C’est une première dans son histoire. L'édition 2021 du salon de l'Agriculture est annulée en raison de l’épidémie de coronavirus, ont indiqué mercredi soir les organisateurs à l’AFP. Elle devait se tenir à Paris du 27 février au 7 mars. « Il est de notre responsabilité (...) de dire le plus en amont possible notre décision, qui est de reporter à l'année suivante le salon de l'Agriculture, tout en maintenant à Paris et dans différentes villes des événements dont les agriculteurs ont besoin » pendant cette semaine-là, a déclaré Jean-Luc Poulain, le président du Centre national des concours et expositions agricoles (Ceneca), propriétaire du salon.
Le salon de l'Agriculture , le plus gros salon en France, s'était tenu in extremis début 2020 juste avant le début du confinement lié à l'épidémie. Il avait accueilli 540 000 visiteurs contre 650 000 les années précédentes.
« C’est une décision difficile mais lucide sur les incertitudes sanitaires qui pèsent sur le pays. J’en mesure la tristesse et le traumatisme pour le monde rural. J’en connais le prix économique aussi, ainsi que la frustration pour les citadins. Mais il faut des actes et des décisions fermes pour lutter » contre le Covid-19, réagit François Patriat auprès de publicsenat.fr Le président du groupe rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants est un habitué du salon de l’Agriculture, avec une quarantaine de venues, en tant que « fils d’éleveur » et élu, dont trois avec des présidents de la République.
La crainte d’une « fracture supplémentaire » entre le monde urbain et agricole
« J’accueille cette décision avec beaucoup de déception et de tristesse mais je la comprends. Il y a une telle incertitude que l’on ne peut pas prendre le risque de l’annuler 15 jours auparavant », abonde à publicsenat.fr le sénateur UDI de la Meuse Franck Menonville, membre du groupe les Indépendants - République et Territoires. Lui aussi est un habitué du salon de l’Agriculture. Et pour cause : ce céréalier de profession a son exploitation à cheval entre la Meuse et la Marne.
« Je peux le comprendre en raison de la crise sanitaire et parce que l’on préfère prévenir en amont plutôt que d’attendre le dernier moment pour annuler », estime également auprès de publicsenat.fr le sénateur Les Républicains de la Haute-Loire Laurent Duplomb, lui aussi agriculteur de profession et habitué de ce rendez-vous annuel. Mais il trouve en même temps « dommage » que cet événement ne soit pas maintenu dans la mesure où il aurait pu selon lui être l’occasion de « remercier tous ceux qui ont continué à travailler pendant la crise sanitaire », comme les agriculteurs et les salariés du secteur agroalimentaire.
Jean Bizet rappelle que ce rendez-vous populaire est « l’occasion de rapprocher les populations urbaines des campagnes » et de faire connaître « la réalité du monde agricole et la réalité de notre alimentation ». « C’est un rendez-vous exceptionnel. Il fait office de rencontre entre le monde agricole et le monde urbain. Il y a déjà une fracture, avec deux mondes qui ne se connaissent plus. En annulant, cela va être une fracture supplémentaire », craint le sénateur LR de la Manche, joint par publicsenat.fr. « Très ennuyé et amer » par cette annulation, Jean Bizet, qui a « fait ses premières armes d’étudiant vétérinaire » au salon de l’Agriculture , redoute également qu’elle entraîne « une démotivation et un renfermement » du monde agricole.
Certains évènements sont toutefois maintenus, à ce stade. Le concours général, qui juge chaque année environ 12 000 produits agricoles et alimentaires français, des miels aux vins, et dont les finales se tiennent pendant la durée du salon, sera maintenu avec l'accord du ministère de l'Agriculture, et pourrait se tenir dans différentes villes de province. Par ailleurs se tiendront également à Paris un ou plusieurs débats sur l'évolution de l'agriculture et de l'alimentation, vraisemblablement autour du thème de la souveraineté alimentaire. Franck Menonville propose de tenir du 27 février au 7 mars prochain « une semaine de l’agriculture » dans chaque département, avec des « événements divers et variés en lien avec l’alimentation ». En déconcentrant ces événements sur tout le territoire, le lien avec le milieu agricole pourrait être « maintenu », espère le sénateur.