Affaire Benalla : salve de critiques au Sénat

Affaire Benalla : salve de critiques au Sénat

Les sénateurs de droite et de gauche se sont indignés de la faible sanction reçue par le collaborateur violent de l’Elysée. La présidente du groupe communiste évoque même « une affaire d’Etat. »
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Au Sénat, les révélations autour d’Alexandre Benalla, le collaborateur de l'Elysée qui a commis des violences lors des manifestations du 1er mai, font des remous. « Les portes coupe-feu n’ont pas fonctionné » juge Bruno Retailleau, président des sénateurs Républicains, interrogé par Public Sénat. « C’est absolument stupéfiant. On a un proche collaborateur d’Emmanuel Macron qui se déguise en policier, qui maltraite une jeune femme, qui maltraite et qui frappe un jeune manifestant… Et on apprend qu’il n’en est pas à son premier écart. »

Critiques de tous bords

« Il y a cet article 40 du code de procédure pénale qui veut que tout détenteur d’une autorité publique, et c’est le cas pour le président de la République, dès lors qu’il y a connaissance d’un délit ou  d’un crime, en informe la justice » poursuit-il. « Malheureusement, la justice s’est autosaisie, toute seule et l’Elysée n’a pas fait ce travail d‘information. »

Affaire Benalla : "C’est absolument stupéfiant " juge Retailleau
00:48

Pour la sénatrice Fabienne Keller, invitée sur LCI, «  la transparence doit être totale et la justice doit être faite. »

Mais c’est surtout à gauche que se concentrent les critiques. Interrogée par Public Sénat, la patronne des sénateurs communistes, Eliane Assassi, réclame l’audition par le Sénat des ministres de la Justice et de l’Intérieur. « On nous a visiblement caché des choses graves. J’ai le souvenir de salariés d’Air France, qui ont été traduits en justice parce qu’ils avaient, soi-disant, malmené un dirigeant de leur entreprise. Il y a deux poids deux mesures à l’évidence dans ce pays » a-t-elle expliqué, pointant du doigt, sur Twitter, « une affaire d’Etat. »


De son côté, la sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann évoque une « défaillance majeure du président de la République » dans cette affaire. « La République exemplaire qu’il prône est totalement contradictoire avec cette affaire. Comment un conseiller du président de la République peut-il s’infiltrer dans des interventions des forces de police ? » s'interroge-t-elle. « Il fallait qu’on transmette immédiatement à la justice ce qui manifestement peut constituer un délit.»

Affaire Benalla : « Il y a une défaillance majeure du président de la République » critique Lienemann
01:03

Rachid Temal, sénateur PS du Val-d’Oise, a réagi au micro de Public Sénat. Selon lui, Emmanuel Macron n’a pas « d’autre choix » que de s’exprimer sur le sujet. « Ce qui est choquant et troublant, c’est qu’un salarié du Président de la République, s’est retrouvé casqué avec un badge de police, le 1er mai et a tapé un manifestant » indique-t-il. Pour le sénateur, l’affaire soulève de nombreuses interrogations. Il estime que l’Elysée a cherché à étouffer ce qu’il s’est passé. « Ça fait maintenant depuis le 1er mai 2018, plus de trois mois, qu’à l’Elysée, les gens sont informés. Depuis trois mois, pas une voix » déplore Rachid Temal. Il qui juge les mesures prises à l’encontre d’Alexandre Benalla, évoquées par le porte-parole de l’Elysée ce matin, ne sont « pas sérieuses ». L’homme a écopé d’une mise à pied de deux semaines.

« Il y a un dysfonctionnement majeur et maintenant il [Emmanuel Macron] doit venir s’exprimer devant la représentation nationale » déclare-t-il, avant de soulever la dissonance dans le discours du gouvernement. La ministre de la Justice atteste qu’Alexandre Benalla n’avait pas d’autorisation, contrairement à ce que dit le porte-parole de l’Elysée. « Là il y a un souci ».

Affaire Benalla : « Il y a un dysfonctionnement majeur » déclare Rachid Temal
02:05

Toujours sur Twitter, l’ex-ministre Hélène Conway-Mouret, sénatrice PS des Français hors de France, a fait le parallèle entre le cas d’Alexandre Benalla et celui d’Aquilino Morelle, contraint à démissionner sous la présidence de François Hollande. Quant à Jean-Louis Tourenne, sénateur PS d’Ille-et-Vilaine,  il réclame qu’Alexandre Benalla soit jugé « pour usurpation de fonction et violence. »

Dans la même thématique

SIPA_01208671_000002
5min

Politique

Prisons attaquées : vers une nouvelle loi pour permettre l’accès aux messageries cryptées par les services de renseignement

Après la série d’attaques visant plusieurs établissements pénitentiaires, coordonnées au sein un groupe de discussion sur Telegram, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez regrette que la disposition de la loi sur le narcotrafic, permettant aux services de renseignement d’avoir accès aux messageries cryptées, ait été rejetée les députés. La mesure pourrait réapparaître dans une nouvelle proposition de loi du Sénat.

Le

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six
4min

Politique

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six

La question d’un report des élections municipales de 2032 est à l’étude au ministère de l’Intérieur, en raison de la proximité d’un trop grand nombre de scrutins, notamment la présidentielle. Si le calendrier devait être révisé, et avec lui la durée du mandat des maires élus l’an prochain, cela nécessiterait une loi. Ce serait loin d’être une première sous la Ve République.

Le

FRA – ASSEMBLEE – 4 COLONNES
13min

Politique

Congrès du PS : les tractations se concentrent sur « Boris Vallaud, qui a des propositions de dates tous les jours »

Alors que les amis de Nicolas Mayer Rossignol, d’Hélène Geoffroy et de Fatima Yadani et Philippe Brun discutent pour fusionner, dans une union des opposants à Olivier Faure qui demandent la « clarté », le président du groupe PS de l’Assemblée, Boris Vallaud, se retrouve au centre des attentions. Mais « son but n’est pas d’être faiseur de roi, c’est de rassembler le royaume socialiste », soutient Rémi Branco, son porte-parole.

Le

L’ Abbe Pierre, France, Archive.
6min

Politique

Nouvelles révélations sur l'abbé Pierre : « Si l’Eglise avait fait son travail, peut-être qu’il n’y aurait pas de victimes aujourd’hui »

Un livre enquête paru ce jeudi documente l’état de connaissance de l’institution catholique sur les accusations de violences sexuelles dont faisait l’objet, dès les années 50, l’abbé Pierre. Les journalistes Laetitia Cherel et Marie-France Etchegoin révèlent, entre-autres, que le Vatican était au courant depuis les années 50 des agissements de cette icône médiatique de la seconde partie du XXe siècle.

Le