Affaire Ferrand: l’association Anticor dépose plainte à Paris pour relancer l’enquête
L'affaire avait coûté à Richard Ferrand sa place au gouvernement: l'association Anticor a déposé plainte à Paris pour relancer l'enquête qui...

Affaire Ferrand: l’association Anticor dépose plainte à Paris pour relancer l’enquête

L'affaire avait coûté à Richard Ferrand sa place au gouvernement: l'association Anticor a déposé plainte à Paris pour relancer l'enquête qui...
Public Sénat

Par Nathalie ALONSO

Temps de lecture :

4 min

Publié le

L'affaire avait coûté à Richard Ferrand sa place au gouvernement: l'association Anticor a déposé plainte à Paris pour relancer l'enquête qui visait le chef de file des députés LREM, près d'un mois après le classement sans suite du parquet de Brest.

Cette plainte avec constitution de partie civile a été déposée mercredi auprès du doyen des juges d'instruction du pôle financier du tribunal de Paris, a-t-on appris jeudi auprès de l'avocat de l'association anticorruption.

Elle vise à obtenir la désignation - quasi-automatique - d'un magistrat pour enquêter sur l'affaire du bien immobilier acquis par la compagne de Richard Ferrand et loué aux Mutuelles de Bretagne, dont il était alors le directeur général.

La plainte porte sur des faits présumés de "prise illégale d'intérêts", et recel et complicité de ce délit.

Le parquet de Brest avait annoncé le 13 octobre le classement de l'enquête, au regard notamment de la prescription de cette éventuelle infraction.

Le président de l'association Anticor Jean-Christophe Picard parle lors de la fête de la rose du Parti socialiste le 27 août 2017 à Frangy-en-Bresse
Le président de l'association Anticor Jean-Christophe Picard parle lors de la fête de la rose du Parti socialiste le 27 août 2017 à Frangy-en-Bresse
AFP/Archives

"Nous attendons l'ouverture d'une instruction, pour qu'il y ait un procès, car nous ne sommes pas d'accord avec l'analyse du procureur de la République de Brest", a déclaré à l'AFP Jean-Christophe Picard, président de l'association.

Après le classement sans suite, Anticor s'est tourné vers le pôle financier de Paris en raison de sa compétence nationale sur les affaires "d'une grande complexité".

Dans un des volets de l'affaire, un possible délit de prise illégale d'intérêts, le procureur de Brest Jean-Philippe Récappé reconnaissait que le parquet "aurait pu envisager l'ouverture d'une information judiciaire". Mais il s'est avéré que "l'infraction éventuelle" était "prescrite" depuis le 19 juin 2015, selon les règles de prescription (trois ans) alors en vigueur, avait-il expliqué.

- 'Savoir s'arrêter' -

Richard Ferrand, soutien de la première heure d'Emmanuel Macron, s'est toujours défendu de tout conflit d'intérêts. Devenu chef du groupe La République en marche à l'Assemblée nationale après avoir dû quitter son poste de ministre de la Cohésion des territoires, il s'était félicité de la décision du parquet de Brest, estimant avoir été "lavé de tout soupçon".

Le président de l'Assemblée nationale François de Rugy (LREM) s'est demandé jeudi si Anticor "ne faisait pas perdre du temps à la justice" avec cette nouvelle plainte. "Il faut peut-être savoir s'arrêter, quand même", a-t-il réagi sur franceinfo.

Richard Ferrand, chef du groupe parlementaire La République En Marche (REM), à l'Assemble le 24 octobre 2017
Richard Ferrand, chef du groupe parlementaire La République En Marche (REM), à l'Assemble le 24 octobre 2017
AFP/Archives

Dans l'affaire en question, révélée par le Canard enchaîné le 24 mai dernier, Richard Ferrand, 55 ans, est soupçonné d'avoir profité de sa fonction pour favoriser sa compagne, l'avocate Sandrine Doucen, à l'époque où il était directeur général (1998-2012) des Mutuelles de Bretagne et élu local PS.

