A première vue, tout semblait écrit. François Baroin a annoncé, mercredi 25 août, qu’il ne solliciterait pas de nouveau mandat à la présidence de l’Association des maires de France (AMF). Dans la foulée, le maire de Troyes a adoubé David Lisnard (LR), maire de Cannes, en vue de sa succession.
Mais une autre candidature est venue perturber la succession annoncée. Maire de Sceaux depuis 20 ans et secrétaire général de l’AMF, Philippe Laurent (UDI) a annoncé sa candidature depuis Brive-la-Gaillarde en Corrèze, ce jeudi 26 août, au Carrefour des collectivités territoriales.
« J’ai l’expérience nécessaire, je suis un interlocuteur reconnu », revendique Philippe Laurent. Lui a appris la démission de François Baroin ainsi que son soutien à David Lisnard au cours d’une visioconférence. « La façon dont ça s’est fait était assez étrange », rapporte le maire de Sceaux.
Une entrevue houleuse entre François Baroin et le bureau de l’AMF
Selon lui, François Baroin a réuni une partie des membres du bureau de la droite et du centre de l’AMF, « il nous a annoncé très rapidement qu’un accord avait été trouvé entre David Lisnard et André Laignel (actuel vice-président de l’AMF) ». La maire de Cannes se présente en effet au sein d’un binôme bipartisan avec l’actuel vice-président socialiste, André Laignel, en poste depuis près de 13 ans.
« Certains membres du bureau n’étaient pas très enthousiastes, ils estiment avoir le droit d’être consultés », rapporte Philippe Laurent. Sur Twitter, le maire de Saint-Germain-en-Laye a aussi donné son sentiment sur cette annonce : « Depuis quand les membres de l’AMF ne sont pas consultés sur leur futur président ? L’AMF doit être un lieu d’échanges et de propositions au service des maires de France et de leurs administrés ».
« Ces deux candidatures ont tout à fait leur légitimité »
« C’est une situation originale, je vous l’accorde. En ce moment, les candidats émergent de toutes parts, il n’y a pas de raison que l’AMF en soit privée », observe Françoise Gatel, présidente de la délégation sénatoriale aux collectivités territoriales.
En effet, les deux dernières élections n’ont connu qu’un seul candidat : François Baroin. « Cela va obliger à être dans l’exigence d’un programme et la presse va peut-être s’intéresser à ce qu’il va se passer lors de ce congrès », sourit la sénatrice centriste d’Ille-et-Vilaine.
Le 103e congrès des maires doit se tenir du 16 au 18 novembre 2021. A cette occasion, quelque 35 000 élus locaux voteront pour le futur président. « Ces deux candidatures ont tout à fait leur légitimité », estime Françoise Gatel.
La sénatrice centriste a travaillé aux côtés de Philippe Laurent lorsqu’elle était vice-présidente de l’AMF. « C’est un homme compétent qui connaît ses sujets, il œuvre au sein de l’AMF depuis longtemps et c’est un élu de terrain reconnu », assure la sénatrice centriste.
Une candidature sérieuse, donc. En face, le maire de Cannes, proche de l’ancien président de l’AMF Jacques Pélissard, lui apparaît comme « un candidat qui a des qualités » mais qu’elle connaît moins.
David Lisnard : un candidat plus médiatique
Vice-président et porte-parole de l’AMF, le maire LR de Cannes connaît une notoriété médiatique plus importante que celle de son concurrent. Sa tribune dénonçant la pesanteur bureaucratique de l’Etat sur les communes avait d’ailleurs reçu un large écho chez les maires au cœur de la crise sanitaire.
A l’applaudimètre, David Lisnard semble avoir une longueur d’avance. De nombreux messages de soutien ont afflué sur les réseaux sociaux pour saluer sa candidature. La sénatrice LR Alexandra Borchio-Fontimp a salué « un élu local d’une nouvelle génération ». « David Lisnard saura exprimer son profond attachement aux territoires », a aussi réagi le sénateur LR du Maine-et-Loire, Stéphane Piednoir, pour ne citer qu’eux.
De son côté, si Philippe Laurent ne peut revendiquer le soutien du président sortant, il se prévaut d’une amitié de taille, celle de Gérard Larcher. Le président du Sénat a préfacé son ouvrage « Maires de toutes les batailles » (Editions de l’Aube, 2021). « Une marque de confiance », se félicite Philippe Laurent. Reste à savoir si ce sera suffisant pour faire face au maire de Cannes.