Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.
Affaire Lactalis : « Cela peut avoir un impact à long terme sur l’export »
Par Guillaume Jacquot (Sujet vidéo : Flora Sauvage)
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Très discret dans ses apparitions publiques, le patron de Lactalis Emmanuel Besnier s’est livré à la presse pour la seconde fois depuis que l’affaire de laits infantiles contaminés aux salmonelles dans une usine du groupe a éclaté début décembre. Son absence lors d’un cycle d’auditions lancé en janvier au Sénat – il avait été représenté par son directeur de la communication – avait heurté plusieurs membres de la commission des Affaires économiques
Dans ce long entretien aux Échos, le PDG a annoncé la fermeture de la tour de séchage numéro 1 du site de Craon (en Mayenne), à l’origine du problème. Dans cette structure, sur laquelle le groupe a procédé à des travaux après son rachat, la souche de bactérie qui avait rendu des bébés malades en 2005 s’avère identique à celle qui a été retrouvée dans l’environnement de la tour en août et novembre 2017. L’institut Pasteur révèle ce jeudi que la souche incriminée a également contaminé 25 autres bébés entre 2006 et 2016.
Un coût de « plusieurs centaines de millions d’euros »
Aujourd’hui, Emmanuel Besnier s’interroge sur les tests qui ont été conduits ces derniers mois par un laboratoire externe après les opérations de nettoyage. « Nous avons beaucoup de mal à comprendre comment 16.000 analyses réalisées en 2017 ont pu ne rien révéler. Nous avons des doutes sur la sensibilité de tests. »
Sur le front économique, l’entreprise commence à communiquer. Le patron de Lactalis parle de la plus « grande crise » de sa carrière et livre une première estimation de son préjudice. Elle pourrait coûter au groupe « plusieurs centaines de millions d’euros ». L’affaire pourrait même « coûter l’agrément l’exportation », selon lui.
Deux sénateurs qui étaient intervenus durant l’audition du directeur de la communication de Lactalis, redoutent les conséquences sur le long terme de cette crise. « Je suis inquiet car ce sont des milliers d’emplois sur le sol national, et évidemment, cela va dégrader la marque », réagit le sénateur (communiste) Fabien Gay, qui refuse que les consommateurs, mais aussi les salariés et les éleveurs « payent » les pots cassés.
« À un moment, ça craque »
Au-delà des protocoles techniques qui seront réévalués pour l’export, le sénateur Laurent Duplomb (LR) soulève la « problématique médiatique ». « L’image qui est donnée aujourd’hui de Lactalis, par rapport à ce qui s’est passé, peut faire peur à certains pays en termes d’importations. Tout cela va conduire obligatoire à une chute de la consommation des produits de Lactalis ».
Devant notre micro, les deux parlementaires ne tirent pas les mêmes conclusions de cet incident sanitaire. « Derrière cela, c’est un système global qu’il faut dénoncer », explique Fabien Gay. « On est dans un système où c’est la rentabilité financière et les marges qui sont les plus forts. Et on le voit dans une crise comme celle-ci, à un moment ça craque […] Aujourd’hui, c’est Lactalis, et demain, ce sera d’autres. »
« Le principe de précaution fait croire aux gens que le risque zéro est existant alors que ce n’est pas le cas »
« La problématique qu’on a à se poser, c’est de savoir si aujourd’hui si le risque encouru est véritablement un risque énorme ou si ce qui s’est passé a été disproportionné », essaye de tempérer le sénateur LR de Haute-Loire. Éleveur dans sa vie professionnelle, Laurent Duplomb insiste sur la qualité rigoureuse des produits français et rappelle que les décès liés à une intoxication alimentaire étaient estimés à 15.000 en 1950 (un chiffre présenté dans un rapport sénatorial de 2004 sur la sûreté alimentaire).
Malgré les contrôles, le risque zéro ne pourra pas être atteint, selon lui. « Aujourd’hui on a énormément progressé sur la qualité de la nourriture, sur la qualité sanitaire. Il faut raison garder par rapport à toutes ces choses-là. On ne peut pas faire des procès sans cesse, disproportionnés […] Le principe de précaution fait croire aux gens que le risque zéro est existant alors que ce n’est pas le cas. »