Affaire McKinsey : « Toute la lumière doit être faite », demandent les sénateurs de la commission d’enquête

Affaire McKinsey : « Toute la lumière doit être faite », demandent les sénateurs de la commission d’enquête

Après l’ouverture d’une enquête du Parquet national financier sur le rôle des cabinets de conseil dans les deux dernières campagnes présidentielles, remportées par Emmanuel Macron, Arnaud Bazin et Éliane Assassi estiment que cette affaire « revêt une importance majeure pour notre vie démocratique ».
Guillaume Jacquot

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[ Mise à jour le 25 novembre 2022 à 14h15]

De nouvelles enquêtes du Parquet national financier visant le rôle des cabinets de conseil ont été ouvertes le mois dernier, annonce le procureur Jean-François Bohnert ce 24 novembre. S’exprimant dans un communiqué après les révélations du Parisien, le PNF indique qu’une information judiciaire a été ouverte le 20 octobre sur les conditions d’intervention des cabinets de conseil dans les campagnes électorales de 2017 et 2022, deux campagnes remportées par Emmanuel Macron. L’enquête repose sur des soupçons de « tenue non conforme de comptes de campagne » de « minoration d’éléments comptables dans un compte de campagne ». La seconde information judiciaire a été ouverte le lendemain, « des chefs de favoritisme et recel de favoritisme ».

Ces procédures font suite à des plaintes d’élus, d’associations ou de particuliers, a précisé le procureur. Elles s’ajoutent à une enquête préliminaire, ouverte en mars, visant le cabinet de conseil McKinsey, pour un chef de « blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée ». Cette enquête avait été ouverte à la suite d’un signalement du Sénat, intervenu après des soupçons de faux témoignage de la firme devant la commission d’enquête sur l’intervention des cabinets de conseil dans les politiques publiques.

McKinsey interrogé par la commission d’enquête du Sénat en janvier sur son rôle dans la campagne d’Emmanuel Macron

Au cours de ses travaux, la commission d’enquête avait eu l’occasion d’interroger le cabinet sur son rôle durant la campagne d’Emmanuel Macron, mais également sur son accompagnement à titre gracieux (pro bono) pour la préparation d’évènements au sommet de l’État.

Dans son rapport choc, publié en mars 2022, la commission d’enquête avait épinglé l’interventionnisme croissant des cabinets de conseil et notamment le niveau élevé des prestations facturées. La préparation d’un colloque sur l’avenir du métier d’enseignant, réalisé par McKinsey à la demande du ministère de l’Education nationale, pour un montant de 496 800 euros, est très vite devenue l’une des révélations les plus virales de la commission d’enquête.

Arnaud Bazin et Éliane Assassi soulignent que le gouvernement n’a pas inscrit leur proposition de loi à l’agenda de l’Assemblée nationale

Ce 24 novembre, l’ancien président de la commission, Arnaud Bazin (LR) et l’ex-rapporteure Éliane Assassi (communiste) ont réagi à l’ouverture des nouvelles informations judiciaires. « Toute la lumière doit être faite sur cette affaire, qui revêt une importance majeure pour notre vie démocratique », ont-ils indiqué dans un communiqué. Cette affaire s’ajoute, selon eux, aux « constats alarmants dressés par la commission d’enquête du Sénat ». Ces différents volets traduisent « le manque de transparence de l’État dans ses relations avec les cabinets de conseil ».

Les deux parlementaires regrettent à ce titre que le gouvernement « n’ait pas souhaité » inscrire leur proposition de loi, adoptée à l’unanimité le 19 octobre, pour mieux renforcer le contrôle et la transparence du recours aux consultants privés dans l’administration, et interdire notamment les prestations gratuites de ces cabinets. « Il faut agir rapidement pour mieux encadrer l’intervention des cabinets de conseil », plaident-ils une nouvelle fois. Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques s’était engagé au Sénat à ce que le texte soit inscrit.

Interrogé en marge d’un déplacement à Dijon le 25 novembre, Emmanuel Macron a affirmé « ne pas croire être au cœur de l’enquête ». Le chef de l’Etat a également ajouté : « C’est normal que la justice fasse son travail ».

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