Le devoir d’informer
« Officine de propagande », « cabinet noir » à chaque fois les mêmes accusations ressurgissent. Invité cette semaine de l’Info dans le Rétro Nicolas Brimo,journaliste du Canard Enchainé depuis 1971, constate que « cet argument revient à chaque grande affaire », rajoutant avec une certaine légèreté « qu’ils ont l’habitude ». Pourtant la date de parution de certaines révélations peut surprendre. En 1981, à trois jours du second tour de la présidentielle, Nicolas Brimo signe un article à l’origine de l’affaire Maurice Papon alors ministre du candidat Valéry Giscard d’Estaing. Son passé collaborationniste est divulgué dans la presse et le journaliste de l’époque est soupçonné d’avoir passé un accord avec l’équipe de François Mitterrand. « C’est stupide ! » réplique-t-il « ça ne marche pas comme ça le journalisme ». Pour lui, l’influence de cette affaire sur le dénouement de l’élection est à relativiser car la victoire était déjà acquise au candidat socialiste.
Les informations publiées dans la presse peuvent faire du bruit mais « croire que les medias font une élection est un vieux truc de politiques et de journalistes » commente Patrick Eveno, historien spécialiste des médias. Un jour la droite, le lendemain la gauche
« Quand l'affaire cahuzac a été révélée, on a pas entendu la droite » ajoute l'historien.
Extrait - L'info dans le Rétro - Peut-on tout révèler ?
Peut-on s’en remettre ?
Les secrets politico-financiers que le journal publie dévoilent des procédés parfois légaux mais contraire à la moralité publique. En 1971, le Canard Enchainé détaille la feuille d 'impôt de Jacques Chaban Delmas, alors Premier ministre de Georges Pompidou et révèle que celui-ci n’a pas payé d’impôt pendant trois ans. Pour se défendre, l’homme politique se retranche dans la légalité mais ne parvient pas à se relever de cette affaire. Affaibli, il est contraint de démissionner en juillet 1972.
Les affaires révélées par l’hebdomadaire collent à certains hommes politiques « comme un sparadrap » pour reprendre l’expression de Nicolas Brimo. Pour que celui-ci adhère, il faut toutefois que la personne accusée soit déjà en situation de faiblesse et d’isolement politique, comme s’accordent à penser nos deux invités. Une situation dans laquelle risque de se trouver François Fillon, dernière victime en date de l’irrévérencieux hebdomadaire.