L'affaire Benalla est un "révélateur de l'exercice du pouvoir" et de ses "dérives viriles", estime le socialiste Julien Dray, dénonçant une "panique du gouvernement" en réponse aux révélations.
"Au départ, c’est une faute individuelle, celle d’un garçon qui finit par se croire tout permis", affirme l'ancien député de l'Essonne dans un entretien à Libération lundi.
"Je m’interroge tout de même sur cette panique du gouvernement, cette accumulation de versions, les mensonges. Je n’arrive pas à croire à l’amateurisme des protagonistes. En fait, on en vient à se dire que cette histoire est avant tout un révélateur de l’exercice du pouvoir et ses dérives viriles", juge-t-il.
Interrogé sur la pratique du pouvoir d'Emmanuel Macron, le conseiller régional francilien pointe une "ivresse logique" : "imaginez-vous : il est ministre en 2014, et trois ans après, il a le monde à ses pieds".
"Le problème, c’est la construction de son entourage, qui doit être une digue, et en ce moment on voit bien que ce n’est pas solide autour de lui. La seule digue que je perçois de l’extérieur, c’est son épouse Brigitte Macron qui, elle, a les pieds sur terre", poursuit-il.
Quant à son propre camp, Julien Dray juge le Parti socialiste "encore traumatisé par la défaite".
"Ca se voit dans nos attitudes, nos mots et il faut un choc. La thérapie, ce n’est pas l’introspection, c’est une erreur. (...) Aujourd’hui, seul le PS est capable de faire la synthèse à gauche, avec toute la gauche", a-t-il assuré, précisant que "toute la gauche" signifie "celle qui se retrouve autour de la motion de censure" déposée à l'Assemblée contre le gouvernement, et qui réunit les trois groupes de gauche (socialistes, communistes et insoumis).
Ce rassemblement à gauche "n’est pas une péripétie ! (...) Je suis convaincu que c’est un bon début pour la gauche à quelques mois des élections européennes", défend-il.