C’est une première : un ministre en exercice pourrait être jugé par la Cour de Justice de la République. Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, est mis en examen pour prise illégale d’intérêts. Il est accusé d’avoir profité de sa fonction de ministre de la Justice pour régler ses comptes avec des magistrats. Lundi 3 octobre, le ministre a été renvoyé devant la Cour de Justice de la République, seule instance habilitée à juger les membres du gouvernement pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions.
Le garde des Sceaux devrait-il alors démissionner ? « Ce n’est pas à l’ordre du jour » a répondu le ministre, « je tiens ma légitimité du président de la République et de la Première ministre et la Première ministre a réaffirmé hier toute la confiance qu’elle me portait » a-t-il précisé.
Un changement de doctrine ?
Pourtant ce soutien de l’exécutif n’est-il pas un changement de pied avec la ligne défendue par Emmanuel Macron lors de son arrivée à l’Élysée en 2017 ? Pour Eugénie Bastié, journaliste au Figaro, cela ne fait aucun doute : « Emmanuel Macron a effectivement fait de la moralisation de la vie publique un étendard en 2017, contre les affaires Fillon, et maintenant il ne s’applique plus ses propres prémisses donc ça me dérange. »
Plusieurs ministres, accusés dans des affaires, avaient en effet quitté leurs fonctions au cours du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, comme François Bayrou ou au début du second avec l’affaire Damien Abad
Un changement de doctrine que pointe Eugénie Bastié qui pense que cette affaire dessert le parti présidentiel : « Il y a un retour de boomerang : on fait la morale et ça nous revient dans la figure ». Elle évoque un « deux poids deux mesures » entre les paroles et les actes.
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