Affiche de LFI sur Cyril Hanouna : Bruno Retailleau annonce l’avoir « signalée à l’autorité judiciaire »

Devant le Sénat, le ministre de l’Intérieur a dénoncé l’antisémitisme « d'une extrême gauche très sectaire », après la publication par LFI d’une affiche polémique, figurant l’animateur Cyril Hanouna avec des codes visuels similaires à ceux des années 1930. « Qui, dans ce parti, s’est excusé ? », a-t-il lancé.
Romain David

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé ce mercredi 19 mars avoir signalé à la justice l’affiche publiée par La France insoumise sur les réseaux sociaux, et représentant l’animateur Cyril Hanouna avec des codes visuels qui évoquent ceux des caricatures antisémites des années 1930. « Je ne céderai jamais. À chaque fois que cette ligne est dépassée, je l’ai signalé à l’autorité judiciaire. C’est important dans la mesure où je pense que cette violence, cette outrance et surtout cet antisémitisme sont un poison », a déclaré le locataire de la place Beauvau à l’occasion de la séance de questions d’actualité au gouvernement du Sénat.

Quelques minutes plus tôt, il avait été vivement interpellé à ce sujet par le sénateur LR Olivier Paccaud. « Voici quelques jours, un parti ayant pignon sur rue, pupitre à l’Assemblée, micro ouvert dans tous les médias, a publié une affiche odieuse directement inspirée de la propagande antisémite nazie, reprenant tous ces codes », a-t-il épinglé. « Cette affiche n’émane pas d’un loup solitaire ou d’un déséquilibré, mais d’un parti organisé, braconnant aux confins du champ républicain et multipliant les provocations ».

Dans sa réponse, le ministre a dénoncé « les relents clairement antisémites » du visuel. « L’affiche a été très vite retirée. Certes, mais qui s’est excusé ? », a interrogé le Vendéen. « J’ai entendu quelques voix. Mais qui, dans ce parti que vous avez pointé, et qui est représenté à l’Assemblée nationale, s’est excusé ? », a-t-il lancé.

Un visuel généré avec l’IA

L’affiche en question invitait à la mobilisation pour la journée du 22 mars prochain. Apparue le 11 mars sur X (ex-Twitter), le réseau social d’Elon Musk, elle mettait en scène le visage menaçant de l’animateur, aux contours accentués par un effet de noir et blanc, l’air colérique avec les sourcils froncés, au-dessus du message suivant : « Manifestations contre l’extrême droite, ses idées… et ses relais ! » Cyril Hanouna a annoncé par le biais de son avocat son intention de porter plainte contre La France insoumise (LFI).

Sur France 5, le député LFI Paul Vannier a reconnu « une erreur », expliquant que cette image avait été générée par l’Intelligence artificielle Grok, un Chatbot à disposition des utilisateurs de X. « Nous avions cette règle depuis plusieurs années de ne jamais recourir à ces logiciels. Probablement parce que ceux d’Elon Musk contiennent en eux-mêmes, en effet, des choses qui sont nauséabondes », a-t-il plaidé.

Mais sur le plateau de France 3, dans l’émission « Dimanche en politique », Jean-Luc Mélenchon a estimé que la polémique déclenchée par ce visuel s’apparentait à « une offensive » contre son parti. « Vous avez tous ceux qui sont là pour aboyer en cadence et dire ‘oui, oui, oui’, parce qu’ils pensent qu’ils vont nous disqualifier comme ça », a-t-il taclé.

« LFI : la France indigne, ignoble, immonde, inculte ! »

« L’antisémitisme a muté. Il revient en force. Hier, et aujourd’hui encore sans doute, il était le fait de l’extrême droite. Aujourd’hui, c’est résiduel », a estimé Bruno Retailleau depuis l’hémicycle du Sénat ce mercredi. De quoi déclencher les huées la gauche. « Désormais, il présente un double visage, le visage de l’islamisme politique et le visage d’une extrême gauche très sectaire, qui utilise l’antisionisme pour attiser la haine raciste, la haine antisémite, en instrumentalisant d’ailleurs souvent la cause palestinienne à des fins électoralistes. »

« L’antisémitisme a l’âge de la Bible et même plus. Il a toutes les couleurs de l’arc-en-ciel de la haine, le vert de l’islamisme, le brun du fascisme et le rouge sang de LFI : la France indigne, ignoble, immonde, inculte ! », a encore tonné Olivier Paccaud dans sa réplique au ministre. Avant d’inviter les autres partis de gauche à couper tout lien avec le mouvement de Jean-Luc Mélenchon. « Réveillez-vous, vous qui êtes républicains, brisez vos chaînes de la soumission électorale à LFI. Amis républicains, faites fi de LFI ! »

Partager cet article

Dans la même thématique

Affiche de LFI sur Cyril Hanouna : Bruno Retailleau annonce l’avoir « signalée à l’autorité judiciaire »
9min

Politique

Budget : l’unité entre le PS et Les Ecologistes mise à mal par les discussions avec Sébastien Lecornu ?

Au moment où vont s’engager les discussions avec le premier ministre, Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, marque sa différence avec le PS, se prononçant déjà pour le départ de Sébastien Lecornu. « On a notre stratégie et le PS a la sienne », assume le sénateur écolo Thomas Dossus. Elle veut « être au centre de la gauche », entre LFI et le PS, mais « il ne faut pas faire de grand écart qui fasse mal aux adducteurs », met-on en garde au PS…

Le

SIPA_01212671_000009
7min

Politique

Supprimer les avantages des anciens Premiers ministres : la mesure déjà adoptée au Sénat contre l’avis du gouvernement

Pour illustrer « la rupture » promise lors de son entrée en fonction, Sébastien Lecornu a indiqué vouloir supprimer les derniers avantages « à vie » qui sont encore accordés aux anciens membres du gouvernement. Un amendement en ce sens avait été adopté en janvier dernier lors de l’examen du budget 2025. Il allait plus loin et visait aussi les avantages des anciens présidents de la République. François Bayrou n’y était pas favorable et la mesure n’avait pas survécu à la navette parlementaire.

Le

Paris : Preparations for the handover ceremony of the new Prime minister
3min

Politique

Quels sont les avantages dont bénéficient les anciens Premiers ministres et ministres ?

Sébastien Lecornu a annoncé sa volonté de mettre un terme aux derniers privilèges accordés à vie aux anciens Premiers ministres, dans le cadre d’un effort global de réduction de la dépense publique. Une mesure qui concernerait actuellement 17 anciens locataires de Matignon, alors que ces avantages restent relativement limités.

Le