Agression d’un cadre du PS: le député LREM mis en examen pour « violences volontaires »

Agression d’un cadre du PS: le député LREM mis en examen pour « violences volontaires »

Une violente altercation, deux versions radicalement opposées: trois jours après l'agression à coup de casque d'un cadre du PS,...
Public Sénat

Par Nathalie ALONSO

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Une violente altercation, deux versions radicalement opposées: trois jours après l'agression à coup de casque d'un cadre du PS, Boris Faure, sur fond de différends politiques, le député LREM M'jid El Guerrab a été mis en examen samedi et risque une exclusion de son parti.

Après 24 heures de garde à vue, le député de 34 ans a été mis en examen par un juge d'instruction pour "violences volontaires avec arme" ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) supérieure à 8 jours, selon une source judiciaire.

Le député de la 9e circonscription des Français de l'étranger (Maghreb, Afrique de l'Ouest) est soupçonné d'avoir porté mercredi deux violents coups de casque de scooter à Boris Faure, premier secrétaire de la fédération PS des Français de l'étranger. Sorti samedi de l'hôpital où il était soigné pour un traumatisme crânien, il s'est vu prescrire provisoirement "plus de 30 jours d'ITT", selon son avocat Me Patrick Klugman.

"M. El Guerrab regrette naturellement la tournure prise par les événements" et "réaffirme qu'il n'est pas à l'origine de l'altercation", a déclaré à l'AFP l'avocat du député, Yassine Yakouti.

"La famille de Boris Faure est absolument outrée par les déclarations de M. El Guerrab (...) Nous prendrons dès demain toutes les initiatives judiciaires pour rétablir M. Faure dans son statut de victime", a réagi Me Klugman, en précisant qu'il allait notamment se constituer partie civile.

Comme l'avait demandé le parquet de Paris, l'élu est soumis à un contrôle judiciaire l'interdisant d'entrer en contact avec la victime.

Le député n'aurait pas pu invoquer son immunité parlementaire pour faire obstacle à ce contrôle judiciaire ou à son placement en garde à vue dans la mesure où l'enquête vise un flagrant délit.

Depuis plusieurs mois, les deux hommes nourrissaient un contentieux né du départ du PS de M. El Guerrab, ancien conseiller du Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis.

M. Faure a accusé M. El Guerrab d'avoir rallié le mouvement d'Emmanuel Macron par "opportunisme", après avoir vu qu'il ne pourrait remporter la primaire locale pour l'investiture PS aux législatives cette année. Pour M. El Guerrab, cette primaire était une "mascarade".

- Deux versions -

Le jour de l'altercation, les deux hommes avaient débuté une discussion houleuse autour de leurs différends avant que les choses ne dégénèrent.

Les deux rivaux s'accusent mutuellement d'être à l'origine de l'agression et au terme des premières auditions, les deux parties "restent sur leurs positions initiales", a indiqué une source proche du dossier.

Boris Faure, dont l'état s'était dégradé et qui avait "dû être opéré en urgence" selon sa famille, a pu être auditionné vendredi par les enquêteurs et "conteste toute attitude et propos violents à l'encontre de M. El Guerrab", selon cette source.

Selon le témoignage de son épouse Delphine Langlois citée par France info, "ils ont commencé à discuter et, tout d'un coup, il a vu M. El Guerrab prendre son casque, prendre de l'élan, et taper, taper très fort. Il n'a vraiment pas compris".

De son côté, M'jid El Guerrab a admis avoir frappé Boris Faure mais il affirme que c'était en réaction à une agression physique de M. Faure qui lui aurait "tordu" le bras, a accusé son avocat Yassine Yakouti en précisant que son client s'est vu prescrire 6 jours d'ITT.

Selon lui, M. Faure le "harcèle depuis plus d'un an" et "l'a déjà menacé de mort à plusieurs reprises". D'après l'avocat, un témoin a affirmé que M. Faure aurait traité M. El Guerrab de "sale Arabe de merde".

"Le comportement de M. El Guerrab depuis l'agression a été perçue par M. Faure et sa famille comme une agression quasiment d'égale gravité", s'est insurgé Me Klugman.

M. El Guerrab est convoqué en début de semaine pour s'expliquer devant le parti La République en marche, qu'il avait rejoint fin 2016. Il a indiqué vendredi qu'il se mettait en "congé du parti et du groupe parlementaire LREM" mais cette affaire pourrait lui coûter son exclusion du mouvement.

Au PS, le président du groupe à l'Assemblée nationale a appelé le parti présidentiel à faire preuve de fermeté.

"Personne n'imagine aujourd'hui que M'jid El Guerrab puisse encore incarner la République dans sa circonscription", a déclaré Olivier Faure (sans lien de parenté), président du groupe Nouvelle Gauche à l'Assemblée.

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