La situation sanitaire est « extrêmement grave » aux Antilles. Avec ces mots, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu tente d’alerter sur le tournant que prend la crise sanitaire en Martinique et en Guadeloupe. La Martinique est passée de 410 cas le 6 juillet à 4.171 la première semaine d’août, et 35 décès. En quatre semaines, 350 personnes ont été hospitalisées. En Guadeloupe voisine, les chiffres explosent aussi. Du 2 au 8 août, le taux d’incidence atteignait 1.769 pour 100.000 habitants, contre 876 la semaine précédente. Sur cette même période, 14 personnes sont décédées, et le variant Delta représente 88 % des contaminations.
La raison invoquée ? Le taux de vaccination y est plus faible qu’en métropole. « Ce n’est pas étonnant, lâche Victoire Jasmin, sénatrice socialiste de Guadeloupe. Nous n’avons pas eu la même offre vaccinale qu’en métropole. C’est simple, certains vaccins ne sont pas disponibles ici. »
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Le ministre Sébastien Lecornu revient sur la situation sur place dans un entretien accordé à l’AFP.
Quelle est la situation de la crise sanitaire actuellement aux Antilles ?
Sébastien Lecornu : « Elle est extrêmement grave. Ce sont des taux d’incidence que l’on n’a jamais connus dans ces territoires, mais aussi dans tous les territoires de la République confondus. Le taux d’incidence à la Guadeloupe hier soir était de plus 1.700 cas pour 100.000 habitants, celui de la Martinique était de 1.165. Et puis, évidemment, il y a le nombre de décès chaque jour qui marque la gravité et la violence de cette vague. L’explication est assez simple : le variant delta est plus contagieux et s’abat sur une population qui n’est pas suffisamment protégée. Il faut aussi rappeler que la population des Antilles est parfois âgée, donc plus fragile et présentant des difficultés respiratoires ou autres plus graves que dans d’autres territoires. »
Après la Martinique, un durcissement du confinement en Guadeloupe est-il probable ?
« J’aurai l’occasion dès mon arrivée aujourd’hui de concerter l’ensemble des élus. Car à chaque fois que nous prenons ce genre de décision nous le faisons avec les autorités locales. Mais il tombe sous le sens que nous allons devoir évidemment durcir les mesures de freinage tant il y a urgence. Le principal objectif est de permettre aux structures hospitalières de tenir. Là on est pendant la gestion de crise et il n’y a que deux choses à faire. La première est de permettre aux structures de soin de faire face. Je ne pars d’ailleurs pas seul, mais avec 270 soignants de l’Hexagone qui vont venir renforcer deux CHU et deux territoires, ainsi que 60 pompiers qui permettront de soulager les structures de soin. La deuxième est le respect des mesures de freinage. Sans elles, l’épidémie va continuer de circuler et nous ne saurons pas faire face dans les structures hospitalières. La grande majorité de la population respecte le confinement. Notre devoir collectif est de protéger nos concitoyens. »
Y aura-t-il un soutien économique pour l’économie locale, notamment pour le secteur touristique ?
« La solidarité nationale s’exprime sur le terrain sanitaire, mais aussi sur le terrain économique et social. C’est pour cela que des mesures d’urgence sont à nouveau mises en œuvre : le fonds de solidarité, le chômage partiel qui vont soutenir les secteurs les plus exposés, notamment l’hôtellerie, la restauration, le secteur touristique ou encore le transport aérien et maritime. Nous sommes en soutien, mais cela n’évite pas la question de comment ne pas revivre cette situation en octobre ou en décembre, un autre moment important pour l’économie touristique. Cela pose évidemment la question de la vaccination qui est la seule solution que nous avons sur la table pour protéger au mieux les populations et éviter ce type de confinement. »