Affaire Benalla : quand la consigne était de « tuer le Sénat »
Invitée de l’émission « On va plus loin », la journaliste Sophie Coignard, revient sur l’affaire Benalla à laquelle elle a consacré un ouvrage.

Affaire Benalla : quand la consigne était de « tuer le Sénat »

Invitée de l’émission « On va plus loin », la journaliste Sophie Coignard, revient sur l’affaire Benalla à laquelle elle a consacré un ouvrage.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Une histoire qui n’a pas fini de livrer ses secrets. L’affaire Benalla est à nouveau dans l’actualité mais cette fois avec l’enquête de Sophie Coignard. Dans son ouvrage « Benalla, la vraie histoire » (éditions de l’Observatoire), l’éditorialiste politique au Point, s’est penchée sur un scandale qui a ébranlé l’exécutif.

On savait que la création au Sénat d’une commission d’enquête sur cette affaire, avait tendu les relations entre la chambre haute et l’exécutif mais on ne connaissait pas la violence des méthodes employées pour déstabiliser l’adversaire.

Sur le plateau d’ « On va plus loin », Sophie Coignard raconte, qu’au moment des auditions de cette commission, certains « au sommet de la macronie » estiment qu’ « il faut tuer le Sénat » et tentent de creuser dans le passé de Philippe Bas, le président de la commission d’enquête :  « Ils se disent « Philippe Bas a été secrétaire général de l’Élysée du temps de Chirac et forcément en ce temps-là, il (…) y avait des affaires aussi » (…) Il va y avoir des pressions, il va y avoir des envoyés spéciaux en fonction des affinités de chacun (…) L’Élysée va aller jusqu’à essayer de choisir des avocats à Alexandre Benalla, pour faire une défense de rupture. Où Alexandre Benalla viendrait devant les sénateurs [et] se tairait. Ce serait un avocat - et pas n’importe lequel - Éric Dupond-Moretti, qui lirait une sorte de document pour expliquer que la séparation des pouvoirs est totalement piétinée et que la République exige qu’Alexandre Benalla ne soit pas auditionné. Finalement c’est lui qui n’a pas [eu] envie de se laisser dicter cette manière de faire et qui décide de se rendre au Sénat, avec une certaine assurance, voire une certaine arrogance et puis un respect relatif vis-à-vis des sénateurs et des institutions. »

« Monsieur solutions »

Dans son ouvrage, Sophie Coignard retrace également le parcours très atypique du jeune homme : « Alexandre Benalla n’aurait pas dû se trouver là. Il est né dans une banlieue d’une ville moyenne, d’une région plutôt défavorisée. Il était un élève correct mais pas éblouissant. Il n’a pas fait de grandes écoles. Rien ne le prédisposait à ça. Rien sauf sa niaque (…) Il n’est pas conforme aux rituels, aux codes, aux usages. Il les comprend très bien, très vite, très tôt mais il décide de s’en affranchir. »

Et c’est ce parcours, cette façon d’être, qui séduit Emmanuel Macron : « [Alexandre Benalla] a ce destin individuel comme Emmanuel Macron les aime. Et puis il sait se rendre plus qu’indispensable. Il est à la fois Monsieur solutions, le « couteau suisse » du Président. Il est le gardien des secrets. Il sait des quantités de choses sur le Président. »

Alexandre Benalla va très vite prendre une grande place à l’Élysée : « Le Président va lui confier rien de moins que la réorganisation de la sécurité de la présidence (…) Tout cela ravive la guerre entre gendarmerie et police. Jusqu’à des paroxysmes qui vont mener au 1er mai. »

Ce 1er mai, où Alexandre Benalla sera vu dans une vidéo, interpellant violemment deux manifestants. Ce qui entraînera sa suspension et débouchera sur la création d’une commission d’enquête au Sénat.

 

Vous pouvez voir et revoir cet entretien, en intégralité :

OVPL. Entretien avec la journaliste Sophie Coignard à propos de l'affaire Benalla (en intégralité)
07:10

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Affaire Benalla : quand la consigne était de « tuer le Sénat »
3min

Politique

« L’humour est de gauche » selon l’humoriste belge Alex Vizorek

C’est l'un des Belges les plus connus de la scène humoristique francophone. Passé par France Inter, il officie désormais à RTL. Comment un humoriste est-il passé d’un public à l’autre ? Comment faire indifféremment rire un public de droite et de gauche ? Cette semaine, Alex Vizorek est l’invité de Rebecca Fitoussi dans l’émission Un monde, un regard.

Le

Affaire Benalla : quand la consigne était de « tuer le Sénat »
3min

Politique

Parlement européen : « la droite traditionnelle pro-européenne joue avec l’extrême droite » pour Javier Moreno Sanchez   

« Un discours ferme et rassembleur ». Pour la députée centriste du groupe Renew, Fabienne Keller, les propos tenus par Ursula von der Leyen sont « absolument essentiels en ce moment historique où nous sommes en tension maximum avec Vladimir Poutine ». La présidente de l’exécutif européen a en effet annoncé une esquisse de nouvelles sanctions contre la Russie. Dans ce contexte, l’eurodéputée française estime que « la défense que l’on n’a pas voulue dans les années 50, s’impose à nous » désormais.   « C’est un peu tard mais elle commence à réagir »   Concernant le conflit israélo-palestinien, l’eurodéputé espagnol Javier Moreno Sanchez espère que qu’Ursula von der Leyen ira plus loin dans la condamnation des actes commis par l’Etat hébreu. « Ce que nous lui demandons, c’est qu’elle agisse avec la même fermeté dans les deux guerres qu’on a à nos portes ». A la surprise générale, la présidente de la Commission a annoncé vouloir suspendre une partie de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, mais pour le social-démocrate, c’est l’ensemble de ce texte qui doit remis en cause.     Mais pour l’eurodéputé espagnol, l’urgence est de ne pas revenir sur les grands textes des précédentes mandatures de la Commission. Qu’il s’agisse du pacte migratoire ou des mesures écologiques, « il ne faut pas qu’Ursula von der Leyen démonte les propositions qu’elle a faites (…) on ne savait pas que la droite traditionnelle pro-européenne allait jouer avec l’extrême droite ».  « Ce n’est pas une Europe sociale, mais une Europe militariste »   Le groupe des Conservateurs et réformistes est nettement plus critique vis-à-vis du grand oral de la présidente de la commission. L’élu roumain Gheorghe Piperea souhaite la démission de la commissaire allemande. En juillet, il faisait déjà partie de ceux qui avait voté une motion de censure à l’encontre de cette dernière. Pour cet eurodéputé conservateur l’Union européenne nourrirait le conflit ukrainien en multipliant ses aides, notamment militaires. Ce député a par ailleurs dénoncé l’accord commercial conclu « sur un terrain de golf en Ecosse » entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, le qualifiant « d’échec ».    Retrouver l’intégralité de l’émission en intégralité ici  

Le

Avis d’arret de travail Illustration
9min

Politique

Report de congés pour cause d’arrêt maladie : la délégation aux entreprises du Sénat saisit Sébastien Lecornu face à une décision « terrible » pour les PME

« Je saisis par courrier le premier ministre pour qu’une action au sommet de l’Etat soit engagée dans les plus brefs délais auprès des instances européennes », annonce à publicsenat.fr le président de la délégation aux entreprises du Sénat, le sénateur LR Olivier Rietmann, alors qu’un salarié malade pendant ses vacances pourra reporter ses congés, selon une décision de la Cour de cassation.

Le