Affaire Karachi: la Cour de justice de la République ordonne un procès pour Balladur et Léotard

Affaire Karachi: la Cour de justice de la République ordonne un procès pour Balladur et Léotard

La Cour de justice de la République (CJR) a décidé de juger l'ancien Premier ministre Edouard Balladur et son ex-ministre...
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

La Cour de justice de la République (CJR) a décidé de juger l'ancien Premier ministre Edouard Balladur et son ex-ministre François Léotard dans le volet financier de l'affaire Karachi, a annoncé mardi le procureur général François Molins dans un communiqué.

Les deux hommes sont renvoyés pour "complicités d'abus de biens sociaux" et, pour M. Balladur, recel de ces délits, dans cette affaire de possible financement occulte de la campagne présidentielle de 1995 de ce dernier, via des rétrocommissions révélées par l'enquête sur l'attentat de Karachi en 2002 au Pakistan.

Cet arrêt, rendu lundi par la commission d'instruction de la CJR, est conforme aux réquisitions prises le 12 juillet par le procureur général.

La CJR est la seule instance habilitée à juger des membres du gouvernement pour des faits commis dans l'exercice de leurs fonctions, mais son existence même est en sursis.

Les deux anciens commis de l'Etat étaient mis en examen depuis 2017 dans cette affaire.

M. Léotard est notamment accusé d'avoir mis en place un "circuit opaque" au coeur des contrats d'armements signés par ces industriels avec le Pakistan et l'Arabie Saoudite sous le gouvernement Balladur.

Ce dernier se voit reprocher d'avoir "donné des instructions tendant à ce que le ministre du Budget consente à ce que l'Etat donne sa garantie à des contrats déficitaires ou sous-financés" à cause notamment de commissions douteuses, selon le communiqué.

Il sera jugé également pour recel de ces abus, "en particulier pour avoir pu ainsi financer sa campagne électorale de 1995, notamment grâce à des espèces à hauteur de 10.250.000 francs, susceptibles de provenir de rétro-commissions sur ces marchés".

"M. Edouard Balladur est confiant dans l'issue de cette procédure, dans la mesure où il n’a jamais commis aucun des actes qu'on lui reproche", ont réagi ses avocats François Martineau et Félix de Belloy.

L'affaire de Karachi doit son nom à l'attentat du 8 mai 2002 qui avait fait quinze morts, dont onze employés français de la Direction des chantiers navals (ex-DCN) qui travaillaient à la construction d'un des sous-marins Agosta vendus au Pakistan.

L'enquête antiterroriste a exploré depuis 2009 la thèse - non confirmée - des représailles à la décision de Jacques Chirac, tombeur d'Edouard Balladur à la présidentielle, d'arrêter le versement de commissions dans ces contrats après son élection.

En creusant cette hypothèse, les magistrats avaient acquis la conviction que les comptes de campagne de M. Balladur, pourtant validés, avaient été en partie financés par des rétrocommissions - illégales -, à hauteur de 13 millions de francs (près de 2 millions d'euros), en marge des contrats de sous-marins au Pakistan et de frégates à l'Arabie Saoudite (Sawari II).

Dans la même thématique

Paris: Handover ceremony of Borne and Attal at Matignon Palace
10min

Politique

Renaissance : Gabriel Attal a-t-il déjà « plié le match » face à Elisabeth Borne pour prendre la tête du parti ?

Pas encore officiellement lancée, la candidature de Gabriel Attal pour prendre la tête de Renaissance ne fait plus beaucoup de doute en interne. Une bataille d’ex-premiers ministres, face à Elisabeth Borne, déjà candidate, va s’engager, au risque de tomber dans la guerre des chefs. Mais certains, à commencer par Emmanuel Macron, prônent un accord pour avoir un seul candidat.

Le

Affaire Karachi: la Cour de justice de la République ordonne un procès pour Balladur et Léotard
3min

Politique

Montée de l’antisémitisme : « Les condamnations ne sont pas suffisantes », selon Roger Karoutchi

Ce lundi, Roger Karoutchi, sénateur (LR) des Hauts-de-Seine, président du groupe d’amitié France/Israël, était invité de la matinale de Public Sénat. Il a qualifié d’« insensé » la décision d’Emmanuel Macron d’arrêter de livrer des armes à Israël. Le sénateur a également rappelé « le rythme insoutenable » des actes antisémites commis depuis le 7 octobre.

Le

Paris: French New Government Weekly Cabinet Meeting
4min

Politique

Agriculture : Michel Barnier annonce des prêts garantis et une aide de 75 millions d’euros, les éleveurs attendent de voir

En déplacement au Salon de l’élevage à Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme), Michel Barnier a annoncé une aide de 75 millions d’euros pour les éleveurs de brebis victimes de la fièvre catarrhale ovine et des prêts garantis par l’Etat pour les exploitations en difficulté. Des mesures bienvenues pour les agriculteurs qui ne calment pas pour autant leur colère.

Le

Saint Ouen : Karime Boumrane new political movment France Humaine et Forte
8min

Politique

Glucksmann, Bouamrane, Delga : « Le crépuscule du macronisme peut faire espérer une reconstruction à gauche »

Karim Bouamrane qui lance son mouvement, Raphaël Glucksmann qui veut donner à Place publique une nouvelle dimension, sans oublier Carole Delga, tout ce qui gravite autour de la social-démocratie s’active et s’organise, en vue, déjà, de 2027. Mais avec un paradoxe : cette gauche anti-Mélenchon ne peut faire totalement sans LFI pour l’emporter.

Le