Aides aux quartiers défavorisés : « On est dans de l’enfumage », dénonce Patrick Kanner
À l’issue d’une réunion avec des élus, le gouvernement a confirmé lundi qu’un milliard d’euros du plan de relance irait aux quartiers défavorisés. Pas de quoi satisfaire les sénateurs en pointe sur le sujet.

Aides aux quartiers défavorisés : « On est dans de l’enfumage », dénonce Patrick Kanner

À l’issue d’une réunion avec des élus, le gouvernement a confirmé lundi qu’un milliard d’euros du plan de relance irait aux quartiers défavorisés. Pas de quoi satisfaire les sénateurs en pointe sur le sujet.
Public Sénat

Par Pierre Maurer

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Un milliard d’euros. Soit 1 % du plan de relance de 100 milliards. C’est bien le montant qui sera octroyé aux quartiers défavorisés par le gouvernement, comme le réclamait la semaine dernière « l’appel au secours » lancé par une centaine d’élus de droite comme de gauche, inquiets de la « détresse sociale et économique » dans laquelle la crise sanitaire due au Covid-19 a plongé ces quartiers. Le Premier ministre Jean Castex a promis « lisibilité » et « transparence » sur leur utilisation, à l’issue d’une visioconférence ce lundi matin avec des élus.

« On est dans de l’enfumage », cingle en réaction le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner. Pour sa collègue sénatrice socialiste des Hautes-Pyrénées, Viviane Artigalas, qui va porter les amendements du groupe sur la politique de la ville pour le budget 2021, le problème vient du fait que ces aides ne sont pas « fléchées mais plutôt noyées ».  « On ne sait pas vraiment si ce sera un milliard », prévient-elle, plaidant pour « donner de façon ciblée », par exemple sur les contrats aidés.

Les sénateurs comptent saisir l’occasion du débat sur le budget 2021, commencé jeudi dernier, pour remettre la question sur la table. Le groupe socialiste va par exemple proposer la création d’un « Conseil national des solutions », comme le demande l’appel des maires, pour remplacer le Conseil national des villes, afin que des « solutions locales portent au niveau national, et pas l’inverse ». « Lors du discours des Mureaux, le président de la République a dit qu’il mettrait plus que les 200 millions prévus. Et bien qu’il le fasse ! », réclame-t-elle, notamment pour améliorer la qualité des logements de ces quartiers défavorisés.

« C’est une première étape. Mais les quartiers populaires demandent beaucoup plus d’investissements », réagit, lui, le sénateur communiste de Seine-Saint-Denis, Fabien Gay. « Les habitants des quartiers populaires ont été les plus durement frappés par la crise. Les inégalités se sont accrues. On a même craint des révoltes de la faim », rappelle-t-il. Selon lui, sa circonscription manque des services publics les plus élémentaires : de police, de justice, de médecins, de professeurs… Il estime que les mêmes problèmes se retrouvent dans « les territoires ruraux ou les outre-mer ». Et de conclure : « Au fond, les quartiers populaires ne demandent pas plus que les autres, mais simplement l’égalité. »

« Le Conseil national des villes est un endroit où on palabre sans aboutir sur le fond »

« Les maires ont obtenu une adhésion de principe mais il faut que ce milliard soit effectivement injecté rapidement et concrètement ». Pour Marc-Philippe Daubresse, sénateur les Républicains du Nord et ancien ministre délégué en charge du Logement et de la Ville de 2004 à 2005, « ce n’est pas qu’un problème d’argent ». Comme Viviane Artigalas, l’élu estime que « c’est un problème de bon ciblage des dispositifs et des gouvernances. » « Le Conseil national des villes est un endroit où on palabre sans aboutir sur le fond », critique-t-il en réponse à la ministre de la Ville, Nadia Hai, qui a annoncé l’installation « d’un comité de suivi et d’évaluation de l’ensemble des mesures que nous avons portées avec des élus territoriaux, des citoyens et des présidents d’associations. ». Lui préconise deux axes : « sanctuariser des fonds » et « créer des modes de gouvernances efficaces et territorialisés ».

En juillet 2018, le Sénat s’était déjà saisi de la question en créant, à l’initiative des sénateurs Patrick Kanner (PS) et Philippe Dallier (LR), à travers un groupe de travail permanent sur la politique de la ville, nommé Baromètre Banlieues. « Ce groupe de travail n’a jamais été pris en compte par le gouvernement », regrettait Patrick Kanner. Pas plus que le désormais fameux « rapport Borloo » sur la situation des quartiers populaires, rendu en mai 2018, et resté depuis lettre morte. « Le rapport Borloo d’avril 2018 était tout à fait approprié », estime Marc-Philippe Daubresse. Il termine : « On a perdu deux ans et demi. »

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