Affaire Benalla : les sénateurs répondent à Emmanuel Macron

Affaire Benalla : les sénateurs répondent à Emmanuel Macron

Ce mardi, Emmanuel Macron est revenu sur l’affaire Benalla. Le chef de l’État a fustigé « une excitation générale » et une « perte de mesure », « des esprits se dissoudre ». Les membres de la commission d’enquête du Sénat lui répondent. « Nous avons fait notre travail calmement » assurent-ils.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Invité spécial de la matinale d’Europe 1, Emmanuel Macron est revenu, ce mardi, sur l’affaire Benalla en convoquant une figure historique du Front Populaire. « On voit, comme disait Blum à une autre époque, parfois les esprits se dissoudre, c'est un peu ce qui s'est passé au mois de juillet dernier » a-t-il considéré. Si le chef de l’État a reconnu que « les faits » étaient « graves », il les oppose à « une excitation générale », estimant que dans cette affaire « on a peut-être perdu l’esprit de mesure ».

« Du temps de Léon Blum, il n’y aurait pas eu de Benalla »

affaire Benalla: « Du temps de Léon Blum, il n’y aurait pas eu de Benalla » répond Roger Karoutchi à Emmanuel Macron
00:30

Au Sénat, où depuis le mois de juillet la commission d’enquête sur l’affaire Benalla a enchaîné 28 auditions, difficile de ne pas se sentir visé. « Franchement, laissons Léon Blum au Front Populaire (…) Je ne suis pas sûr que du temps de Léon Blum il y aurait eu une affaire Benalla parce qu’il n’y aurait pas eu de Benalla. Comme il (Emmanuel Macron) nous dit que nous visons dans les années 30, il peut effectivement réécrire l’Histoire » balaye le sénateur LR, Roger Karoutchi. « Il n’était pas utile de convoquer M. Léon Blum ce matin sur Europe 1. Mais simplement qu’il assume l’erreur et la faute qu’il a commise (…) Je crois qu’une fois de plus, le président de la République est dans des postures, l’utilisation d’expressions, de mots, sans en mesurer le sens » complète François-Noël Buffet, vice-président de la commission des lois.

« Je n’ai pas le sentiment qu’il y ait eu un emballement de la part du Sénat »

« C’est assez peu aimable comme propos. Ceci étant, je n’ai pas le sentiment qu’il y ait eu un emballement de la part du Sénat. Nous avons fait notre travail assez calmement. Ça a été unanimement reconnu. Je n’ai pas eu le sentiment d’avoir eu mon esprit se dissoudre, ni au mois de juillet, ni pendant le reste des auditions » lui répond la co-rapporteure LR de la commission d’enquête, Muriel Jourda

« L'Élysée n'a rien caché » assure Emmanuel Macron

Emmanuel Macron s’est également défendu de toute immixtion dans cette affaire. « Est-ce que l'Élysée a caché quelque chose ? Non, il y a eu une vidéo, elle a été vue des milliers de fois. Est-ce que l'Élysée a dissimulé quoi que ce soit ? Pas du tout. On a dit que c'était une affaire d'État, mais quelle affaire d'État ? L'Élysée n'a rien caché. Il n'est pas intervenu à la demande de l'Élysée. Il n'y a pas de milice de l'Élysée. »

« le président de la République a lui-même initié une réforme interne à l’Élysée »

Des affirmations que le co-rapporteur socialiste de la commission d’enquête, Jean-Pierre Sueur est loin de reprendre à son compte. Lors des auditions, « il y a eu beaucoup de contradictions, beaucoup de non-dits et beaucoup d’imprécisions » observe-t-il avant d’assurer que le rapport de la commission d’enquête « sera totalement objectif ». Son collègue socialiste de la commission des lois, Jacques Bigot estime que si « ce n’est pas l’affaire du siècle », « le président de la République devrait quand même reconnaître qu’il a lui-même initié une réforme interne à l’Élysée ». « Ce qui prouve bien qu’il a pris conscience tardivement qu’il y avait eu des difficultés » relève-t-il.

Affaire Benalla: Emmanuel Macron a pris conscience tardivement qu’il y avait eu des difficultés » relève Jacques Bigot
00:52

 

« Ils ont construit un mensonge d’État »

affaire Benalla: "On nous a menti à l'Elysée" fustige François Grosdidier
01:10

Cet après-midi, le sénateur LR membre de la commission d’enquête, François Grosdidier va plus loin. « On nous a menti à l’Élysée (…) Ils ont construit un mensonge d’État en expliquant que Benalla s’occupait de tout sauf de sécurité (…) On nous a dit qu’il coordonnait la sécurité. Mais il n’y a pas besoin d’une arme pour coordonner les services » objecte-il en référence à la fameuse autorisation de port d’arme accordée à l’ancien chargé de mission de l’Élysée.

Des éléments qui « n’arriveront peut-être jamais »

Et quant à cette affirmation présidentielle assurant que l’Élysée n’avait « rien caché ». À l’issue des auditions, le 10 octobre dernier, les sénateurs s’étaient pourtant plaints de ne pas avoir obtenu certains documents, comme la fiche de poste d’Alexandre Benalla (voir notre article). « Il y a un certain nombre d’éléments supplémentaires qui nous sont effectivement parvenus, plutôt vers la fin. Nous en attendons encore d’autres qui ne sont pas encore arrivés à ma connaissance. Et qui n’arriveront peut-être jamais » indique aujourd’hui Muriel Jourda.

Dans la même thématique

Affaire Benalla : les sénateurs répondent à Emmanuel Macron
5min

Politique

Défense, sécurité, immigration : en position de force à Bruxelles, la droite européenne affirme sa feuille de route

Plus grand groupe au Parlement européen, le PPE est désormais aussi largement représenté au Conseil. Réunis au Sénat pour leurs journées parlementaires, les eurodéputés du groupe sont en position de force pour imposer leur agenda à Bruxelles. Dans ce contexte, le chef de file des eurodéputés LR, François-Xavier Bellamy, appelle la droite française à « se reconstruire », pour être « un partenaire à la hauteur ».

Le

Paris: Sarkozy Stands Trial Over Alleged Libya Financing
2min

Politique

Procès libyen : sept ans de prison et 300 000 euros d'amende requis contre Nicolas Sarkozy

Les magistrats ont demandé ce jeudi 27 mars contre l’ancien président de la République une peine de sept ans de prison ferme et 300 000 euros d’amende dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007. Dans un message sur ses réseaux sociaux, l’intéressé a voulu dénoncer la partialité du Parquet national financier. Le jugement sera rendu dans plusieurs mois.

Le

Affaire Benalla : les sénateurs répondent à Emmanuel Macron
3min

Politique

Convocation d’Alexis Kohler devant la commission d’enquête sur les eaux en bouteille : « Lorsque l’on n’a rien à se reprocher, il vaut mieux venir », estime Laurent Burgoa

Laurent Burgoa, le président de la commission d’enquête du Sénat sur les eaux en bouteille espère qu’Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée, se rendra devant la commission d’enquête le 8 avril prochain. Par ailleurs, il déplore l’attitude adoptée par Nestlé Waters devant l’instance parlementaire, et désire que les travaux de cette commission débouchent sur une proposition de loi.

Le