Affaire Fillon: le scénario du « plan B »  prend forme à droite
Un candidat de substitution à François Fillon ? Aucun ténor de la droite ne veut officiellement donner le coup de grâce au...

Affaire Fillon: le scénario du « plan B » prend forme à droite

Un candidat de substitution à François Fillon ? Aucun ténor de la droite ne veut officiellement donner le coup de grâce au...
Public Sénat

Par Frédéric DUMOULIN

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Un candidat de substitution à François Fillon ? Aucun ténor de la droite ne veut officiellement donner le coup de grâce au vainqueur de la primaire mais le scénario d'un plan B prend forme et occupe tous les esprits.

Sentant le danger, M. Fillon a d'ailleurs lancé mercredi un appel à l'aide aux parlementaires LR, exhortés à "tenir 15 jours" face aux soupçons d'emplois fictifs visant son épouse. Et il a exclu dans l'après-midi de jeter l'éponge.

Las, dès la réunion terminée, le sarkozyste Georges Fenech s'est précipité devant micros et caméras pour affirmer que le résultat de la primaire, largement remportée fin novembre par M. Fillon, était "caduc". "Nous ne pouvons pas continuer avec un candidat en extrême difficulté", a-t-il encore asséné en appelant M. Fillon à "prendre une décision à la hauteur de la situation".

Déjà, en pleine réunion à huis clos, le député du Rhône, magistrat de profession, n'avait pas mâché ses mots face à M. Fillon: "Tu te rends compte, on est aujourd'hui otages de la justice", lui avait-il dit, selon des participants.

"Ca vient de Fenech, le crime est signé", sous-entendu par les proches de Nicolas Sarkozy, a tenté de minimiser un élu légitimiste en rappelant que "Fenech a défendu bec et ongles Sarkozy, y compris quand il a été mis en examen". "Il dit tout haut ce que beaucoup susurrent tout bas", pense en revanche un attaché parlementaire.

D'ailleurs, si les critiques étaient jusqu'à présent contenues, la parole se libère. "Fillon change de défense matin, midi et soir. Y en a ras-le-bol... Mais il se rend compte des sommes en jeu ?", éructe un député LR de la commission des Lois, qui tient toutefois à garder l'anonymat.

Le juppéiste Philippe Gosselin a emboîté le pas à M. Fenech en lançant un appel à Alain Juppé, longtemps favori des sondages mais battu par M. Fillon au second tour de la primaire, à "réfléchir" à être un recours.

- "Trou de souris" -

Appel pas du tout "téléguidé" par le maire de Bordeaux mais partagé par "plusieurs députés", a-t-il assuré.

Quoi qu'il en soit, le temps presse, à 80 jours du premier tour d'une présidentielle qui semblait imperdable pour la droite il y a quelques semaines encore.

Que peut faire le parti Les Républicains face à cette situation, totalement inédite ? Rien, dans les statuts du parti ni dans la charte de la primaire de la droite, n'est prévu si le candidat renonce à se présenter à la présidentielle ou... meurt.

M. Sarkozy, qui pense depuis une semaine que son ex-Premier ministre est "cuit", se demande, selon un proche, s'il n'y a pas un "trou de souris" pour revenir.

M. Juppé avait exclu "clairement et définitivement" d'être un recours... "mais ça, c'était vendredi", affirme un proche. "Gosselin n'est que la pointe immergée de l'iceberg. Il y a un gros lobbying en cours pour Juppé", croit savoir un député.

"Comment pourrait-on reprendre un battu de la primaire ?", rétorque un autre avant d'ajouter: "on remplacerait un candidat englué dans des affaires d'emplois fictifs par un candidat condamné pour emplois fictifs ?".

Ce petit monde phosphore donc sur les candidats de remplacement: François Baroin est poussé par les sarkozystes; Xavier Bertrand s'y verrait bien, lui qui a battu Marine Le Pen aux régionales; Laurent Wauquiez s'active en coulisses; Valérie Pécresse, très discrète, est citée.

En outre, quelle procédure choisir? c rappelle en privé qu'il y a "des procédures démocratiques à respecter" et assure qu'on "peut encore refaire une primaire".

Un processus jugé trop long par beaucoup. Il faut"très vite" convoquer un "Conseil national extraordinaire" de LR pour choisir le candidat, plaide M. Fenech. Les partisans de M. Wauquiez jugent qu'une désignation plus large, par les militants, renforcerait ses chances.

"On oublie un détail", tempère un député de Paca. "Fillon est orgueilleux. Il ne se laissera pas débrancher, sauf s'il est mis en examen ou se retrouve avec des sondages calamiteux". Un étude d'Elabe mercredi le donne éliminé du 1er tour au profit de Maine Le Pen et Emmanuel Macron.

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