En 2011, cet organisme à but non lucratif, qui cherchait à louer des locaux pour installer un centre de soins à Brest, avait choisi la proposition d'une société civile immobilière (SCI) appartenant à 99% à Mme Doucen, parmi trois offres. Un bien acquis pour un prix de 375.000 euros, "financé" par les loyers versés par les Mutuelles de Bretagne, selon la plainte d'Anticor dont a eu connaissance l'AFP.

"Après analyse du dossier d'enquête préliminaire", il apparaît pour Anticor "que l'infraction de prise illégale d'intérêts est caractérisée, que M. Ferrand y aurait participé à la fois en qualité de directeur général des Mutuelles de Bretagne et comme bénéficiaire indirect de l'acquisition des biens immobiliers pour le compte de sa compagne", a déclaré à l'AFP l'avocat de l'association Jérôme Karsenti. Il a souligné le rôle "omniprésent" de l'ex-ministre dans l'opération.

Pour Anticor, les Mutuelles de Bretagne remplissent une mission de service public - ce qui n'était pas certain pour le parquet - et la prescription a commencé à courir seulement à compter des révélations du Canard enchaîné le 24 mai.

Selon la plainte de l'association, M. Ferrand a "volontairement dissimulé l'infraction" aux yeux du commissaire aux comptes et de six des neuf administrateurs et notamment de l'ancien président, qui n'auraient pas été informés que la future propriétaire du bien était sa compagne.

Partager cet article

Dans la même thématique

Déclaration de politique générale et avenir de la Nouvelle Calédonie en séance au Sénat ce 15 octobre
3min

Politique

Nouvelle-Calédonie : le Sénat vote le report des élections provinciales

Le Sénat a approuvé mercredi, dans l’urgence, le report au printemps 2026 des élections provinciales prévues en Nouvelle-Calédonie en novembre. Il s’agit de la première étape à la mise en place du fragile accord de Bougival sur l’avenir institutionnel de l’archipel.

Le

Affaire Ferrand: l’association Anticor dépose plainte à Paris pour relancer l’enquête
3min

Politique

La position des socialistes vis-à-vis du gouvernement « a empêché notre nomination » à Matignon, estime Marine Tondelier

Après la suspension de la réforme des retraites annoncée par Sébastien Lecornu, les socialistes ont décidé de renoncer à voter la censure pour laisser place au « pari » du débat parlementaire. « Je pense qu'ils étaient tellement prêts à faire ça (...) que ça a empêché notre nomination » à Matignon, explique sur Public Sénat ce jeudi 16 octobre Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes.

Le

Affaire Ferrand: l’association Anticor dépose plainte à Paris pour relancer l’enquête
4min

Politique

Réforme des retraites : « La suspension est un leurre, elle sera retoquée en commision mixte paritaire », avertit Cécile Cukierman (PCF)

Au Sénat, la droite et une partie de la gauche tombent d’accord sur une chose : la procédure parlementaire permettra à la droite et le centre d’enterrer la suspension de la réforme des retraites. Un fait qui inspire de la sérénité à Claude Malhuret (Horizon) sur la possibilité de réécrire la copie de Sébastien Lecornu, et pousse au contraire Cécile Cukierman (PCF) à enjoindre les députés de gauche à le prendre en compte dans leur vote de la censure ce jeudi.

Le

Paris: Questions au gouvernement Assemblee nationale
4min

Politique

Budget : l’abandon du 49.3 va-t-il prendre les socialistes à leur propre piège ?

Avec le non-recours au 49.3, les socialistes ont été entendus par Sébastien Lecornu. Mais ils sont désormais contraints à voter le budget de la Sécurité sociale pour valider la suspension de la réforme des retraites. Un véhicule législatif confirmé par le Premier ministre, ce mercredi. Sans cette arme du parlementarisme rationalisé, les budgets de la Sécurité sociale comme celui de l’Etat seront également amendés par la droite. Ce qui pourrait amener à des copies finales difficiles à assumer pour les socialistes.

Le