Après 6 mois de réformes intenses, des députés LREM montrent des signes de lassitude et frustration
Après six mois de réformes intenses et un marathon budgétaire dense, certains députés LREM montrent des signes de fatigue et...

Après 6 mois de réformes intenses, des députés LREM montrent des signes de lassitude et frustration

Après six mois de réformes intenses et un marathon budgétaire dense, certains députés LREM montrent des signes de fatigue et...
Public Sénat

Par Charlotte HILL

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Après six mois de réformes intenses et un marathon budgétaire dense, certains députés LREM montrent des signes de fatigue et parfois de la "frustration" face à une procédure parlementaire qui n'avance pas assez vite à leurs yeux.

"Un rythme de dingue": telle est la formule d'un élu de la majorité pour décrire les travaux depuis juin. "Ca n'arrête jamais", renchérit un autre, selon lequel les huissiers de l'Assemblée "n'ont jamais connu ça".

Si beaucoup saluent le travail accompli et estiment qu'ils "cartonnent", apparaissent aussi des signes de fatigue, liées notamment aux séances de nuit, dont 30 achevées après 1 heure du matin.

"J'en peux plus (…) j'ai mal au dos, je suis coincé", a ainsi récemment dit dans l'hémicycle le rapporteur général au Budget, Joël Giraud, député chevronné, demandant à s'exprimer exceptionnellement assis.

Mi-novembre, lors des débats sur les crédits de la Santé, Mireille Clapot a aussi demandé sur Twitter: "à quand des horaires humains?". "5h de sommeil pendant plusieurs nuits d'affilée, c'est nuisible à la santé des députés", a-t-elle dit. Sa sortie a valu à l'élue LREM des critiques d'internautes jugeant parfois ses propos "indécents".

Sans vouloir "faire pleurer dans les chaumières", une députée d'expérience observe que "les gens qui travaillent de nuit ont un temps de récupération derrière", alors que certains députés enchaînent avec "le week-end en circonscription" et repartent le lundi "pas reposés".

Mais être fatigué en veillant "jusqu'à 2h du matin 4 nuits par semaine", "ce n'est pas synonyme de lassitude!", assure à l’AFP un élu LREM.

Selon une source parlementaire, ce serait moins l'accumulation des textes qui fatiguerait les députés, que "la frustration" vis à vis de la procédure. Pour ces élus, issus en bonne partie de la société civile, "le sentiment de redire les mêmes choses en séance qu'en commission" est "une vraie souffrance", affirment certains dans la majorité.

- Pas "un travail pépère" -

"Un blues touche tous les jeunes députés, quelle que soit leur étiquette politique. Ils ont voulu entrer à l’Assemblée, considérant que c’était le Saint Graal, et se rendent compte que c’est une machine extrêmement rigide", dit une LREM.

"Une centaine de LREM dépriment, doutent. Ils cherchent leur utilité", ajoute un autre, et sont notamment "dans l'attente" de responsabilités.

"Les parlementaires ont l’impression de ne pas avoir le temps de réfléchir", a dit dans la presse Pierre Person (LREM). Julien Dive (LR) lui a répliqué sur Twitter: "En Marche trop vite c'est ça ? À moins que ce ne soit la désillusion de ce qu'ils considéraient comme un travail pépère...".

A plusieurs reprises, des élus de la majorité ont aussi déploré "l'obstruction" de l’opposition. Frédéric Descrozaille a ainsi reproché la semaine dernière à la gauche de la gauche de "faire perdre du temps", lors des débats sur les ordonnances. Des propos dénoncés à droite comme à gauche, car "c'est la chance de notre démocratie de pouvoir débattre".

Pour l'hémicycle, les LREM font des rotations, avec pour chaque texte, une sorte de cellule réaction avec un chef de file et "7-8 députés" communiquant via Telegram, rapporte un élu.

Une dizaine d’entre eux ont aussi pris une initiative pour une "solidarité" accrue, notamment pour apporter un soutien quand "des collègues éprouvent des difficultés", selon Pacôme Rupin.

Leur cellule "Care", "en cours de construction", rassemble "des gens qui cherchent à mettre de l'huile, à être attentifs aux uns et aux autres", dit Laurent Pietraszewski (LREM), issu des ressources humaines. C'est ainsi "un petit clin d'œil" à une collègue ayant accouché ou le remplacement d'un collègue "dont un enfant serait malade".

Des élus d'opposition n'ont pas manqué de railler une "cellule psychologique" pour "députés surmenés", comme le communiste Sébastien Jumel. Ce dernier a plaidé un soir peu avant 1 heure du matin pour qu’elle se réunisse afin de "s'assurer que tout le monde est opérationnel". Sa sortie a suscité des rires à la gauche de l’hémicycle.

parl-chl/ic/mat/DS

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