Affaire McKinsey : « Les cabinets de conseil sont devenus absolument nécessaires et indispensables », déplore Jean Lassalle

Affaire McKinsey : « Les cabinets de conseil sont devenus absolument nécessaires et indispensables », déplore Jean Lassalle

Le député Jean Lassalle, candidat à l’élection présidentielle, était l’invité de notre matinale jeudi 7 avril. Pour lui, le recours aux cabinets de conseil, un sujet qui agite la campagne d’Emmanuel Macron, supplée à une perte de compétences au sein de l’appareil d’Etat. Une situation qu’il regrette.
Romain David

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Le Parquet national financier (PNF) a annoncé mercredi 6 avril avoir ouvert une enquête préliminaire du chef de « blanchiment aggravé de fraude fiscale », suite au rapport de la commission d’enquête du Sénat sur l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques. Ce document, qui pointe le recours grandissant aux prestataires privés par l’exécutif, révèle que la filiale française du cabinet américain McKinsey, notamment sollicitée pour la mise en place de la campagne de vaccination contre le covid-19, n’a pas payé d’impôts en France depuis au moins dix ans. Les sénateurs ont d’ailleurs saisi la justice pour une suspicion de faux témoignages, Karim Tadjeddine, directeur associé de McKinsey, ayant soutenu l’inverse durant son audition au Palais du Luxembourg.

L’ouverture d’une enquête, « c’est le minimum qui pouvait être fait pour tenter d’éteindre le feu à 60 heures d’un scrutin très important », a raillé Jean Lassalle jeudi matin, au micro de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat. Il rappelle ainsi que le rapport du Sénat est venu semer le trouble dans la campagne éclair du président sortant, en offrant à ses adversaires un angle d’attaque tout trouvé contre celui qui reste le favori des sondages.

McKinsey, « dans l’intimité de l’organisation d’un pays »

Jean Lassalle, qui a fondé dans les années 1980 son propre cabinet de conseil, estime toutefois que l’Etat ne peut plus se passer de ce type de prestataires, en raison d’une baisse des compétences dans les services. « Les cabinets de conseil sont absolument nécessaires et indispensables. Sinon vous n’avez pas un architecte en France. Ce sont tous des ingénieurs », relève celui qui candidate à la présidence de la République pour la seconde fois. Il dénonce, néanmoins, l’ampleur du phénomène. « Je n’avais pas accès à la quinzaine de chefs d’Etats, parmi les plus importants du monde, auxquels McKinsey a eu accès. Je ne rentrais pas dans l’intimité de l’organisation d’un pays, par exemple dans l’intimité de la gestion du covid, dans l’intimité de l’élection d’un président et, maintenant, de sa réélection », tacle-t-il. Une manière d’évoquer la participation bénévole de certains consultants de McKinsey à la campagne d’Emmanuel Macron en 2017, comme le rappelle Le Monde.

« C’est un rejet de nous-même »

Jean Lassalle, enfin, en appelle au génie français. « Si la France du peuple souverain, de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui a procédé avec la Grande-Bretagne à la plupart des plus grandes inventions du monde, n’est pas capable de trouver l’ingénierie et l’administration suffisante, c’est un véritable déni de ce que nous sommes. C’est en cela, peut-être, que ce scandale est le pire », dénonce-t-il. Et de conclure : « C’est un rejet de nous-même. Nous nous crachons à la figure nous-même. »

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