Affaire Fillon : quelles suites judiciaires ?

Affaire Fillon : quelles suites judiciaires ?

François Fillon a annoncé ce mardi qu’il maintenait sa candidature malgré sa convocation devant les juges d’instruction en vue d’une mise en examen. Il ressortira mis en examen ou témoin assisté.
Alexandre Poussart

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“Cette convocation s’inscrit dans la ligne d’une enquête menée exclusivement à charge.” François Fillon a décidé de frapper fort contre la justice, lors de sa conférence de presse ce mercredi, après avoir annoncé qu’il maintenait sa candidature à sa présidentielle malgré sa convocation en vue d’une mise en examen.

Le candidat de la droite et du centre sera entendu le mercredi 15 mars par les trois juges d’instruction saisis par le Parquet national financier après l’ouverture d’une information judiciaire pour "détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel, trafic d'influence et manquements aux obligations déclaratives à la Haute autorité sur la transparence de la vie publique".

Mis en examen ou témoins assistés

Son épouse Penelope et ses enfants Charles et Marie Fillon sont aussi convoqués devant les trois juges d’instruction. A la sortie de leurs auditions, François Fillon, son épouse et deux enfants pourraient chacun être mis en examen ou placés sous le statut de témoin assisté. Cette décision des juges interviendra deux jours avant la date limite de dépôt des parrainages des candidats à l’élection présidentielle.

Les 3 axes de l’information judiciaire

L’information judiciaire porte sur des éventuels détournements de fonds publics autour des emplois de Penelope Fillon, en tant qu’assistante parlementaire. Les juges s’interrogent sur le caractère fictif de ces emplois. François Fillon est également soupçonné de recel d’abus de biens sociaux en ayant profité de l’argent qui aurait été indûment versé à Penelope Fillon à la Revue des deux mondes. Le soupçon de trafic d’influence vise la décoration de la grand croix de la Légion d’honneur que François Fillon, alors Premier ministre, a remise à Marc Ladreit de Lacharrière, patron de la Revue des deux mondes.

Des juges d’instruction habitués des “affaires Sarkozy” et du FN

Vendredi 24 février, le Parquet national financier a ouvert une information judiciaire et l’a confiée aux trois juges d’instruction Aude Buresi, Stéphanie Tacheau et Serge Tournaire. Le dossier de l’enquête préliminaire leur a été remis.

Serge Tournaire est l’un des juges financiers les plus expérimentés de ce trio. Il a rejoint le pôle financier du parquet de Paris en 2009 et est un spécialiste des affaires judiciaires concernant Nicolas Sarkozy. Serge Tournaire a travaillé sur le dossier du financement libyen de la campagne de l’ancien président, sur l’affaire des sondages de l’Elysée et sur l’affaire Bygmalion.

La juge d’instruction Aude Buresi est à l’origine de la mise en examen en septembre 2016 de Bernard Squarcini, ancien patron de la Direction centrale du renseignement intérieur, pour “entrave aux investigations”, “trafic d’influence” et “détournement de fonds publics”. En avril 2014, Aude Baresi a aussi mené l’instruction de l’enquête sur les soupçons de fraude dans le financement des campagnes présidentielle et législative du Front national.

François Fillon n’adopte pas la stratégie de Marine Le Pen

Le candidat de la droite et du centre aurait pu refuser de se rendre devant les juges d’instruction car son immunité parlementaire interdit toute mesure coercitive de la justice. Une immunité parlementaire utilisée par Marine Le Pen qui a refusé une convocation lancée par les enquêteurs de l'Office anticorruption de la police judiciaire dans le cadre de l'affaire des soupçons d'emplois fictifs portant sur ses assistants parlementaires européens du FN.

Cependant, si elle permet d’éviter une convocation, l’immunité parlementaire n’empêche pas d’être mis en examen.

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