Comment faire revenir le calme en Corse alors que les nuits d’émeute se succèdent en soutien au militant nationaliste Yvan Colonna gravement agressé par un codétenu la semaine dernière ?
Après avoir levé le statut de « détenu particulièrement surveillé » (DPS) qui avait empêché Yvan Colonna, d’être « rapproché » en Corse, Jean Castex à fait un nouveau pas en direction des nationalistes. Vendredi, le Premier ministre a annoncé la levée « sans délai » du statut de DPS d’Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, les deux autres membres du commando Erignac.
Après avoir « condamné fermement » les violences, qui ont vu notamment le palais de justice d’Ajaccio pris pour cible mercredi soir, Jean Castex a demandé l’élucidation « rapide et transparente », « des conditions dans lesquelles cet acte inacceptable (l’agression d’Yvan Colonna pu intervenir dans un établissement pénitentiaire ».
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Gilles Simeoni demande une commission d’enquête
Sur BFM TV, le président autonomiste du conseil de Corse, Gilles Simeoni a demandé au gouvernement « d’autres signes politiques » pour un retour au dialogue. « Ça passe par une enquête indépendante et l’intervention des parlementaires sur les circonstances plus que suspectes de la tentative d’assassinat contre Yvan Colonna », a-t-il estimé.
Rappelons ici, qu’en vertu du principe de la séparation des pouvoirs, une commission d’enquête parlementaire ne peut se substituer à une enquête judiciaire et administrative. En clair, une commission du Parlement ne pourra pas se pencher spécifiquement sur les circonstances ayant conduit à l’agression d’Yvan Colonna.
Ce qui n’empêche pas le groupe écologiste du Sénat de demander une commission d’enquête sur l’état sécuritaire des prisons françaises. « Cette agression (d’Yvan Colonna) interpelle autant par sa violence que par la situation extrêmement préoccupante dans les prisons qu’elle révèle. Prises d’otage, agressions de gardiens ou de détenus, l’état actuel du système pénitentiaire met quotidiennement en danger détenus et personnel pénitentiaire, et contrevient à l’obligation d’assurer leur sécurité », souligne le groupe écologiste du Sénat.
« Nous demandons à ce que la commission des lois se dote des prérogatives d’une commission d’enquête »
« Pour avoir fait de nombreuses visites de centres pénitentiaires, j’ai pu constater les conditions déplorables de détention. Il y a la nécessité d’incarcérer les personnes dangereuses. Il n’y a pas de débat là-dessus. Mais ces personnes ont été jugées pour être privées de liberté mais pas d’humanité. Nous demandons à ce que la commission des lois se dote des prérogatives d’une commission d’enquête », précise le président du groupe écologiste, Guillaume Gontard à publicsenat.fr
Le 6 mars dernier, dans une lettre adressée au président du Sénat, Gérard Larcher, la sénatrice (PS) des Bouches-du-Rhône Marie-Arlette Carlotti et le sénateur de Haute-Corse, Paulu-Santu Parigi (groupe écologiste) demandaient également la mise en place d’une commission d’enquête. Dans leur courrier, ils disent « mettre en cause l’état sécuritaire critique des prisons françaises et l’inacceptable banalisation d’un tel degré de violence, entre détenus particulièrement signalé (DPS) ».