Le parquet de Paris a demandé un procès en correctionnelle pour "faux", "usage de faux" et "utilisation indue" de documents professionnels contre Alexandre Benalla, ex-chargé de mission à l'Elysée, dans l'enquête sur ses passeports diplomatiques, a annoncé vendredi le procureur dans un communiqué.
Le parquet lui reproche d'avoir produit un faux document administratif pour obtenir un passeport de service et l'usage illégal de deux passeports diplomatiques après sa mise en examen en juillet 2018 pour des violences lors du 1er-Mai et son limogeage.
Deux auditions, deux versions
Lors de sa première audition devant la commission d’enquête du Sénat, le 19 septembre 2018, Alexandre Benalla a affirmé que ses passeports étaient restés dans le bureau qu'il occupait à l'Elysée.
Trois mois plus tard, Mediapart et Le Monde révèlent que l’ex-chargé de mission a utilisé l'un de ses deux passeports diplomatiques pour entrer dans plusieurs pays africains. Auditionné une nouvelle fois devant la commission d’enquête du Sénat, le 21 janvier 2019, Alexandre Benalla avait reconnu avoir récupéré et utilisé ces passeports entre le 1er et le 7 août 2018, puis les avait rendus courant août. « Ces passeports m’ont été remis à nouveau, alors que j’avais été contacté par un salarié de l’Élysée, début octobre 2018 (…) On m’a fait savoir que ces passeports n’étaient pas désactivés. Sinon, je n’aurais pas voyagé avec ces passeports » a-t-il affirmé.
Ces déclarations discordantes sont un des éléments qui avaient poussé le Sénat à transmettre le dossier d'Alexandre Benalla à la justice. Dans leur rapport, les sénateurs estimaient « qu('il) a délibérément cherché à tromper la commission lors de sa première audition et qu'il a, lors de la seconde audition, tenté de reconstituer les faits afin d'effacer son premier mensonge ».
Dans cette affaire, il revient désormais au juge d'instruction chargé du dossier de renvoyer ou non Alexandre Benalla devant le tribunal correctionnel. L’ancien adjoint au chef de cabinet de l’Elysée est également mis en examen pour les violences commises en marge du défilé du 1er mai 2018, point de départ de l'affaire, et pour le selfie pris avec une arme durant la campagne présidentielle de 2017.