L'affaire Benalla atteint l'image d'Emmanuel Macron, qui chute dans plusieurs sondages réalisés après les révélations sur l'ex-collaborateur du président, mais sans entraîner, à ce stade, de rupture avec les Français.
L'affaire Benalla est-elle une "tempête dans un verre d'eau", comme l'affirme le chef de l’État, ou un poison lent pour la suite de son quinquennat ? Dans l'immédiat, elle "choque" huit Français sur dix selon une enquête Elabe, et deux tiers d'entre eux (OpinionWay) la jugent "grave".
Le chef de l'Etat perd 4 points de popularité fin juillet dans l'enquête mensuelle de l'institut Ipsos. Avec 32% d'opinions favorables et 60% qui expriment une opinion contraire, Emmanuel Macron est à son plus bas niveau dans ce baromètre depuis septembre 2017.
S'il ne perd qu'un point à 39% dans l'enquête de l'Ifop pour le Journal du Dimanche, c'est que l'étude a été réalisée en deux temps. Avant le 19 juillet et le début de l'affaire, le chef de l'Etat gagnait un point à 41%. Mais dans une seconde vague conduite du 25 au 27 juillet, il en perd trois à 37%, et retrouve son niveau plancher.
"L'affaire Benalla a eu un impact réel, mais il n'y a pas de rupture d'opinion", commente Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop: "Malgré le blast médiatique, les critiques majeures des Français restent économiques et sociales. Sur le président des riches, la politique injuste..."
Seul Harris Interactive donne Emmanuel Macron en hausse de deux points à 42% après deux mois de forte baisse. Pour Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique-opinion, l'affaire n'a pas marqué tous les Français. Les jeunes et les personnes sans préférence politique "mettent plutôt en avant la stature internationale du Président de la République et notamment la victoire de l'équipe de France en Coupe du monde", souligne-t-il. La popularité d'Emmanuel Macron s'effrite en revanche auprès de ceux qui revendiquent une proximité politique, y compris les proches de La République en marche (-7).
- Une opinion plus impatiente -
En terme d'image, 73% des Français interrogés estiment qu'elle a un impact négatif sur l'idée qu'ils ont d'Emmanuel Macron (Elabe). Et si 67% (-3 depuis avril) pensent qu'il sait "faire preuve d'autorité", ils ne sont plus que 49% (-8) à croire qu'il "incarne le changement" et 28% (-11) qu'il "dit la vérité aux Français" (OpinionWay). Selon l'Ifop, 39% (-9) le jugent "honnête" et 38% (-6) "sincère".
L'affaire n'a pas pour autant entraîné de décrochage du chef de l’État: à la même époque de leur mandat, la popularité de François Hollande était plus basse (27%) et celle de Nicolas Sarkozy (38%) comparable à la sienne dans les enquêtes de l’Ifop.
"La force de Macron, c'est avant tout sa stature personnelle. Ce qu'il a réussi à installer depuis qu'il est président. Si cette affaire dégrade cette perception là, la promesse qu'il a construite sur la rupture avec les comportements antérieurs et l'envie de changer le pays, si cette promesse de rupture avec le monde ancien est cassée, c'est un problème pour le long et moyen terme", analyse Bruno Jeanbart, directeur général adjoint d'OpinionWay.
"Après un an, la bienveillance vis-à-vis du pouvoir s'estompe", poursuit-il: "On entre dans une phase où l'on attend de voir les effets de la politique menée. Le problème c'est qu'une politique ne produit pas d'effet en un an, ça prend souvent deux, trois, quatre ans. Le temps politique va se heurter à celui de l'opinion qui est beaucoup plus impatiente. Les gens commencent à se dire: au final, qu'est-ce que ça m'apporte, est-ce la situation du pays s'améliore ? Et il est un peu tôt pour mesurer ça."