Annonce de Laurent Wauquiez sur les pensions de retraites : « C’est une faute politique », considère Patrick Kanner

Invité de la matinale de Public Sénat, Patrick Kanner, sénateur du Nord et président du groupe socialiste au Sénat, a dénoncé l’annonce faite hier par Laurent Wauquiez sur la revalorisation des pensions de retraites. Le sénateur considère qu’il s’agit d’une « faute politique » du gouvernement de laisser un député présenter une mesure sur les retraites. Alors que le vote de la partie recettes du budget a lieu aujourd’hui à l’Assemblée, le sénateur constate qu’à présent « c’est au Sénat que les choses se feront ».
Camille Gasnier

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Hier soir, sur le plateau du journal de 20h de TF1, Laurent Wauquiez, président du groupe La Droite républicaine à l’Assemblée nationale, a annoncé une revalorisation des pensions de retraites au 1er janvier. Le député a déclaré : « Il y aura bien une revalorisation des retraites dès le 1er janvier pour toutes les retraites. Elle sera d’environ la moitié de l’inflation ». Il a également affirmé qu’une deuxième augmentation serait prévue pour le 1er juillet : « Au 1er juillet, il y aura une deuxième revalorisation pour les retraites les plus modestes avec un objectif : les protéger intégralement de l’inflation. Une sorte de bouclier anti-inflation pour qu’il n’y ait pas de perte de pouvoir d’achat ».

« M. Wauquiez est président d’un petit groupe à l’Assemblée nationale, et on a l’impression que c’est lui qui fait la pluie et le beau temps »

Le président du groupe socialiste au Sénat a dénoncé la forme de cette déclaration, faite par un député de la majorité, et non par le gouvernement : « Ce n’est pas normal, c’est même une faute politique pour le gouvernement de laisser un membre de la majorité, candidat potentiel en 2027, de dire ce que la France doit faire vis-à-vis des retraités, c’est du grand n’importe quoi ». Pour Patrick Kanner, « tout cela fait penser à la fête du slip, c’est du grand ridicule, une mesure aussi importante, qui touche des millions de nos concitoyens doit être annoncée par les autorités exécutives, je n’ai pas mémoire d’une mesure aussi importante annoncée par un membre de la majorité, M. Wauquiez est président d’un petit groupe à l’Assemblée nationale et on a l’impression que c’est lui qui fait la pluie et le beau temps ».

Sur le fond, le sénateur du Nord estime « qu’il ne faut pas toucher aux retraités, notamment les plus modestes ». Pour Patrick Kanner, il faut a contrario qu’« il y ait une réflexion sur les retraites les plus aisées et qu’elles soient peut-être moins augmentées et augmenter avec un décalage ».

« C’est au Sénat que les choses se feront »

Dans la nuit de vendredi à samedi, l’Assemblée nationale a achevé l’examen de la partie recettes du projet de loi de finances pour 2025, un texte modifié par plusieurs amendements, issus de la gauche et du Rassemblement national. Sur ces modifications, Patrick Kanner constate qu’« il y a beaucoup d’amendements, qui forment un attelage un peu compliqué, avec une forme de complicité du socle commun qui ne se mobilise pas, il y a eu une forme de désertion ». La première partie de ce budget doit faire l’objet d’un vote aujourd’hui à l’Assemblée nationale. S’il est adopté, les députés devront débuter l’examen de la partie dépenses. S’il est rejeté, la version du texte initialement déposé par le gouvernement sera transmise au Sénat.

Patrick Kanner estime que la situation politique actuelle donne une place importante au Sénat dans ce processus législatif : « C’est au Sénat que les choses se feront, parce qu’il y a une majorité, une opposition, deux grands groupes de l’Assemblée nationale n’existent pas au Sénat, à savoir le RN et LFI ». Un nouveau rôle de la Haute assemblée, d’« initiative » et non plus de « correction », que le sénateur du Nord ne salue pas forcément : « En tant que sénateur, je suis content pour le Sénat, mais en tant que citoyen, je suis dans l’interrogation profonde, parce que ce n’est pas le sens de l’Histoire, il y a une Assemblée nationale issue du suffrage universel direct, qui peut être amendée, contrôlée, par l’autre chambre, et là on renverse la logique des institutions ».

Sur l’examen du texte au Sénat, le président du groupe socialiste au Sénat assure vouloir « se battre » pour essayer « de porter des amendements qui ont été dégagés et votés à l’Assemblée nationale », évoquant notamment la pérennisation de la taxe sur les revenus des contribuables les plus aisés et des entreprises ».

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