Affaire Jamal Khashoggi : le président de Reporters sans frontières demande « une enquête internationale »
Invité de l’émission « On va plus loin », le président de Reporters sans frontières, Pierre Haski, demande « une enquête internationale » sur la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.

Affaire Jamal Khashoggi : le président de Reporters sans frontières demande « une enquête internationale »

Invité de l’émission « On va plus loin », le président de Reporters sans frontières, Pierre Haski, demande « une enquête internationale » sur la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Disparu depuis le 2 octobre dernier, alors qu’il a été vu entrer dans le consulat saoudien à Istanbul, le journaliste Jamal Khashoggi est devenu, bien malgré lui, l’objet d’une macabre affaire,  alors que de forts soupçons pèsent sur le pouvoir saoudien.

Les ministres des affaires étrangères du G7 ont demandé une enquête « crédible et transparente », quand de leur côté, les Américains semblent vouloir protéger les dirigeants saoudiens, même si le secrétaire américain au Trésor a annulé jeudi sa participation au forum économique de Ryad, comme de nombreuses personnalités politiques et économiques.

Interrogé sur ces multiples annulations au « Davos du désert », et notamment celle du ministre de l’économie Bruno Le Maire, Pierre Haski, le président de Reporters sans frontières, répond : « C’est incontournable. On a un prince héritier [Mohammed Ben Salman – NDLR] qui est devenu infréquentable. (…) L’Arabie Saoudite a investi trois milliards de dollars dans le capital d’Uber. Le patron d’Uber boycotte ce sommet. Christine Lagarde, la directrice générale du FMI [Fonds monétaire internationale - NDLR] a également annoncé qu’elle n’y allait pas. Je pense que ce sommet risque même d’être annulé. »

« La vraie question aujourd’hui c’est l’avenir du prince héritier. »

« C’est sans précédent parce que l’Arabie Saoudite est un pays tellement puissant. Ses réserves pétrolières, ses moyens financiers, font qu’en général, on fait très attention avant de [la] critiquer. Là, il y a un cap qui a été franchi. » analyse Pierre Haski. «  Alors est-ce que ce sera durable ? Est-ce que tout le monde attend que l’orage disparaisse ?  Je ne pense pas. Parce que les détails sont trop saugrenus. La vraie question aujourd’hui c’est l’avenir du prince héritier. Est-ce qu’il va y avoir un changement à Ryad ?  Ce n’est pas du tout impossible. »  

Et il ajoute : « Aujourd’hui, personne n’est prêt à parier un centime ou un dollar sur l’avenir de ce prince. Parce que cet évènement est symboliquement très grave (…) Il y a eu des assassinats d’opposants ou de dissidents  partout dans le monde. Tous les détails qui sortent et le fait que ça se passe dans une enceinte diplomatique à l’étranger - et vraisemblablement les pistes remontent au prince lui-même - font que c’est trop. »

Une enquête internationale demandée

Le président de Reporters sans frontières réclame une enquête internationale : « Ce que demande RSF avec les autres ONG internationales (…) c’est une enquête internationale qui ne soit pas laissée, ni à la Turquie, ni évidemment à l’Arabie Saoudite elle-même. Ni même aux États-Unis, qui essaient d’arranger les choses dans cette affaire. Qu’il y ait une enquête internationale qui soit confiée, par exemple, aux Nations Unies, et qu’on aille au bout de cette affaire (…) C’est littéralement insupportable qu’un homme qui est résident aux États-Unis, qui est un réfugié qui écrit dans un journal comme le Washington Post, puisse disparaître de cette manière. S’il y avait une impunité dans cette affaire ce serait un très très mauvais précédent et ce serait un encouragement à tous les soi-disant hommes forts de cette planète (…) pour faire n’importe quoi avec la liberté de la presse. »

 

Vous pouvez voir et revoir l’entretien avec Pierre Haski, en intégralité :

 

Affaire Jamal Khashoggi : entretien avec Pierre Haski, président de Reporters sans frontières (en intégralité)
08:45

Partager cet article

Dans la même thématique

SIPA_01059366_000001
7min

Politique

Bataille audiovisuel public/médias Bolloré : « Ce n’est pas la gauche contre la droite, mais un modèle démocratique contre un modèle illibéral »

Le paysage audiovisuel français est en train de se fracturer en deux blocs. L’animateur vedette, Pascal Praud a accusé la patronne de France Télévision, Delphine Ernotte de mettre « une cible » sur les journalistes sa chaîne, après que cette dernière a qualifié CNews de « chaîne d’extrême droite ». A moins de deux ans de l’élection présidentielle, l’Arcom, le gendarme de l’audiovisuel, subit une pression inédite. Son président, Martin Ajdari sera, auditionné dans quelques jours au Sénat.

Le

Affaire Jamal Khashoggi : le président de Reporters sans frontières demande « une enquête internationale »
5min

Politique

Mobilisation du 18 septembre : « Soit une politique de rupture est menée, soit on continue à mettre la pression »

A l’appel de l’intersyndicale, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue partout en France pour protester contre le projet de budget pour 2026. Dans le cortège parisien, les manifestants, pas convaincus par la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, sont déterminés à maintenir la pression sur l’exécutif. Reportage.

Le

SIPA_01229633_000009
1min

Politique

Info Public Sénat. Bataille audiovisuel public/médias Bolloré : une délégation de sénateurs LR reçue à Radio France le 30 septembre

Alors que le ton se durcit entre les dirigeants de l’audiovisuel public et la chaîne CNews de Vincent Bolloré, qualifiée « d’extrême droite » par Delphine Ernotte, une délégation de sénateurs LR sera reçue par la patronne de Radio France Sibyle Veil le 30 septembre. Le 1er octobre, le président de l’Arcom, Martin Ajdari sera, lui, auditionné par la commission de la culture et de la communication de la chambre haute.

Le