Ce mercredi, la Commission européenne a mis son veto à la fusion entre Alstom et Siemens. Le gouvernement français a réagi en qualifiant cette décision de « faute économique et politique » et le Premier ministre, Edouard Philippe, a parlé de « mauvaise décision » prise « sur de mauvais fondements ».
« Pour moi, c’est une faute stratégique et politique » déclare sur le plateau d’ »On va plus loin », Eric Revel, journaliste économique, qui va dans le sens du gouvernement : « On a besoin de grands projets industriels (…) et on est à deux mois des élections européennes (…) Le message politique qu’envoie cette commissaire européenne [Margrethe Vestager - NDLR] c’est de dire (…) que l’Europe n’est pas capable de protéger son marché en laissant des géants se construire, en revanche il se peut, même si ce n’est pas immédiat, que des Chinois ou d’autres, viennent nous menacer en Europe. »
Florian Philippot, président des Patriotes « aurai(t) aimer que ce soit l’État français qui bloque » cette fusion ou n’en soit pas à l’origine. Il est satisfait de voir qu’« un champion national » est « préserv(é) ». « Alstom Transport, c’est une entreprise qui fait 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires. 9 000 salariés en France, bénéficiaire, une dette extrêmement faible (…) : il n’y a aucun problème (…) Alstom (…) fonctionne très bien. »
Le président des Patriotes voit en Emmanuel Macron « le spécialiste (…) de la grande braderie des champions nationaux ».
Marie Lebec, députée LREM des Yvelines, déplore la décision de la Commission européenne :« On ne peut pas défendre les consommateurs si on tue toutes les industries européennes qui sont sur notre sol. Il faut absolument qu’on les pousse à se marier pour avoir une masse critique qui leur permette de rivaliser face aux géants internationaux. »
Olivier Fréget, avocat spécialisé en droit de la concurrence, estime que c’est la rationalité qui l’a emporté : « Il y a un débat rationnel possible en droit de la concurrence. Il a été mené et visiblement Alstom et Siemens, en dépit d’interventions du gouvernement français et du gouvernement allemand, ont été incapables de convaincre des gens qui sont rationnels, qui ne sont pas idéologiques ». Et d’ajouter : « Big n’est pas toujours beautiful. Ce qui fait la force d’une industrie - regardez l’industrie allemande, regardez l’industrie italienne - c’est parfois des entreprises de plus petite taille, qui coopèrent entre elles. On n’a pas aujourd’hui, la preuve (…) de cette hypothèse sous-jacente que puisque c’est gros, ce sera plus efficace. »
Vous pouvez voir et revoir ce débat, en intégralité :
OVPL; Débat sur le refus de la Commission europénne de laisser fusionner Alstom et Siemens 'intégral)