Affaire Benalla : « Le rôle de la justice et celui du Parlement sont différents, mais complémentaires », estime Philippe Bas
Alors que l’ancien collaborateur de l’Elysée est renvoyé en correctionnelle, les membres de la commission d’enquête du Sénat reviennent sur le rôle clé de la Haute chambre dans la mise en évidence de dysfonctionnements au sein de l’Etat.
Retour sur l’affaire Benalla. Plus de deux ans après les révélations suite aux images dévoilées place de la Contrescarpe, l’ancien chargé de mission à l’Elysée a été renvoyé en correctionnelle, lundi 25 janvier, pour « usage public et sans droit de documents justifiant d’une qualité professionnelle » s’agissant de l’utilisation de deux passeports diplomatiques et « faux et usage de faux » s’agissant du passeport de service. Le parquet de Paris avait demandé la tenue d’un procès en correctionnelle en septembre dernier. Il s’agit du premier renvoi en procès de l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron, dont le nom a émergé avec le scandale des violences commises lors d’une manifestation le 1er mai 2018 à Paris. Au-delà de l’affaire des passeports, il est visé par cinq autres enquêtes judiciaires.
Philippe Bas, qui a présidé la commission d’enquête sur l’affaire Benalla, dont le rapport pointait de nombreux ratés, revient sur le rôle du Sénat dans cette affaire. « Nous avons mis à jour un certain nombre de dysfonctionnements de l’Etat, pour la sécurité présidentielle mais aussi pour le fait que M. Benalla ait pu disposer de passeports diplomatiques, sans qu’ils lui soient retirés », analyse-t-il. « C’est notre travail qui a mis à jour la vérité et a permis à la justice de se saisir de l’affaire ». « Nos travaux ont été utiles », renchérit la sénatrice Muriel Jourda. « La preuve en est que la présidence de la République a refondu son système de sécurité, ce qui démontre que nous avons bien mis le doigt sur des difficultés ».
« Nous avons fait notre travail pour rechercher la vérité »
« S’il n’y avait pas eu le Sénat et notre commission d’enquête, on n’aurait jamais su ce qui s’est passé, alors que ce sont des faits extrêmement graves », assure Jean-Pierre Sueur, co-rapporteur de la commission d’enquête sur l’affaire Benalla. « Nous l’avons dit dans notre rapport, il y a la question des passeports et bien d’autres sujets, depuis un coffre dont on ne sait pas comment il s’est déplacé, jusqu’à des téléphones portables, des rapports avec des hiérarques russes. Nous avons fait notre travail pour rechercher la vérité et nous avons transmis le rapport à la justice et c’est elle qui aujourd’hui fait son travail. »
Muriel Jourda précise également le rôle d’éclaireur du Sénat dans cette affaire, qui a permis de mettre à jour des dysfonctionnements du système avant de transmettre le dossier à la justice. « Nous n’avons pas à juger de la façon dont la justice s’en empare », assure-t-elle. « Nous avons fait notre obligation, que pensant qu’un certain nombre de faits méritaient une étude de la justice le président Bas avait adressé un courrier au Bureau du sénat pour qu’il puisse décider de saisir la justice. Chacun est donc dans son rôle, mais nous avons eu notre utilité. » « Le rôle de la justice et celui du Parlement sont des rôles différents, mais complémentaires », conclut Philippe Bas.
La réunion à l’Elysée n’a pas abouti sur un accord. Mais avec des lignes rouges qui peuvent paraître très éloignées, la sortie de crise semble encore lointaine. Un début de rapprochement émerge cependant sur la méthode, autour du non-recours au 49.3.
Depuis la chute de Bachar Al-Assad, certaines déclarations de responsables politiques conciliant avec le régime dictatorial refont surface. En octobre 2015 par exemple dans l’émission « Preuves par 3 » sur Public Sénat, Jean-Luc Mélenchon estimait que les bombardements russes et syriens faisaient partie d’une guerre nécessaire contre les rebelles.
Reçus par Emmanuel Macron ce mardi, avec d’autres formations politiques à l’exception de LFI et du RN, socialistes et écologistes se sont engagés, s’ils accèdent au pouvoir, à ne pas utiliser le 49.3 à condition que les oppositions renoncent à la motion de censure. « Ça a été repris par Horizons, par le MoDem », a assuré Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS.
À la sortie d’une réunion avec les partis, hors LFI ou RN, le patron des députés de la Droite républicaine insiste à nouveau sur la nécessité d’aboutir à un accord de non-censure pour qu’un gouvernement survive. Il maintient sa ligne rouge : la droite ne veut ni ministres issus de la France insoumise, ni application du programme du Nouveau Front populaire.
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