image renvoyée par l'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron était "très loin" de la description "par l'opposition" d'une quasi "petite frappe", selon l'une des porte-parole des députés LREM, Aurore Bergé.
Le député LFI Eric Coquerel a, lui, épinglé un "discours appris par coeur" d'Alexandre Benalla que "les images le contredisent" sur les vidéos du 1er mai, dont la nouvelle au jardin des Plantes.
Pour la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa, interrogée par BFM, il est temps de "rapidement passer à autre chose, parce qu'accessoirement le gouvernement a énormément de travail".
L'affaire Benalla devrait cependant continuer à occuper les travaux du Parlement la semaine prochaine, avec l'examen des motions de censure de droite et de gauche à l'Assemblée mardi, et la poursuite des travaux de la commission d'enquête du Sénat, qui entendra notamment Christophe Castaner, délégué général de LREM.
C’était au tour du Rassemblement national cet après-midi d’être entendu par Sébastien Lecornu. A la fin du mois de juillet, Marine Le Pen avait tenu à rappeler les grandes lignes budgétaires du parti, dans une lettre adressée au Premier ministre sortant, François Bayrou.
Reçus ce mardi par le Premier ministre Sébastien Lecornu, les dirigeants du Rassemblement national (RN) ont insisté sur la nécessité d’une « rupture » claire avec la politique menée par Emmanuel Macron depuis 2017.
Un sondage Ifop, commandé par le PS, montre que la taxe Zucman sur les ultrariches est soutenue jusque dans les rangs des sympathisants LR, à 89 %, et Renaissance, à 92 %. Une victoire idéologique pour la gauche, plus habituée aux défaites ces dernières années ? « Ce sondage montre que les efforts doivent être mieux répartis », selon Frédéric Dabi de l’Ifop, et reflète surtout « un malaise dans le pays ».
Dans l’expectative en attendant la fin des consultations de Sébastien Lecornu, Les Républicains voudraient prolonger leur bail au gouvernement et ont posé leurs conditions. Des conditions pour la plupart antinomiques avec celles des socialistes actuellement au centre de l’attention du Premier ministre. De quoi apporter de l’eau au moulin de Laurent Wauquiez qui entend toujours être l’incarnation de la « rupture » avec le pouvoir macroniste.