Vous avez un nouveau message : « Les enseignements de spécialité ne seront pas évalués au travers d’épreuves au mois de mars mais sur la base des moyennes des trois trimestres de Terminale de ces enseignements ». Voilà ce qu’ont pu lire des milliers de profs et de proviseurs jeudi soir sur leurs boîtes mails. La pression était sans doute devenue trop forte pour Jean-Michel Blanquer : en raison de la crise sanitaire, toutes les organisations syndicales enseignantes demandaient, soit le report de ces épreuves au mois de juin, soit le recours au contrôle continu.
C’est donc cette dernière option qui a été retenue. « Il vaut mieux le dire maintenant que dans trois semaines. A travers les annonces du ministre de l’Éducation, on devine la volonté du gouvernement de donner de la visibilité et de ne pas prendre le système éducatif par surprise », juge Laurent Lafon (UC), président de la commission de la culture du Sénat. En pratique, ce sont les moyennes des deux premiers trimestres de chaque enseignement de spécialité qui seront prises en compte cette année dans Parcoursup. 540 000 candidats des filières générale et technologique, sont concernés. « Il faut éviter de trop perturber l’année scolaire. Un report des épreuves de spécialité en juin aurait provoqué une modification du rythme des enseignements », ajoute Laurent Lafon (UC).
Une annonce qui pose des questions
Si elle ne remet pas en cause cette annulation, Laure Darcos (LR) interroge sa forme. « Il n’y a pas eu d’annonce solennelle. Une décision aussi importante se sacralise, elle ne se fait pas au détour d’un courrier. » D’autant plus que quelques heures plus tard, Jean-Michel Blanquer a réaffirmé sur RTL le maintien des vacances de février aux dates convenues. « C’est un peu contradictoire. D’un côté, on nous dit que les épreuves ne peuvent pas se tenir normalement en mars, et de l’autre, on refuse d’étirer les vacances de février, alors même que cela aurait permis d’endiguer la circulation du virus. Est-ce que le gouvernement dispose d’informations que nous n’avons pas ? », s’interroge la sénatrice de l’Essonne.
Certains élus ont l’impression que l’on prépare ainsi les esprits à un troisième confinement. Et même à une pérennisation du dispositif de contrôle continu. « Le bac ça coûte cher à organiser. Passer définitivement au contrôle continu et supprimer les épreuves nationales à un avantage : cela permet de ne pas mobiliser des professeurs supplémentaires pour corriger les copies », analyse Pierre Ouzoulias (PC), qui comprend néanmoins les raisons ayant présidé au report des épreuves de mars.
Le spectre d’un « bac local »
Le recours au contrôle continu relance donc les débats autour de l’équité de la réforme du baccalauréat. « Cette année encore, les notations en contrôle continu ne se feront pas sur la base des mêmes critères d’un établissement à l’autre. Dans certains lycées, les évaluations seront plus généreuses que dans d’autres », regrette Laure Darcos (LR). L’année dernière, alors que l’ensemble des épreuves avaient été annulées au bénéfice du contrôle continu, le taux de réussite en filière générale avait atteint des records (98,4 %). En réponse aux craintes d’un « bac local », Jean-Michel Blanquer a assuré dans son courrier qu’un « cadre robuste » sera établi pour « objectiver les résultats » des élèves.