L'affaire Benalla a relancé jeudi les demandes de création d'une commission d'enquête sur les incidents ayant émaillé le 1er-Mai à Paris, émanant des députés Insoumis, communistes et socialistes, mais aussi de LR, se heurtant tous à une fin de non recevoir de LREM.
La France Insoumise a rappelé, lors d'une conférence de presse, avoir réclamé une commission d'enquête "sur les conditions d'usage et de commandement des forces de l'ordre lors des événements survenus en marge de la manifestation parisienne".
Comme plusieurs autres groupes, ses élus avaient fait cette demande après une polémique sur la réaction des forces de l'ordre et du gouvernement lors du traditionnel défilé.
Jeudi, les LFI ont estimé qu'une telle commission permettrait notamment de "faire la lumière sur les responsabilités politiques et l'enchaînement" ayant conduit à ce que le collaborateur de l'Elysée Alexandre Benalla frappe un jeune homme le 1er mai, selon Ugo Bernalicis. "Qui a donné les ordres?" Quel rôle a eu le collaborateur de l'Elysée dans la manifestation? Le ministre de l'Intérieur était-il au courant? a notamment demandé cet ex-attaché d'administration du ministère de l'Intérieur.
Eric Coquerel a affirmé que "si la justice n'a pas été saisie", c'est que M. Benalla avait été "couvert". Estimant que "la responsabilité du président de la République" est en cause, Alexis Corbière a également glissé à l'attention de la presse: "pour le coup, vous avez été utiles" en révélant cette affaire.
Les communistes ont réclamé que leur proposition de commission d'enquête pour "faire la lumière" sur le 1er-Mai soit inscrite à l'ordre du jour, la jugeant "plus que jamais d’actualité".
Idem pour les socialistes, David Habib jugeant une telle commission "plus que jamais impérieuse et nécessaire" et plaidant pour que la commission des Lois se mue en commission d'enquête.
Les députés LR ont demandé formellement une commission d'enquête sur "les conditions de la participation le 1er mai d'un collaborateur de la présidence de la République à une opération de maintien de l'ordre, les actes de violence commis à cette occasion et sur le traitement de cette participation par son autorité hiérarchique", dans une proposition de résolution transmise à l'AFP.
"Ce collaborateur du président de la République a fait l'objet d'une simple suspension alors que les faits commis relèvent clairement du champ délictuel", jugent-ils dans leur exposé des motifs. "Sa hiérarchie a-t-elle délibérément demandé à M. Benalla d'aller discréditer ces manifestants en faisant usage de de violence?" interrogent-ils.
Le président de l'Assemblée François de Rugy (LREM) a lancé depuis le "perchoir" que "si on considère que notre Assemblée n'est pas une assemblée générale estudiantine, on ne fait pas les choses en direct".
Observant que le droit de tirage des groupes pour une commission d'enquête était "épuisé" et que la voie n'était "plus possible avant le mois d'octobre", il a cependant promis de regarder les droits en session extraordinaire.
Dans les couloirs de l'Assemblée, Gilles Le Gendre, un des vice-présidents du groupe LREM, a ensuite affirmé que le groupe majoritaire "ne souhaite pas de commission d'enquête parlementaire". "Il n'y a pas un député qui n'a pas été choqué par les images", a-t-il affirmé, tout en plaidant pour attendre les résultats de l'enquête de la justice et de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).
"Quand vous voyez toutes les oppositions se lier depuis trois heures pour instrumentaliser cette affaire et bloquer le débat constitutionnel, il y a là un déni (de démocratie)", selon lui.