« Le sujet était réel : les médecins le disent, le planning familial le dit aussi » assène Laurence Rossignol, interrogée sur les délais d’IVG. « On sait que le confinement, l'état d'urgence, la désorganisation des hôpitaux et la concentration du travail sur la réanimation ont eu un effet délétère sur l'accès aux IVG. » Depuis le début du confinement, la sénatrice socialiste se bat pour faire adopter un amendement qui permettrait temporairement aux femmes de recourir à une interruption de grossesse jusqu’à 14 semaines au lieu de 12 actuellement. Mais l’amendement a été à nouveau rejeté.
Pour Laurence Rossignol, le gouvernement a trouvé un allié de poids lors du vote au Sénat, jeudi 28 mai, pour refuser la modification temporaire de la période légale d’IVG. « Le gouvernement a été obstinément buté et hostile à cet allongement des délais. À chaque fois qu'on les a alertés, ils ont dit ‘non, on reste dans les délais tels qu'ils sont’ » déclare la sénatrice de l’Oise. « Et ils ont trouvé hier, avec l'aile la plus conservatrice du Sénat, un excellent partenaire pour rejeter cet amendement qui pourtant a eu beaucoup plus de voix qu'ils n'en avaient eues les fois précédentes. »
« Je désespère de convaincre ce gouvernement, qui, je le rappelle, avait raconté qu'il faisait des femmes la grande cause du quinquennat, mais qui quand il est face à un vrai sujet sur la détresse des femmes est incapable de prendre la décision qu'il faut prendre. » Un état des lieux qui inquiète Laurence Rossignol, d’autant plus que les violences conjugales sont montées en flèche lors de la période de confinement. « Je rappelle que dans violences conjugales, il y a viol, et que l'augmentation des violences conjugales peut malheureusement aussi conduire à une augmentation des grossesses non-désirées ».