Affaire Dupond-Moretti : « L’engagement du ministre est résolu, solide et indéfectible », réagit Élisabeth Borne
Interrogée sur le maintien au gouvernement d’Éric Dupond-Moretti, malgré son renvoi devant de la Cour de Justice de la République, la Première ministre a considéré que la situation du garde des Sceaux n’affectait pas le fonctionnement du ministère.

Affaire Dupond-Moretti : « L’engagement du ministre est résolu, solide et indéfectible », réagit Élisabeth Borne

Interrogée sur le maintien au gouvernement d’Éric Dupond-Moretti, malgré son renvoi devant de la Cour de Justice de la République, la Première ministre a considéré que la situation du garde des Sceaux n’affectait pas le fonctionnement du ministère.
Guillaume Jacquot

Par Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Comme à l’Assemblée nationale la veille, l’exécutif a été interrogé sur le renvoi du garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti devant la Cour de Justice de la République (CJR). Aux questions d’actualité au gouvernement du Sénat, deux interventions venues de la gauche ont épinglé la doctrine du gouvernement dans cette situation. La Première ministre Élisabeth Borne a rappelé qu’elle prenait simplement « acte » du renvoi du ministre de la Justice devant la CJR, pour des accusations de prise illégale d’intérêts. « Comme chacun ici, je suis attachée à la séparation de l’exécutif, du législatif et de l’autorité judiciaire. Je ne commenterai pas cette décision », a insisté la cheffe du gouvernement. Élisabeth Borne a ensuite indiqué que les principes d’indépendance de la justice et la présomption d’innocence n’appelaient « ni commentaire, ni exception ».

« La seule question qui se pose », pour elle, est de savoir si cette situation entrave la bonne marche du ministère de la Justice, au moment où une réforme se prépare. « L’engagement du ministre est résolu, solide et indéfectible », a-t-elle considéré, avant de préciser qu’Éric Dupond-Moretti n’aurait pas à traiter des dossiers qui le concernent directement. « Pour les dossiers où Éric Dupond-Moretti est un justiciable comme les autres, ou pour ceux qu’il a pu connaître en tant qu’avocat, nous avons mis en place un dispositif de déport. Il est exigeant, il est efficace. Il me conduit à piloter en direct une série de sujets. »

« Le sujet, c’est le respect de la parole donnée »

La teneur de la réponse n’a pas satisfait Guillaume Gontard. Le président du groupe écologiste avait débuté son intervention par une déclaration d’Emmanuel Macron du 2 mai 2017. Le futur président de la République expliquait alors : « Un ministre doit quitter le gouvernement lorsqu’il est mis en examen ». « Le sujet, c’est le respect de la parole donnée, qui plus est de la parole présidentielle », a réagi le sénateur de l’Isère. C’est également cet angle d’attaque qu’avait déjà choisi un peu plus tôt la sénatrice socialiste Marie-Pierre de la Gontrie. « Comment et quels motifs ont résidé au fait que ce principe présidentiel ait été renié ? »

C’est le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, qui lui a répondu. « Personne à ma connaissance n’a été condamné, je dirais même qu’il y a un renvoi en cassation qui a été fait dans le cadre du ministre Éric Dupond-Moretti, ce qui veut dire, qu’à l’heure à laquelle où je vous parle, il n’est même plus factuellement mis en examen puisque la démarche a été suspendue en attendant l’avis de la Cour de la cassation », a répliqué l’ancien ministre de la Santé, après avoir mis en garde les oppositions. « Gardons-nous de jeter un opprobre systématique sur les serviteurs de l’État, sous prétexte qu’ils ne partagent pas nos idées politiques. »

À lire aussi » Affaires Dupond-Moretti et Kohler : les promesses non tenues de la « moralisation de la vie publique »

Pour la sénatrice Marie-Pierre de la Gontrie, le porte-parole a « désavoué » la ligne exprimée par Emmanuel Macron et Édouard Philippe en 2017. « Je crains que vous n’ayez pas très bien compris ce qui est en train de se passer, nous parlons d’éthique gouvernementale ! » Et de développer : « Nous parlons du fait que, tous ici, nous sommes considérés par les citoyens français comme des personnes qui ne sont pas honnêtes. Nous avons besoin de réaffirmer l’éthique en politique. »

La sénatrice, membre de la commission des lois, a rappelé que l’ex-garde des Sceaux François Bayou avait justifié son départ du gouvernement en juin 2017 par la volonté de ne pas exposer la présidence de la République et son gouvernement. « C’est exactement ce qu'il est en train de se passer. Sachant qu’un ministre renvoyé devant la Cour de Justice de la République pendant l’exercice de ses missions, c’est totalement inédit. Cela va alimenter encore plus le populisme dans l’avenir. »

Partager cet article

Dans la même thématique

Affaire Dupond-Moretti : « L’engagement du ministre est résolu, solide et indéfectible », réagit Élisabeth Borne
2min

Politique

Écologie : le Sénat confirme les coupes budgétaires dans le Fonds Vert

Malgré la protestation de la gauche et de certains élus de la majorité sénatoriale, le Sénat n’a pas touché au coup de rabot prévu par le gouvernement sur le Fonds Vert, qui sert à financer la transition écologique des collectivités. De 2,5 milliards en 2024, le budget du Fonds Vert est donc passé à 650 millions en 2026.

Le

Paris: Weekly session of questions to the government at the National Assembly
9min

Politique

« C’est la survie de notre famille qui se joue » : l’union des droites avec le RN travaille les LR

Alors que Nicolas Sarkozy n’appellera pas au front républicain et que Bruno Retailleau défend l’union des droites « par les urnes », la question d’un possible rapprochement des LR avec le RN divise encore. La ligne reste au rejet de tout accord d’appareils, plusieurs parlementaires craignant pour « la survie » des LR en cas de fusion-absorption avec le RN. Mais certains sont prêts à se laisser tenter.

Le

XINHUA PHOTOS OF THE DAY
5min

Politique

[Info Public Sénat] Nicolas Sarkozy pour l’union des droites ? « Un emballement totalement disproportionné », pointe son entourage, « il n’a jamais pactisé avec le RN »

Dans son ouvrage écrit en prison, Nicolas Sarkozy affirme qu’il n’appellera pas au front républicain et soutient pour la droite le « rassemblement le plus large possible, sans exclusive ». Beaucoup y voient une défense de l’union des droites. Mais l’entourage de l’ex-chef de l’Etat dément. « Nicolas Sarkozy a toujours dit qu’il fallait parler aux électeurs du RN, mais absolument pas s’allier au parti », soutient-on.

Le