Anticor veut relancer une enquête où apparaît Thierry Breton

Anticor veut relancer une enquête où apparaît Thierry Breton

Anticor tente depuis septembre de relancer les investigations sur des marchés publics concernant des radars automatiques...
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Anticor tente depuis septembre de relancer les investigations sur des marchés publics concernant des radars automatiques remportés par Atos, dont l'actuel PDG Thierry Breton a été proposé jeudi par la France à la Commission européenne, a-t-on appris vendredi auprès de l'association.

Après une première plainte fin 2015, une enquête préliminaire pour "favoritisme" et "prise illégale d'intérêts" a été ouverte le 29 mars 2016 par le parquet national financier (PNF).

Estimant qu'elle n'a pas eu de suite à ce jour, Anticor souhaite désormais obtenir la désignation d'un juge d'instruction grâce à cette nouvelle plainte contre X avec constitution de partie civile, révélée par le site Reflets.info.

Cette dernière a été déposée le 26 septembre, selon l'avocat de l'association anticorruption Jérôme Karsenti, donc avant que le nom de Thierry Breton ne soit proposé pour devenir commissaire européen avec un vaste portefeuille (politique industrielle, marché intérieur, numérique, défense et espace).

Le PNF a confirmé avoir été saisi le 17 octobre par le magistrat instructeur, afin de prendre ses réquisitions, tout en précisant que sa propre enquête préliminaire était toujours en cours.

Anticor soupçonne Atos, spécialisée dans les services numériques, et Morpho (ex-Sagem), à l'époque l'une des filiales du groupe Safran, d'avoir été favorisées dans les attributions de marchés publics et souligne le passé politique de plusieurs de leurs dirigeants comme ayant pu "influer sur la signature des contrats".

Avant de rejoindre la direction d'Atos fin 2008, M. Breton a été ministre de l'Economie de 2005 à 2007 et le directeur général adjoint de la société, Gilles Grapinet fut son directeur de cabinet à Bercy. Francis Mer, ministre des Finances de 2002 à 2004, est devenu président du conseil de surveillance du groupe Safran en 2007, puis vice-président du conseil d'administration de 2011 à 2013.

Anticor fonde sa plainte sur un rapport de l'Inspection générale de l'administration (IGA) de mars 2014, qui relevait notamment des délais "intenables" pour une réelle mise en concurrence.

"Cette nouvelle plainte est une épreuve de rattrapage, qui montre bien que la plainte initiale était totalement infondée. Nous avons déposé plusieurs notes auprès du PNF pour démontrer depuis 2016 la fausseté des accusations", a réagi auprès de l'AFP Olivier Baratelli, avocat d'Atos et de Thierry Breton.

Pour l'avocat d'Anticor, "ces contrats, qui portent sur des millions d'euros d'argent public, ont été passés dans des conditions très suspectes, dénoncées par l'IGA. Après leur passage au ministère, MM. Breton et Mer ont été recasés chez Atos et Safran, il y a donc des soupçons de +prise illégale d'intérêt+", a déclaré Me Karsenti à l'AFP.

"Qu'on ne vienne pas nous dire qu'on souffle sur les braises de l'actualité: face au silence du parquet et l'absence d'investigation, nous avons décidé de saisir un juge indépendant", a-t-il justifié.

Interrogé sur le risque que cette procédure puisse compromettre la validation de la candidature de Thierry Breton à la Commission européenne, le président du groupe LREM à l'Assemblée nationale, Gilles Le Gendre a estimé pour sa part que "les plaintes sont absolument légitimes".

"Mais bloquer les systèmes de nomination, le fonctionnement de l'Etat ou le fonctionnement de l'Europe à l'initiative d'une seule association qui a décidé de mettre une sorte de plainte sur la tête de X ou de Y, ça ne peut pas fonctionner comme ça", a-t-il ajouté sur franceinfo.

Dans la même thématique

Paris: Weekly session of questions to the government at the Senate
10min

Politique

Nouveau texte immigration : face à une majorité divisée, Bruno Retailleau prêt à jouer l’opinion

Moins d’un an après le précédent projet de loi, le gouvernement va porter un nouveau texte sur l’immigration. L’idée est de reprendre « les articles censurés par le Conseil constitutionnel », selon l’entourage du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Mais chez les députés Renaissance, on prédit un groupe coupé en deux sur le sujet. « On sait qu’aucun texte ne passera sans l’accord du RN », pointe le sénateur écologiste Guy Benarroche.

Le

Paris : Weekly council of ministers
6min

Politique

Immigration : quelles dispositions censurées pourraient revenir dans le nouveau texte ?

Le gouvernement a annoncé l’examen d’un nouveau texte sur l’immigration dès le début de l’année 2025. Il y a à peine un an, la droite sénatoriale menée par Bruno Retailleau avait vu ses amendements au précédent texte largement censurés par le Conseil constitutionnel au motif de cavaliers législatifs. Ces dispositions pourraient réapparaître.

Le

Anticor veut relancer une enquête où apparaît Thierry Breton
3min

Politique

Nouvelle loi immigration : Jean-Philippe Tanguy (RN) souhaite une « régularisation zéro des clandestins »

Invité de la matinale de Public Sénat, le député de la Somme, Jean-Philippe Tanguy a expliqué la position de son groupe sur la proposition du gouvernement de présenter un nouveau texte sur l’immigration au début de l’année 2025. Le député de la commission des finances a également détaillé la position de son groupe sur le vote du budget, sans évoquer précisément les amendements que son groupe défendra.

Le

Anticor veut relancer une enquête où apparaît Thierry Breton
5min

Politique

Budget : « C’est un semblant de justice fiscale, mais en réalité, ce sont les plus pauvres qui vont trinquer », selon le député PS Arthur Delaporte

Invités à débattre du budget 2025 sur Parlement hebdo, le rapporteur LR de la commission des finances du Sénat, Jean-François Husson, et le député PS Arthur Delaporte, s’opposent sur le sujet. « Il faudra bien faire des efforts », défend le sénateur LR, quand le socialiste dénonce « un effort incommensurable ».

Le