Pas encore officiellement lancée, la candidature de Gabriel Attal pour prendre la tête de Renaissance ne fait plus beaucoup de doute en interne. Une bataille d’ex-premiers ministres, face à Elisabeth Borne, déjà candidate, va s’engager, au risque de tomber dans la guerre des chefs. Mais certains, à commencer par Emmanuel Macron, prônent un accord pour avoir un seul candidat.
Ambitieux aux municipales, les écolos se préparent à un congrès à fleurets mouchetés
Par Baptiste BECQUART
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Les yeux rivés sur les municipales de mars, les écologistes d'EELV espèrent un congrès de novembre "apaisé". Mais une opposition entre les dirigeants sortants et ceux qui se réclament de Yannick Jadot a bel et bien lieu à travers les deux principales motions déposées vendredi.
Devant les journalistes, Julien Bayou dit "espérer un congrès ennuyeux". L'actuel porte-parole du parti, à la tête de la motion "Grandir ensemble" de la direction sortante, résume l'envie de consensus des militants.
Convaincus que leur heure est enfin venue, après avoir été une force d'appoint au PS, les Verts veulent enfin réussir à enchaîner un deuxième scrutin positif, après des élections européennes réussies en mai (13,5%).
A proscrire donc, les divisions et coups de billard à trois bandes, pour lesquels le parti a souvent été connu - et moqué. Avec la montée de la conscience écologique dans la société, les bons résultats électoraux et les bons sondages dans plusieurs villes, "nous sommes conscients d'avoir une opportunité énorme, et que nous nous ridiculiserions à se déchirer", confie l'ancienne députée Eva Sas à l'AFP.
Cela n'a pas empêché cette ex-trésorière de présenter une motion, "Le temps de l'écologie", contre le tandem des porte-parole Julien Bayou et Sandra Regol, qui reprennent le flambeau du secrétaire national David Cormand, élu député européen.
Car selon Eva Sas, "il faut une relation de confiance entre le parti et Yannick Jadot", tête de liste aux européennes et homme fort d'EELV. Elle affirme avoir une ligne "claire", clamant avoir toujours soutenu la vision de M. Jadot - qui ne se positionnera pas publiquement au congrès.
Mounir Satouri, signataire de la motion Sas, abonde: contrairement à Yannick Jadot, Julien Bayou était dans un premier temps partisan, pour le scrutin européen, d'une alliance avec Générations, le parti créé par Benoît Hamon: "La majorité sortante doit-elle être reconduite alors que les options qu'elle a défendues n'étaient initialement pas les mêmes que celle qui a gagné les européennes?"
- "Hégémonie" -
Cette "affirmation de l'écologie" a été "théorisée depuis trois ans par Cormand et Jadot l'a intuitivement mise en pratique", arbitre un fin connaisseur du parti.
"Nous proposons une équipe, que l'on peut compléter" plutôt que "renverser", plaide Julien Bayou. "Il faut assumer la radicalité de la spécificité écologiste, mais qui soit ouverte, pragmatique, qui joue collectif", tant en interne qu'en direction des autres forces, pense aussi David Cormand.
Le fonctionnement du congrès le permet en favorisant au deuxième tour, le 30 novembre, la synthèse des motions, et la cohabitation de ses leaders dans l'exécutif est probable.
Les deux camps pourraient d'autant plus se rassembler qu'ils sont d'accord sur l'essentiel: EELV doit passer d'une "écologie de témoignage" à une "écologie de responsabilité".
Aux municipales, le parti est donc ambitieux. "On ne veut plus être des supplétifs, on veut gouverner les exécutifs", martèle Yannick Jadot auprès de l'AFP. Les listes menées par un écologiste sont encouragées - même si demeure le sacro-saint principe de "subsidiarité", qui laisse décider les militants locaux.
Bordeaux (où EELV a récemment été crédité de 24,5% dans un sondage), Besançon, Nantes, Villeurbanne, Toulouse ou encore Perpignan font partie des cibles. Illustration d'une confiance nouvelle: à Marseille, Sébastien Barles a annoncé sa candidature sans attendre le rassemblement de la gauche, qui tarde à se concrétiser.
Yannick Jadot dit aussi vouloir désamorcer les préjugés d'une "écologie bobo des grandes villes" en prenant des "villages ou petites villes, ayant parfois des difficultés".
L'actuel secrétaire national adjoint Alain Coulombel, qui présente la troisième des quatre motions, voit d'un mauvais oeil la stratégie "hégémonique" entérinée au congrès. "Ca ne marche pas, c'est l'option Mélenchon et on a vu que ça l'a mené à l'isolement. Il faut fondre l'imaginaire ancien de la gauche avec le nouvel imaginaire écolo", soutient-il, demandant un "élargissement" rapide aux autres forces de gauche.
Désiré par MM. Cormand et Jadot avant les européennes, le "dépassement" d'EELV dans une "grande maison commune de l'écologie" a été repoussé en raison d'un but plus pressant, les municipales.